"Ton fils est mort en martyr avec ses frères le 13 novembre." Ce SMS, envoyé de Syrie par la femme de Foued Mohamed-Aggad à la mère de ce dernier, a permis de remonter la piste du troisième kamikaze du Bataclan, selon l'avocate de la famille.
Foued Mohamed-Aggad, un Alsacien de 23 ans originaire de Wissembourg, était parti en Syrie, comme les deux autres assaillants du Bataclan, Omar Ismaïl Mostefaï et Samy Amimour. Il s'y était rendu fin 2013 avec son frère et huit amis du quartier sensible de la Meinau à Strasbourg. Parmi ces dix jeunes, les frères Mourad et Yassine Boudjellal sont morts sur place dans les rangs du groupe jihadiste Etat islamique (EI) et sept sont rentrés en France où ils ont été interpellés en mai 2014.
Seul Foued Mohamed-Aggad était resté sur place. "Son frère a voulu rentrer car il dit ne plus avoir supporté la situation là-bas. Foued disait en revanche à sa mère qu'il était très heureux. Il s'était marié et venait d'avoir un enfant", a raconté Me Cotta. "Pour lui, il n'était pas question de rentrer en France. Il disait vouloir mourir en kamikaze en Irak. La famille n'a plus eu de nouvelles depuis le mois d'août", a-t-elle ajouté.
Le jihadiste faisait, selon une source judiciaire, l'objet d'une fiche S pour radicalisation et d'une notice bleue d'Interpol, c'est-à-dire une demande d'information sur la localisation, l'identité, l'origine ou les activités de personnes pouvant présenter un intérêt pour une enquête. Parti de Strasbourg en décembre 2013, il est donc rentré en Europe clandestinement, peut-être avec de faux papiers, faute de quoi ces fiches auraient fait qu'il aurait été repéré.
Le père du dernier kamikaze du Bataclan aurait "tué" son fils s'il avait su ce qu'il préparait
Le père de Foued Mohamed-Aggad, le dernier kamikaze du Bataclan, ignorait jusqu'à mercredi que son fils comptait parmi les auteurs des attentats de Paris, assurant qu'il l'aurait "tué avant" s'il avait su ce qu'il préparait, a-t-il confié à des journalistes, dont l'AFP. "Bien sûr que je suis surpris", a dit Saïd Mohamed-Aggad à des journalistes devant son domicile de Bischheim, en banlieue de Strasbourg, confiantque, s'il avait imaginé plus tôt que son fils allait être impliqué dans les attentats, "je l'aurais tué avant".
"Je l'ai appris comme vous, depuis minuit. Je savais qu'il était parti en Syrie, depuis deux ans, mais pas qu'il était revenu", a affirmé M. Mohamed-Aggad. "La dernière fois que je l'ai vu, c'était il y a deux ans, quand il est parti. J'ai pas de mots, je l'ai appris ce matin, il faut que je m'en remette", a ajouté le père.
Saïd Mohamed-Aggad raconte que, lors de ses contacts téléphoniques depuis la Syrie, son fils Foued disait simplement "ça va, ça va", mais ne parlait pas de son engagement jihadiste. "Je lui ai dit +reviens+, il a dit +non+. Qu'est-ce que vous voulez que je fasse?" Jusqu'à son départ pour la Syrie fin 2013, Foued Mohamed-Aggad, 23 ans, habitait avec sa mère, ses parents ayant divorcé depuis des années, a précisé son père aux journalistes. Selon un ancien voisin, Christian, le jeune homme vivait à Wissembourg avec ses deux soeurs et son frère au domicile de la mère.