Ce samedi 8 décembre, Florence Cassez, condamnée à 60 ans de prison pour enlèvements, entamera sa 8ème année de détention au Mexique avec l'espoir d'une issue prochaine. Elle enverra demain un message depuis sa prison.
Il y a une semaine, le 1er décembre, le Mexique a connu deux changements simultanés qui pourraient bientôt lui être favorables : le départ du président Felipe Calderon, qui avait affirmé publiquement, à plusieurs reprises, son hostilité à la libération de la Française, et le renouvellement de la Cour suprême avec l'arrivée de deux nouveaux juges, dont l'un à la Première chambre de cette instance qui sera chargée de statuer sur le dossier début 2013.
Interrogé par l'AFP, l'avocat mexicain de la Française, Me Agustin Acosta, a estimé que ces changements "signifiaient un renouvellement fondé de l'espoir de la défense".
Espoir douché
Cette septième année en prison avait déjà semblé bien près d'être la dernière, le 7 mars, lorsque le rapporteur du cas de la Française devant la Cour suprême du Mexique, le juge Arturo Zaldivar, avait proposé la libération immédiate de la Française.Les 144 pages du rapport du juge aboutissaient à une conclusion formelle : la Française avait été la victime d'un montage policier, d'une "mise en scène qui ne correspondait pas à la réalité" organisée par l'Agence fédérale d'investigation (AFI).
Le juge mettait au centre de son argumentation la diffusion, le 9 décembre 2005 à l'aube, par les deux principales chaînes de télévision, de la prétendue arrestation en direct de la Française et de son ex-fiancé Israel Vallarta dans un ranch des environs de Mexico, ainsi que la libération de trois otages.
Or en réalité, la Française et son ex-compagnon avaient été arrêtés ailleurs, sur une route menant à la capitale et à un autre moment, la veille selon la Française.
Pour le juge Zaldivar, le montage de la police, considéré comme sans importance juridique dans tous les jugements précédents, avait "totalement" nuit à la procédure et eu une "incidence dévastatrice sur la présomption d'innocence et une défense adéquate".
Après trois condamnations successives par la justice ordinaire, en avril 2008, mars 2009 et février 2011, le rapport Zaldivar sonnait comme le début de la fin du cauchemar de la Française, qui a toujours clamé son innocence.
Mais deux semaines plus tard, le 21 mars, l'espoir d'une libération était douché par un "match nul" au sein de la Première chambre de la Cour suprême : deux juges pour la libération, deux contre, et une voix pour le renvoi du cas en justice ordinaire.
Quatre juges sur cinq avaient pourtant reconnu les "graves irrégularités" commises sous l'autorité de Genaro Garcia Luna, directeur de l'AFI à l'époque des faits puis ministre de la Sécurité publique du gouvernement Calderon entre 2006 et 2012.
Nouveau regard sur le dossier
Aujourd'hui, la Française ne connaît pas la date du nouvel examen de son cas par la Cour suprême. Elle sait seulement qu'un nouveau rapport doit être présenté par la juge Olga Sanchez, qui s'était prononcée pour sa libération en mars.Me Acosta pense que le cas de sa cliente devrait de nouveau être abordé au début de l'année 2013.
Pour lui, l'arrivée au pouvoir d'un nouveau président, Enrique Peña Nieto, et la désignation d'un nouveau juge, Alfredo Gutierrez Ortiz Mena, au sein de la Première chambre, en remplacement de Guillermo Ortiz Mayagoitia qui avait voté contre sa libération, sont deux "changements positifs".
"D'abord, le changement présidentiel parce que le dossier s'éloigne d'un enjeu politique et que, en conséquence, l'analyse constitutionnelle devient plus importante. Dans ce contexte, le changement de juge représente un nouveau regard sur le dossier, de la part d'un avocat jeune, indépendant et issu d'une nouvelle génération de juristes".
Peut-être la voix qui avait manqué à Florence Cassez en mars.