Renault veut supprimer 7500 postes en France : et à Douai ? Et chez MCA Maubeuge ?

Renault veut supprimer plus de 15% de ses effectifs. Dans le Nord Pas-de-Calais, à Renault Douai et MCA Maubeuge, cela pourrait concerner, selon les syndicats, environ 1400 personnes d'ici 2016. 

Alors que PSA va fermer une usine et supprimer plus de 11.000 postes, Renault choisit une méthode moins violente : en trois ans, la marque au losange veut passer de 44.642 salariés à 37.142, en misant essentiellement sur des départs naturels non renouvelés (5.700). Pour les 1.800 postes restants, la direction propose d'élargir à tous les salariés un dispositif actuel de départs anticipés pour les fins de carrière. 

Sur les 7.500 postes supprimés, 2.000 le seront dans l'ingénierie, 1.300 dans le tertiaire, 4.200 dans les usines, selon Laurent Smolnik (FO) qui comme la CGT rapporte que la direction envisage en fait 8.260 suppressions postes et potentiellement 760 embauches.

Pas de débrayage à Douai

Les syndicats de Renault Douai n'envisageaient pas mercredi d'arrêts de travail dans l'immédiat en riposte aux quelque 7.500 suppressions d'emplois annoncées la veille par le constructeur automobile en France. "On ne s'attendait pas à des mesures aussi dures, même si on savait qu'un plan de ce genre était en gestation, mais pour l'instant nous n'appelons pas à un débrayage", a déclaré Gérard Lolivier, le secrétaire général de la section locale de Force ouvrière, premier syndicat à Douai depuis 2000.

"Il n'y aura pas de débrayage cette semaine", a estimé également son homologue de la CGT, David Dubois. Les syndicats, FO, dès mardi, SUD mercredi se bornaient pour l'instant à distribuer des tracts à la sortie de l'établissement de Douai. La CGT prévoyait d'en faire autant jeudi.

Les deux représentants syndicaux interrogés ont souligné qu'après trois semaines d'arrêt dues à la faiblesse des commandes de Scénic, le principal modèle fabriqué à Douai, les employés sont confrontés à des transformations des chaînes de montage et à d'importants changement de postes.
800 postes de moins à Douai ?
 

La direction a annoncé le 11 janvier 2012 des investissements de 420 millions d'euros dans l'établissement nordiste, pour lui permettre de fabriquer les nouveaux modèles haut de gamme de la maison, l'Espace, en octobre 2014, puis la Laguna un an après, outre les Scénic longs et courts. En même temps, Renault a décidé de mettre son usine de Douai aux normes maison, c'est-à-dire de supprimer deux des quatre chaînes de montage pour qu'il n'y ait plus qu'un seul "flux" de production comme dans les autres établissements en France. 

Ce qui fait craindre au cégétiste David Dubois, malgré la "très bonne nouvelle des nouveaux investissements" une forte réduction à terme des effectifs de Douai. Selon des estimations du responsable FO, Gérard Lolivier, outre les départs naturels, quelque 800 employés de Douai pourraient bénéficier d'ici à fin 2016 des possibilités de départ anticipé dans le cadre d'un dispositif maison appelé "DACS".

De plus de 6.000 en 1999, le nombre de salariés tourne aujourd'hui autour de 4.800, dont 700 actuellement détachés dans d'autres établissements, a-t-il indiqué. Si la Scénic a été produite jusqu'à 480.000 exemplaires du temps où ce monospace ne faisait guère face à la concurrence, la production annuelle a baissé en 2012 à 130.000, a précisé le syndicaliste FO.

600 salariés de moins à Maubeuge ? 

"Dans les cinq ans, cela peut concerner 600 personnes à MCA Maubeuge", nous a indiqué Robert Neild, secrétaire du CE (CFDT). "On est abattus. De nombreux salariés vont encore quitter Renault. Cela dit, chez nous, depuis 3 ans, des salariés qui ont 58 ans peuvent déjà partir." Aucun débrayage n'est prévu. La CGT a distribué un tract ce mercredi aux salariés. 

En tout, selon les syndicats, ce sont donc 1400 postes qui pourraient disparaître dans les années qui viennent à Douai et Maubeuge. Soit 20% des effectifs de Renault dans le Nord Pas-de-Calais. La direction n'a pas confirmé ces chiffres.