Le médecin qui a supervisé l'enquête sur l'épidémie de légionellose a réaffirmé sa conviction que l'usine Noroxo en était la source, mardi au deuxième jour du procès à Béthune.
Le témoignage de Danièle Ilef, qui dirigeait à l'époque l'Institut de veille sanitaire pour la région Nord, est venu contredire l'ex-dirigeant de la société, qui avait émis à l'ouverture du procès lundi des doutes sur la responsabilité de son usine. "En mon âme et conscience, je suis convaincue que c'est la source de l'épidémie", a-t-elle déclaré devant le tribunal correctionnel, qui examine cette affaire jusqu'au 21 décembre.
Le désarroi des experts
Revenant sur l'enquête menée par ses services, Mme Ilef a raconté le désarroi des experts face à ce qui se révélait alors être une souche totalement inconnue, et la surprise de voir une deuxième vague d'épidémie alors que l'usine identifiée comme source de l'épidémie, fermée pour nettoyage, n'avait pas encore redémarré.
Le 31 décembre 2003, après avoir visionné des images à la télévision, un membre de son équipe lâche "presque comme une boutade" que l'opération de nettoyage pourrait bien avoir relancé la dispersion.
La souche a été retrouvée chez 23 personnes contaminées
Les experts comprennent alors que le nettoyage au Karcher des tours aéroréfrigérantes à plus de 6 mètres de haut ne pouvait que redisperser les bactéries légionelles contenues dans les tuyaux, a rapporté Mme Ilef.
Le 8 janvier 2004, alors que l'entreprise a fermé définitivement, les résultats d'analyse mettent en évidence un taux de concentration élevé de légionelles dans la lagune de l'usine.
"Selon toute vraisemblance", les bactéries contenues dans la lagune, elle-même aérée par des aérateurs de surface, colonisaient régulièrement les tours, qui les recrachaient, a indiqué le médecin.
La souche, qui était totalement inconnue jusqu'à cette épidémie, a été retrouvée chez au moins 23 des personnes contaminées.
Lors de l'audience de mardi, les parties civiles ont pour leur part rappelé, pendant une vingtaine de minutes, la détresse des familles de victimes.
"Je veux défendre l'honneur de mon papa, il avait 84 ans et il faisait du vélo tous les jours", a déclaré Henri Leduc. "On ne peut pas tuer des gens à cause d'erreurs et en attendant un nettoyage".