Le projet de réintroduction du grand tétras, un oiseau en voie d'extinction dans les Vosges, a été validé par la préfecture des Vosges. Piloté par le Parc naturel régional du Ballon des Vosges, il prévoit la translocation de quarante individus par an sur cinq ans. Un projet critiqué par de nombreux naturalistes et scientifiques qui s'y opposent.
L'expérimentation aura bien lieu. Une quarantaine de grands tétras de Norvège vont bien être réintroduits dans les hautes Vosges dans le but de repeupler une espèce dont il ne resterait que quelques individus, aucune trace n'ayant été relevée ces derniers mois.
Nous n'avons pas la certitude que dans cinq ans l'espèce sera sécurisée mais si on ne fait rien, elle va disparaître.
Valérie Michel-Moreaux, préfète des Vosges
La préfecture des Vosges a validé ce projet par arrêté pour cinq ans, il sera piloté par le Parc naturel régional du Ballon des Vosges.
La préfète Valérie Michel-Moreaux s'est exprimée à ce sujet ce mercredi 17 avril au micro de notre consœur Sophie Valsecchi :
"Deux ans de travaux et de débats ont été nécessaires avant cette décision qui s'inscrit dans un plan national d'action en faveur de la biodiversité. Certes, nous n'avons pas la certitude que dans cinq ans l'espèce sera sécurisée mais si on ne fait rien, elle va disparaître. Je suis convaincue qu'il faut poursuivre à certaines conditions, notamment la quiétude et la nourriture. Il y aura un suivi scientifique très précis".
Une vive opposition au projet
Depuis plusieurs mois, le projet de translocation de l'espèce est remis en question par des scientifiques et des naturalistes. C'est le cas du conseil scientifique régional du patrimoine naturel Grand Est qui a donné un avis défavorable, de l'association vosgienne Oiseaux Nature ou encore des Munier, Michel qui étudie cette espèce au sein du Groupe Tétras Vosges depuis des décennies, et son fils Vincent le célèbre photographe animalier qui a publié une nouvelle tribune ce mercredi 17 avril pour dénoncer cette décision :
Dans cette tribune, Vincent Munier qui était en Norvége il y a quelques jours pour observer entre autres les grands tétras, pointe les incohérences du dossier et son aspect très politique. Il fait référence "à des structures publiques dépendantes de financements" comme le Parc naturel régional du Ballon des Vosges dont le label est en jeu et pour lequel la présence du grand tétras garantira la préservation des milieux. Un non-sens total pour le photographe césarisé pour son documentaire "la panthère des neiges".
Nous avions interviewé Michel et Vincent Munier à l'occasion d'une page spéciale consacrée au sujet grand tétras dans le 19/20 le 2 avril dernier :
Les premiers oiseaux pourraient être capturés dès ce printemps pour être réintroduits rapidement dans le massif des Vosges.