L’ancien président du Sénat, Christian Poncelet est mort à 92 ans

L’ancien Président du Sénat, Christian Poncelet est mort dans la nuit du jeudi au vendredi 11 septembre, à l’âge de 92 ans à Remiremont dans les Vosges, ville dont il a été maire durant 18 ans.
 

Né le 24 mars 1928 à Blaise dans les Ardennes, celui que tout le monde surnommait « Ponpon » s’est éteint dans la nuit du jeudi au vendredi 11 septembre à Remiremont à l’âge de 92 ans, ville dont il a été maire de 1983 à 2001.

C’est une figure du gaullisme qui s’est éteint que celui  qui fût durant 39 ans à la tête du département des Vosges, élu pour la première fois en 1976, puis réélu  11 fois à ce siège, dans lequel il se sentira le plus à l’aise tout au long de sa carrière politique.  

Des PTT à la politique

Christian Poncelet commence à travailler en 1953 dans les PTT où il est contrôleur, puis syndicaliste durant 9 ans à la CFTC. C’est en 1962 qu’il devient député des Vosges, élu par ailleurs conseiller général du canton de Remiremont.    Christian Poncelet avait fait du désenclavement des Vosges, son cheval de bataille. Il s’était battu pour que le TGV s’arrête à Epinal et Remiremont et Saint-Dié-des-Vosges en 2007. Il avait à cœur également  que la ruralité ne soit pas la grande oubliée du haut débit, militant ainsi contre les zones blanches.

Le premier ministre lorrain Pierre Messmer l’appelle au gouvernement en 1972. Christian Poncelet est alors nommé secrétaire d’Etat, chargé des Affaires Sociales, un domaine qui plaît à l’ancien syndicaliste qu’il est. Christian Poncelet deviendra par la suite, secrétaire d’Etat, chargé du budget dans le gouvernement Chirac.

10 ans à la tête du Sénat

C’est à sa mère, qui l’a élevé seule, qu’il pense lorsqu’il est élu, Président du Sénat en 1998, détrônant le président sortant René Monory.  Une assemblée qu’il connaît bien pour en avoir été membre durant 20 ans. Il sera président du Sénat durant 10 ans pour finalement se retirer dans les Vosges à l’âge de 80 ans. Sa carrière politique n’est pas pour autant terminée. Il continuera à siéger à la tête du département où il sera d’ailleurs réélu en 2011. C’est en 2015 qu’il se retire de la politique. Lors d’une conférence de presse, il analyse sa longue vie politique ainsi :
 

Je n’ai pas tout réussi, mais j’ai le sentiment d’avoir réussi ce que je devais faire.

Christian Poncelet

Un animal politique


Christian Poncelet a incontestablement marqué le territoire vosgien. Et ses hommes politiques comme François Vannson, qui lui a succédé à la tête du département.

Christian Poncelet avait une personnalité singulière, il avait son caractère. C’était une bête de travail, il avait aussi le défaut de ses qualités, c'est-à-dire qu’il était très exigeant vis-à-vis des uns et des autres.

François Vannson, Président du Conseil Départemental des Vosges

Pour Michel Heinrich, l’actuel Président de la Communauté d’agglomération d’Epinal, Christian Poncelet était présent sur tous les terrains dans le département, très à l’aise avec les gens, adorant tout particulièrement le contact.
 

Il était d’une très grande pugnacité, il était à mi-chemin entre la 4ème et la 5ème République et cela n’existerait plus aujourd’hui, déjà parce que le cumul des mandats n’est plus possible, et parce que des personnages  de ce type n’existe plus aujourd’hui dans le monde politique.

Michel Heinrich, Président de la Communauté d'agglomération d'Epinal

Venu de rien, il s’invente un personnage

Jean-Marc Toussaint, journaliste à l’Est Républicain a écrit une biographie sur Christian Poncelet intitulé  "Le monarque républicain" (Ed. Place des Vosges).

Christian Poncelet est un personnage de roman. Il s’est construit un personnage parce qu’il n’avait pas d’histoire.

Jean-Marc Toussaint, journaliste auteur "Le monarque républicain"

"Christian Poncelet clamait à qui voulait l’entendre qu’il avait été champion de France de boxe, qu’il avait joué au foot à Reims. Ca n’a jamais été vrai ! Oui, il y a eu un Christian Poncelet, champion de France de boxe, mais c’était un homonyme ! Il n’a jamais été énarque, d’où ses relations détestables avec tous les énarques qui le lui rendaient bien. Il n’a jamais été accepté dans ce milieu parce qu’il n’en était pas issu ! D’où sa hargne pour Philippe Séguin, qu’il détestait."

La politique, une revanche sur la vie

"Christian Poncelet  a grandi dans des baraquements à Rethel dans les Ardennes. Sa mère était femme de ménage, et il n’a pas vraiment connu son père.  Il avait des frères et sœurs, issus de 3 lits différents. Sa carrière politique est d’une ascension incroyable, compte tenu de sa jeunesse qui n’était pas dorée", raconte Jean-Marc Toussaint.

Doté d’une force de travail incroyable, Christian Poncelet est hanté par l’ascension sociale, désireux de prendre une revanche sur la vie. C’est en travaillant aux PTT, que Christian Poncelet rencontre Yvette, une vosgienne originaire de Saulxures-sur-Moselotte. Le couple se marie en 1949. De cette union, naîtront deux filles, Danielle et Laurence. Une union qui explique pourquoi Christian Poncelet s’est retrouvé à faire de la politique dans les Vosges.  
Affable avec les Vosgiens, il était de tous les déplacements sur le territoire, tutoyant tout le monde.

"Il a toujours fonctionné au clientélisme. Tout le monde lui disait merci", commente Jean-Marc Toussaint. "Il faisait le ménage en permanence autour de lui. Dès qu’il y avait une tête qui dépassait, il faisait en sorte de l’éliminer. C’était un tueur" selon Jean-Marc Toussaint.  Une bête politique qui aura cumulé à lui seul, 150 ans de mandats.
 
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