Rythmes scolaires: à Ganzeville, une école encore cadenasséee, un village divisé

Pour la deuxième semaine consécutive, les portes de la petite école de Ganzeville, près de Fécamp, sont restées cadenassées mercredi matin, un des derniers bastions de l'opposition à la réforme des rythmes scolaires, mais les enseignants et des parents d'élèves commencent à s'impatienter.

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"Tout allait très bien avec la mairie jusqu'à cette rentrée, nos relations étaient très bonnes", se désole la directrice Florence Minois, en poste depuis sept ans.
"Les enfants perdent trois heures d'enseignement par semaine, notre enseignement est complètement perturbé", affirme la directrice en charge également des grandes classes tandis qu'un enseignant s'occupe des petites classes et qu'une remplaçante est en charge de la maternelle.
L'école, qui compte 67 élèves au total, est située sur deux sites, l'un tout à côté de la mairie.

Un panneau donnant des informations contradictoires a été placé devant le site proche de la mairie.
Une affichette de la directrice indique que les cours ont lieu de 08H30 à 11H30 le matin, mercredi compris, et de 13H30 à 15H45 l'après-midi, ce qui fait au total 21 heures d'enseignement.
A côté, une note administrative du maire explique que, du fait d'une décision du tribunal administratif de
Rouen déboutant un recours de la préfecture, l'école restera fermée le mercredi matin et que, les autres jours (du lundi au vendredi), l'école restera ouverte jusqu'à 16H30, pour assurer un total hebdomadaire de 24 heures d'enseignement.

Mercredi matin, face aux caméras, les échanges entre le maire DVD Jean-Marie Crochemore, conforté par cette décision de justice, et l'inspectrice d'académie, Dalila Morel, étaient vifs mais contenus.
"Alors, qu'est-ce qu'on fait maintenant? Vous avez bien lu comme moi le jugement du tribunal administratif qui ne met pas en cause les 24 heures d'enseignement sur 8 demi-journées", lance le maire.
"Pour l'instant, on ne change rien à ce qui a été voté en CDEN (Commission départementale de l'Education nationale, ndlr)", répond l'inspectrice.

Conseil constitutionnel saisi ? 
"On attend la prochaine audience du tribunal administratif (lundi 15 septembre), la deuxième lame et peut- être la troisième", rétorque le maire, en poste depuis 37 ans, qui se dit soutenu par 80% des parents d'élèves, une affirmation très contestée.
Contrairement à beaucoup d'autres jugements du même type ailleurs en France, le juge des référés, statuant sur un référé liberté, a débouté le préfet de Seine-Maritime, Jean-Charles Maccioni, considérant qu'il n'y avait pas atteinte à la liberté de scolariser les enfants puisque l'école restait ouverte jusqu'à 16H30.
"Nous avons gagné sur le plan de la recevabilité du recours du préfet qui a déployé un véritable arsenal procédural de façon inhabituelle", a déclaré à l'AFP par téléphone l'avocat de la commune, Me Ahmed Akaba, du barreau de Rouen.
"Si nous ne gagnons pas lundi pour le référé suspension, qui va se prononcer sur la légalité de la délibération et de l'arrêté municipal, nous nous réservons le droit de déposer une QPC auprès du conseil constitutionnel", a-t-il ajouté.
L'avocat argue que la réforme des rythmes scolaires imposant l'organisation d'activités périscolaires aux communes est en contradiction avec l'article 72 de la Constitution sur la libre administration des collectivités locales.
Loin de ces débats juridiques, des parents d'élèves s'impatientent. "C'est une super école, une super équipe mais la sérénité est troublée", estime une mère d'élève, Karen Lemarchand, qui y a scolarisé ses trois enfants.
Pendant ce temps, quelques enfants lisent leurs livres assis sur les escaliers
 de la mairie. "Un élève m'a demandé :  le maire, il a vraiment le droit de mettre un cadenas sur mon école?", raconte la directrice.

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