La saison des plantations s'étire de novembre à mars. Ces-jours-ci, un peu partout en Alsace, des chantiers organisés par l'association Haies vives d'Alsace, vont permettre le retour dans le paysage de milliers d'arbres fruitiers et de haies.
Jean-Claude Buecher n'en revient pas. Ce viticulteur à la retraite regarde d'un air amusé son fils Franck planter des arbres entre les rangées de vignes sur les hauteurs de Walbach à l'entrée de la vallée de Munster. "J'ai planté cette parcelle d'Auxerrois il y a 40 ans. Aujourd'hui, mon fils arrache des pieds de vigne pour planter des arbres! Mais c'est bien, c'est le chemin qu'il faut prendre". Jean-Claude a confié l'exploitation familiale à Franck il y a quelques années, après son retour de Nouvelle-Zélande où il était allé faire un stage de viticulture. "Quand il est rentré, poursuit le père, Franck m'a dit qu'il fallait arrêter les produits, qu'il fallait faire autrement. Au début, j'étais pas chaud, mais il a raison". L'année de son retour en France, Franck Buecher savait ce qu'il ne voulait pas faire. L'industrialisation de la vigne et l'utilisation de produits toxiques pour l'homme, le rebutaient profondément. Il a décidé d'engager le vignoble familial dans la voie de la biodynamie.
"L'été dernier, un salarié de l'association Haies vives d'Alsace est venu faire les vendanges chez nous, poursuit Franck Buecher. C'est lui qui m'a convaincu de replanter des haies. Sur cette parcelle par exemple, exposée Sud-Est, les vignes chauffent et le vent assèche le sol. En plantant des haies, on redonne de l'ombre aux vignes et on ramène de la matière organique dans le sol. Je vais également planter des arbres fruitiers; cerisiers, pommiers, poiriers...On reconstitue ainsi une biodiversité qui existait autrefois. Et en même temps, je vais assurer une production de pommes pour faire du cidre par exemple et je vais avoir des fruits pour faire du schnaps, pour ma retraite!", dit-il en rigolant.
Gaëtan Puglisi est le technicien qui a su convaincre Franck Buecher. Salarié de l'association Haies vives d'Alsace, il multiplie les chantiers partout dans la région. "Les plants sont adaptés au sol, ils sont originaires d'ici et poussent un peu partout à l'état sauvage. C'est un gage de réussite de la plantation", explique-t-il.
Tout l'hiver, les chantiers vont se multiplier chez des viticulteurs, des agriculteurs et des particuliers. L'objectif de l'association est de recréer 30 kilomètres de haies dans les deux prochaines années. Elles serviront d'abri au gibier, aux oiseaux et aux insectes. Elles permetront également de couper le vent et de protéger les sols. L'association oeuvre en ce sens depuis 2014.