En Lorraine, limiter la consommation d’eau est devenu un enjeu majeur. La ville de Gérardmer (Vosges) va prendre des décisions radicales comme l'interdiction de remplir les piscines et les jacuzzis. Une prise de conscience nécessaire selon Alexandre Mayol, économiste de l'eau.
La ville de Gérardmer dans les Vosges va mettre en place des restrictions d’eau similaires à celle de l’année dernière - interdiction de l’arrosage des espaces verts, des terrains de sport et des jardins entre 8 h et 20 h, ainsi que le lavage des voitures, le remplissage des piscines et des jacuzzis.
Jeudi 21 juin 2023, Stessie Speissmann-Mozas, le maire divers gauche de Gérardmer a confirmé que le centre aquatique de la ville restera fermé en juillet et en août. "Fermer la piscine pendant deux mois permet d’économiser 3000 mètres cubes d’eau. Cela représente l’équivalent en consommation de vingt foyers de quatre personnes sur une année".
Il faut mettre en place une tarification progressive, avec un prix de l’eau qui augmenterait en fonction de la consommation. Vous avez consommé tant, vous payez tant.
Alexandre Mayol, économiste de l'eau-université de Lorraine
Selon l'économiste de l'eau, Alexandre Mayol, maître de conférences à l'Université de Lorraine, "c'est bien mais ce n'est pas suffisant. La piscine gonflable n’est pas le seul problème. Il faudrait avoir cette même restriction avec les agriculteurs et l’industrie du ski".
Alexandre Mayol ajoute : "Il faut savoir que les canons à neige pompent dans la nappe phréatique". Un hectare de piste de neige artificielle consomme entre 3 et 4000 mètres cubes d'eau selon Samuel Morin, chercheur au CNRM.
Depuis plusieurs années, été après été, la Lorraine fait face à des grandes périodes de sécheresses. Et l’été 2022 a sonné l’alerte. Les Vosges ne sont pas épargnées par le réchauffement climatique. "Cet année nous sommes dans une situation identique. Nous avons une gestion administrative de l’eau. Il faut mettre en place une dimension sociale et installer des compteurs individuels. Car pour faire une tarification incitative, encore faut-il que l'on connaisse la consommation réelle". Une étude de l'observatoire national des services d’eau montre que la plupart des gens ne savent pas combien ils payent leur eau chaque année.
Des économies de consommation
La raréfaction de la ressource en eau demande une prise de conscience de l'enjeu du prix de l'eau. Elle commence à apparaitre, mais elle est trop timide et trop récente. "Le gouvernement propose de mettre en place une tarification progressive, avec un prix de l’eau qui augmenterait en fonction de la consommation. Vous avez consommé tant, vous payez tant", dit Alexandre Mayol. Donc selon vous, il faut modifier l'élaboration du prix de l’eau ?"Pour l'heure on n’a pas un prix, donc aucune notion de notre consommation en eau".
Avec la canicule et le confinement en raison du Covid, de plus en plus de personnes ont une piscine privée. Ainsi, limiter la consommation pour les loisirs est devenu un enjeu majeur. "Aujourd’hui, l’eau est sous tension. Et plus on préserve cette ressource, moins on aura besoin de faire des efforts, qui a un moment donné pourrons nous conduire à des interdictions", explique Alain Dupuy, professeur d’hydrogéologie.
L’eau est sous tension. Et plus on préserve cette ressource, moins on aura besoin de faire des efforts, qui a un moment donné pourrons nous conduire à des interdictions.
Alain Dupuy, hydrogéologue
Selon l’Observatoire national des services publics de l’eau et de l’assainissement, au moins 20 % de l’eau produite sont perdus chaque année. "En fait le problème c’est que le remplissage de la piscine consomme de l’eau potable et donc oui il faut restreindre les piscines comme les golfs car la piscine reste une consommation de luxe et donc tout le monde doit faire l’effort", dit Alain Dupuy.
Le minstère de la transition écologique a lancé le 1er juin une campagne de communication pour économiser l'eau, "chaque geste compte, préservons nos ressources". L'année dernière, en 2022, au cœur des Vosges, la ville de Gerardmer a été obligé de puiser dans son lac pour alimenter le réseau d'eau potable.