Le temple protestant de Lille-Fives, occupé depuis plus d'une semaine par une centaine de sans-papiers en grève de la faim, a été évacué mardi soir par la police.
L'évacuation, qui a commencé vers 20H30, s'est achevée une heure plus tard. "Toutes les personnes valides sont parties à pied, encadrées par la police. Quatre personnes qui n'étaient pas en état de marcher ont été évacuées par les pompiers", a déclaré à l'AFP Jean-François Bonhomme, membre du conseil presbytéral.
Sept personnes en tout, affaiblies, ont finalement été admises dans des hôpitaux. Les autres sans-papiers ont été acheminés par petits groupes au local du comité des sans-papiers situé à proximité du temple, par les pompiers.
L'état de santé de certains sans-papiers préoccupant
M. Bonhomme a exprimé son "soulagement que ça se termine", en raison de l'état de santé de certains sans-papiers, tout en disant qu'il n'était "pas facile" de prendre une telle décision.
Juste après l'évacuation, plusieurs dizaines de personnes revêtues des couvertures et duvets utilisés lors de l'occupation, se sont assises au milieu de la rue barrée dans un premier temps par un cordon de sécurité. Un important dispositif de sécurité avait été déployé pour les besoins de l'évacuation, avec de nombreux cars de police.
"L'évacuation s'est déroulée dans le calme", a dit la préfecture dans un communiqué. Une fois sorties, plusieurs personnes se sont assises au milieu de la rue et sont venues se placer derrière leurs soutiens, a précisé à l'AFP Frédéric Derbin, commissaire à la DDSP (direction départementale de la sécurité publique) de Lille.
"Police partout, justice nulle part", ou "Solidarité avec les sans-papiers", ont scandé plusieurs d'entre eux, devant le temple.
"La préfecture les socialistes assumeront les conséquences. C'est la vie des gens qui est en jeu pour un simple bout de papier !", a déclaré Patrick, un porte-parole des sans-papiers, qui a averti qu'ils continueraient le combat, malgré l'évacuation.
"On est fatigués, on en a marre", disait-il plus tôt dans la matinée. Un huissier avait demandé lundi le concours de la force publique, la justice, saisie par le conseil presbytéral, ayant demandé l'évacuation. Le 25 novembre, environ 120 personnes en situation irrégulière, dont 3 enfants, avaient investi le temple.
"Un droit à la défense argumentée des dossiers"
Le Comité des sans-papiers 59 (CSP 59) réclame la régularisation des grévistes de la faim sur la base d'une liste qui sera présentée en préfecture, ainsi qu'un "droit à la défense argumentée des dossiers" en préfecture.
Le préfet a réitéré sa proposition faite à la Ligue des droits de l'Homme visant à recevoir une délégation du collectif afin d'examiner, notamment, les conditions d'application de la circulaire du Ministre de l'intérieur du 28 novembre 2012 relative aux demandes d'admission au séjour des ressortissants étrangers en situation irrégulière.
Les sans-papiers avaient précédemment occupé pendant quelques heures le siège du Parti socialiste (PS) du Nord le 8 novembre, ainsi que la maison de la médiation de la mairie de Lille le 2 novembre, date à laquelle ils se sont déclarés en grève de la faim.