Créées par Pierre Mauroy, Premier ministre, il y a 30 ans, les missions locales fêtent leur anniversaire lundi 17 et mardi 18 à Lille Grand Palais par une rencontre nationale. L'événement sera clôturé par J.-M. Ayrault.
Avec plus d'un million de jeunes en quête d'insertion reçus chaque année, les missions locales ont réussi, en trente ans, à sortir de l'expérimentation pour
devenir, "signe de reconnaissance", le bras armé du gouvernement dans la mise en oeuvre des emplois d'avenir.
Les 17 et 18 décembre, le réseau (450 agences, 11.000 salariés), qui se consacre depuis 1982 à l'insertion professionnelle et sociale des jeunes, célèbrera son anniversaire à Lille, en présence du Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
Alors que Pôle emploi traverse une grave crise de légitimité, les "missions" bénéficient d'une certaine popularité, malgré l'inexorable montée du chômage (plus de 24% des moins de 25 ans).
Incontournables localement, ces structures inscrites dans le code du Travail en 2005 viennent de se voir confier, pour la première fois de leur histoire, la gestion de A à Z d'un outil de politique pour l'emploi.
Dans leur musette, les emplois d'avenir, ouverts depuis le 1er novembre aux jeunes peu qualifiés et aux décrocheurs (140.000 chaque année), leur coeur de cible. Leur mission : recueillir les offres, au côté de Pôle emploi, puis assurer le suivi, un "référent" accompagnant chaque jeune.
"Faire de la médiation et traiter les problèmes annexes à l'emploi, c'est leur métier et c'est la condition du succès du dispositif", expliquait-on fin octobre
au ministère du Travail, en annonçant une rallonge de 30 millions d'euros en 2013, en plus des 180 millions de dotation annuelle de l'Etat.
Pour le député socialiste Jean-Patrick Gille, président de l'Union nationale des missions locales (UNML), ce sont notamment la philosophie d'accompagnement global (hébergement, transport, santé...) et l'ancrage territorial qui ont permis l'assise du réseau.
Emplois d'avenir: "on est loin des objectifs"
La reconnaissance n'était pourtant pas gagnée pour ces structures d'insertion un peu "ovni" dans le paysage français, et sans équivalent à l'étranger. Associations présidées par des élus locaux, "elles ne rentrent dans aucune case", souligne M. Gille, qui raconte "avoir dû expliquer à chaque nouveau ministre comment ça marchait".Quand il a vu arriver, en 2010, l'Inspection générale des finances, chargée d'un audit, le député confie "y être allé en tremblant". "Je me suis dit: +on est morts+. Finalement, ils ont dit +c'est vachement bien+", se souvient le président de l'UNML. "Sans résoudre la question du chômage des jeunes, (le réseau) produit des résultats qui témoignent d'un réel potentiel, pour des coûts inférieurs à ceux des dispositifs comparables", soulignait le rapport.
Chez les syndicats de salariés, l'arrivée des emplois d'avenir est vécue comme "un signe de reconnaissance légitime". S'ils pointent le manque de moyens dans "un réseau qui tire la langue", c'est surtout la perspective d'une pénurie d'offres qui les alarme, alors que l'objectif pour 2013 est de 100.000 signatures.
"Les -rares- premières offres qu'on voit arriver concernent des profils Bac+2. Même si les employeurs enlèvent la mention du diplôme, ils demandent que le candidat sache accueillir le public, maîtrise Excel, parfois même soit bilingue", s'inquiète Jean-Philippe Revel (CGT), conseiller à Paris.
"Selon les premiers retours, on est loin des objectifs. Guère étonnant étant donné la faiblesse des finances publiques", ajoute Serge Papp (CFDT), qui souligne "une dégradation sociale et psychologique spectaculaire et un abattement général" chez
ces jeunes.
"Il est important de ne pas faire trop d'effets d'annonce, car les dégâts sont terribles", prévient-il. Prudent, le ministère du Travail martèle s'attendre à une "lente montée en charge", disant "préférer le qualitatif au quantitatif".