Après trois mois de confinement, l’arrêt de toutes les compétitions ont bouleversé le quotidien et les objectifs des sportifs. Pas une discipline n’y a échappé. Le retour à la normalité s’effectue de manière inégale. Nous nous sommes penchés sur 3 disciplines.
Les sportifs ne pas tous logés à même enseigne. Avantage certain pour tous ceux dont la pratique est individualisée, et en plein air.
Le cas d’Eddie Potdevin, licencié au Charleville-Mézières Canoë Kayak, membre de l’équipe de France Olympique et Paralympique. "A partir du 26 mars, pendant cinquante jours, j’ai fait de la musculation et du CrossFfit. Le retour à l’eau s’est effectué dès l’annonce officielle du déconfinement, le 11 mai". Et le protocole sanitaire n’est pas un souci en soi, quand on a la chance, comme Eddie, d’avoir son propre bateau.
Il a ce qu’il faut, à bord de son camion pour se laver et se changer , car pour l’instant, il est interdit d’utiliser les sanitaires de la base nautique. Eddie Potdevin pratique en solo, le protocole n’autorise pas, pour l’instant, la pratique en équipage.
Les entrainements ont repris mais le calendrier a été bouleversé par l’état d’urgence sanitaire. Alors Eddie continue, "comme si de rien n’était, comme s' il y avait les Jeux". Il disputera les championnats de France les 12 et 13 juillet à Mantes-la-Jolie. Les championnats du monde, prévus au mois de mai, ont été annulés, remplacés par une coupe du monde, en Hongrie, le 28 septembre prochain. Les championnats d’Europe, prévus en juin, dans un premier temps annulés, ont été reportés à octobre. Et puis, report d’un an pour les Jeux Olympiques.
"Si j’avais 20 ans de moins, je foncerais"
Eddie n’avait pas prévu ce scénario. "J’aurai 40 ans dans quelques jours. Je voulais raccrocher après Tokyo. J’avais prévu de revenir dans les affaires, l'immobilier. Tout est repoussé d’une an. Voire même deux, puisque j’avais planifié de reprendre mon activité professionnelle au mois de janvier". Cela fait deux ans et demi qu’il a tout mis entre parenthèses pour se consacrer entièrement au sport de haut niveau.Si j’avais 20 ans de moins, je foncerais. Mais ce n’est pas évident quand vous avez 40 ans et une famille. Il y a des choses qu’on ne peut plus faire sans réfléchir. Mon objectif est de ramener le plus de médailles possible. Ca dépendra des propositions de la fédération de Canoé Kayak.
Reprise en plein air pour le RCB
Au Reims Champagne Basket, la première préoccupation de l’équipe dirigeante, a été de trouver des terrains en extérieur, en attendant la réouverture des gymnases. Les entrainements ont donc repris le 15 juin dernier, au Parc de Champagne, pour toutes les catégories. "Trois mois d’arrêt, c’est long". Pour Bégues Djopmo, présidente du club et mère de 3 basketteurs, "nous voulons éviter de faire des malheureux; il y a un risque de perdre des effectifs. Et puis, il est important de se revoir, de garder le lien social".
Sur le plan purement sportif, pour les plus jeunes, il y aura plusieurs phases. La première, en cours, est de travailler par groupe de 9, maximum. Chacun son gel, sa bouteille et son ballon. Priorité aux gestes techniques, en attendants de pouvoir reprendre le jeux.
Pour les plus grands, les séniors de National 3, c’est lavage des mains au gel hydroalcolique et prise de température obligatoire avant chaque séance.
La saison a été écourtée, soit. Dans les têtes, tous se projettent déjà sur la prochaine.
Les boxeurs attendent leur tour
Situation plus compliquée pour les pratiquant de sport de contact. Au CRAM, Cercle Rémois des Arts Martiaux, 280 licenciés, la salle est encore fermée. Toujours pas d’autorisation de reprise officielle. Il s’agit de trouver des solutions pour la pratique individualisée. Selon Christophe Lartisien, directeur sportif du CRAM, "la piste, en extérieur , n’est pas écartée; on compte beaucoup sur le retour du beau temps. Il y a aussi le travail au sac". Pour l’instant, chacun s’entraine de son côté.Le groupe ne s’est pas vu depuis longtemps. Il y a bien ce lien vidéo d’exercices physiques, envoyé sur le site du club, pendant le confinement. Mais rien ne remplace les entrainements en salle, avec un coach et des partenaires.Autre sujet d’inquiétude pour Christophe Lartisien. Les activités découvertes proposées, par le club, pendant l’été. Leur reprise reste suspendue aux décisions du ministère de tutelle. « Si le 10 juillet, il n’est toujours pas possible de pratiquer, ça va fermer des portes ".
En absence de championnat, trouver d’autres moyens de détection
Christophe Lartisien, 10 fois champion du monde de full contact, est l’entraîneur des équipes de France de Kick Boxing et responsable des formations, dans le Grand Est.
"Les championnats de France ont été annulés. Reste à trouver un autre moyen de détection. L’idée a bien été émise de regrouper les champions de ligues, d’organiser des combats, de faire des sélections et ensuite d’organiser des stages. Mais cela fait beaucoup de monde et des niveaux très inégaux départager. Tout cela est encore en discussion. Mais aucune date n’a encore été avancée. Et pour cause, il n’est toujours pas possible de boxer".
Deux grands rendez-vous attendent les tricolores de kick boxing. Les championnats du monde juniors, repoussés octobre prochain et les championnats d’Europe séniors, en décembre. "Nous sommes sensés nous préparer pendant l’été. On ne peut pas imaginer avoir des sportifs compétitifs et des résultats, sans mettre de gant pendant 6 mois. Mais nous ne sommes pas seuls. C’est aussi le cas des autres fédérations dans le monde".