L'expérimentation des "salles de shoot", ou salles de consommation à moindre risque (SCMR) va pouvoir officiellement démarrer après un arrêté publié vendredi au Journal Officiel. Des expérimentations devraient démarrer assez rapidement à Paris et à Strasbourg.
"L'arrêté publié aujourd'hui fixe les modalités concrètes (présence du matériel médical, horaires d'ouverture, déroulement de la consultation d'accueil, etc) que devront respecter les associations porteuses de projets de SCMR, en lien avec les collectivités locales", précise le ministère de la santé dans un communiqué.
Le principe de l'expérimentation des salles de shoot figure dans la loi santé adoptée en décembre dernier par le Parlement. Des expérimentations d'une durée de six ans doivent démarrer assez rapidement à Paris et à Strasbourg. Elles pourraient s'étendre par la suite à d'autres villes. "Il ne s'agit en aucun cas de banaliser la consommation de drogues. Mais fermer les yeux face à une telle réalité sociale et sanitaire ne fera pas disparaître le problème. La France fait donc le choix d'inclure plutôt que d'exclure. D'accompagner, plutôt que de stigmatiser", souligne la ministre de la santé Marisol Touraine.
A Strasbourg, la salle devrait être située dans l'enceinte de l'hôpital civil. Sa gestion sera confiée à l'association Ithaque qui accueille depuis vingt ans les personnes dépendantes à la drogue.
Avec le lancement de cette expérimentation, la France rejoint les nombreux pays (Allemagne, Australie, Canada, Espagne, Danemark, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas et Suisse) où de tels espaces ont fait la preuve de leur efficacité ces dernières années. "L'expérience étrangère a en effet montre que les SCMR permettent aux usagers de recevoir des conseils spécifiques, induisant ainsi une diminution des comportements à risque, des overdoses mortelles et parfois même l'accompagnement vers des traitements de substitution", note le communiqué.
Interrogée sur les inquiétudes des riverains, Mme Touraine a indiqué dans une interview au Parisien que des "échanges" devaient avoir lieu et que "toutes les informations" leur seraient apportées. "Il faut savoir qu'il n'y aura pas de salle sans convention passée avec, notamment, les services de police, de voirie et l'autorité judiciaire", précise-t-elle.
Les "salles de shoot" seront réservées aux toxicomanes majeurs qui bénéficieront de "conditions d'injection sécurisée et de matériel stérile" et pourront avoir des contacts avec des professionnels de santé, précise le ministère.