Ils sont handicapés mentaux, polyhandicapés, sujets au stress, et ont besoin d'apaisement. Ce bien-être, ce sont les animaux qui vont leur procurer. Nous avons suivi des séances de zoothérapie.
Chats, chiens, lapins... les boules de poil se bousculent sur la table du centre de zoothérapie Piampiam de Vrigne-aux-Bois (Ardennes). Comme chaque semaine, Éléa, Clément et Thomas viennent, pendant 1 h 30, à la rencontre de ces animaux.
La médiation animale aide ces trois jeunes de 13 à 18 ans, polyhandicapés et donc dépourvus de parole, à communiquer. Clément se laisse approcher par le chien, Loco. "Clément est d'habitude assez fuyant. Mais là, il va mettre sa tête sur le côté, rigoler, ses émotions vont ressortir", décrit Édouard David, éducateur.
La communication peut passer par le regard, le toucher, les attitudes.
Éléa 15 ans, lourdement handicapée, dispose d'une tablette, devant elle, sur son fauteuil roulant. Habituellement, elle ne laisse personne y toucher ou y déposer quoi que ce soit. Les séances avec les animaux l'ont aidée à se laisser approcher par les autres.
"Elle accepte le contact de l'animal. Vous voyez : la perruche est près de son oreille. Cela pourrait être intrusif pour elle, mais vous voyez, ce n'est pas le cas", argumente Édouard David, éducateur.
"Il s'agit de pouvoir travailler les sens, donner des outils aux thérapeutes pour travailler avec les enfants à leur bien-être, affirme Guelove Nolevaux, médecin au centre de rééducation. La communication peut passer par le regard, le toucher, les attitudes". Les bienfaits se font ressentir à long terme. "À partir du moment où il y a eu des moments de bien-être avec les enfants, ce n'est pas on/off. Il y a des journées ou des semaines qui peuvent mieux se passer quand elles sont rythmées par ces activités", indique le médecin.
Mais pour que la zoothérapie fonctionne, il est d'abord nécessaire créer un environnement de confiance entre l'animal et le patient. Chacun doit être libre et suivre ses envies du moment : si l'animal ne s'approche pas, si le patient n'est pas réceptif, les zoothérapeutes ne cherchent pas à aller plus loin. Par exemple, ce jour-là, Clément ne se laisse pas approcher par les bêtes. "Communiquer, c'est aussi savoir dire non", justifie Cindy Nicolas, zoothérapeute et co-fondatrice du centre Piampiam.
Mieux diriger une équipe avec... un cheval
La zoothérapie est en vogue et se développe de plus en plus car les résultats, à l'issue des séances, sont parfois flagrants. 96 % des Français croient aux bienfaits de la zoothérapie pour les personnes malades, handicapées ou stressées.
Les neurones miroir jouent un rôle essentiel. Il s'agit de "cellules cérébrales qui, tout en observant ou en simulant un processus, stimulent les mêmes potentiels d'activité qui seraient déclenchés si le processus était activement conçu et exécuté par lui-même", indiquele site ppmediation.fr. En d'autres termes, si le patient se montre stressé, l'animal le sera aussi, et vice-versa, d'où l'importance de créer un environnement de confiance.
Le cheval est non jugeant. Il voit une personne, pas une cheffe d'entreprise. Aujourd'hui, rien n'oblige le cheval à obéir à cette personne
Ces neurones miroir sont particulièrement développés chez le cheval. Nancy Turquin en sait quelque chose. Ce jour-là, la cheffe d'entreprise a rendez-vous pour s'exercer à mieux gérer son équipe. "Je n'ai pas tout à fait la bonne méthode parfois. Je viens ici pour apprendre à mieux faire, pour créer une cohésion entre les collaborateurs et moi. Et là, c'est entre le cheval et moi", lance-t-elle.
"L'important pour toi est que tu saches exactement ce que tu veux faire, que tu sois claire dans ta tête. Le positionnement de ton corps est important : il faut que tu regardes son arrière-train et sa croupe pour le guider", lui explique Bertrand Nicolas, du centre Piampiam
En quoi apprendre à manager une équipe avec un cheval peut être plus efficace qu'un simple cours de management ? "Le cheval est non jugeant. Il voit une personne, pas une cheffe d'entreprise. Aujourd'hui, rien n'oblige le cheval à obéir à cette personne", affirme-t-il.
Au bout d'une heure j'ai commencé à tout lâcher et ça m'a fait un bien extraordinaire. On ne peut pas s'imaginer le bien que cela fait
Nancy Turquin ne dira pas le contraire : elle a déjà essayé la médiation par le cheval il y a quelques années, alors que sa mère venait de décéder. "J'ai soutenu ma Maman pendant 18 mois, confie-t-elle, les larmes aux yeux."
Les sanglots dans la voix, elle a choisi de suivre une séance de lâcher prise : "Bertrand m'a fait monter sur un cheval, m'a bandé les yeux. Et là, il est difficile de lâcher prise, quand vous êtes habituée à tout contrôler. Avec le cheval, on est passés dans des endroits un peu difficile. Mais au bout d'une heure, j'ai commencé à tout lâcher et cela m'a fait un bien extraordinaire. On ne peut pas s'imaginer le bien que cela fait."
Aujourd'hui, le centre Piampiam souhaite s'agrandir pour accueillir des animaux et des patients toute l'année. Mais les fonds manquent cruellement. Ils ont alors décidé de lancer un appel à l'aide et une cagnotte en ligne pour pouvoir continuer de faire du bien grâce aux animaux.