L'association 40 millions d'automobilistes a mené du 26 novembre 2015 au 1er mars 2016 une opération participative de recensement sur internet des routes les plus abîmées, qui a abouti à 31.186 signalements dans 89 des 101 départements français.
L'association a appelé vendredi l'État à "assumer sa part de responsabilité" dans la sécurité routière en assurant un meilleur entretien des routes et des infrastructures alentours, "trop fortement dégradées" actuellement. Elle réclame notamment une mission parlementaire sur l'état du réseau routier. Chaussée fissurée ou déformée, accotements instables, signalisation manquante ou effacée, glissières de sécurité absentes.
Dans le Bas-Rhin
Rue du Port du Rhin, Strasbourg –signalée par Luc M. « Effondrements, déformations en axe et perpendiculaires à la voie, bosses et creux sur les traversées de rails. »
Route de Forstheim, Haguenau – signalée par Caroline S. « Petite route de campagne étroite et en très mauvais état, pleine de nids-de-poule. »
Rue des chasseurs, Schiltigheim – signalée par Rudolph R. « Route défoncée, absence de trottoir, dos d’âne affaissés... Route très dangereuse, fréquentée par de
nombreux enfants sur le chemin de l’école. »
Dans le Haut-Rhin
D466, Guewenheim –signalée par Basile P. « La chaussée est bordée d’arbres. La route a connu pas mal d’accidents, dont plusieurs mortels ces dernières années. La mise en place de glissières de sécurité devant les arbres permettrait de limiter la mortalité sur cette portion. »
Rue du château-fort, Soultz – signalée par Philippe F. « L’intégralité de la rue est dans un état de délabrement avancé : nids-de-poule, bosses, trous. Les véhicules et
la sécurité sont mis à rude épreuve sur cet axe très fréquenté. Des solutions urgentes sont à mettre en place ! »
Route d’Ingersheim, Colmar – signalée par Sofian H. « Entre la Comédie de l’Est et l’Intermarché, il y a deux feux à 100 m d’écart, et il arrive que l’on doive attendre 5 ou 6 minutes pour pouvoir passer outre ces deux feux. C’est très dérangeant. »
"Le résultat n'est hélas pas surprenant. Depuis plusieurs années se profile une dégradation lente et inévitable" en raison notamment d'une baisse de 27% par an depuis 2011 des crédits accordés pour l'entretien courant par l'État et les collectivités, explique son délégué général, Pierre Chasseray. "Il faut que chacun assume sa responsabilité. Les pouvoirs publics se réfugient trop souvent derrière l'argument du "On ne savait pas". On va envoyer ces signalements à tous les élus. Maintenant, ils ne pourront pas dire qu'ils ne savaient pas", ajoute-t-il. "Si un accident mortel se passe sur une de ces routes (recensées), on se portera partie civile", assure-t-il.
"Ce réseau est une vraie richesse, en termes économiques et pour désenclaver des régions. Les pouvoirs publics ne l'entretiennent pas en pensant faire des économies, mais ce qui coûterait un euro à faire aujourd'hui coûtera jusqu'à 10 euros dans quelques années. Ne rien faire, c'est faire payer la facture à nos enfants, en termes d'argent et aussi de vies humaines", affirme-t-il. Selon les données de la Sécurité routière, 1.278 personnes sont notamment mortes en 2015 après avoir heurté un obstacle fixe (arbre, poteau, mur, trottoir, fossé, talus, glissière...), soit 37% de la mortalité routière de l'année.
Avec 1.073.468 kilomètres de routes en 2014, la France possède le plus important réseau d'Europe : 2.609 kilomètres d'autoroutes non concédées (pour 8.951 kilomètres sous concession) et 9.645 kilomètres de routes nationales sont sous gestion de l'État, 378.973 kilomètres de départementales à la charge des conseils départementaux et 673.290 kilomètres de voies communales et chemins ruraux relèvent des communes. Le réseau routier sert au transport de 88% des voyageurs et 84% du fret, selon l'Union des syndicats de l'industrie routière française (Usirf).