Témoignages, photos, interviews, faits marquants... En direct, suivez le procès d'Anne Sophie Faucheur et Nicolas Willot, accusés d'avoir tué en 2009 leur fille et belle-fille Typhaine, 5 ans.
Pour suivre ce direct, n'hésitez pas à rafraîchir régulièrement votre page en tapant la touche F5 de votre clavier. Vous pouvez aussi lire le DIRECT de la 1ère journée de procès ici. Le direct de mardi après-midi se trouve ici.13h30 : l'audience est suspendue.
Les débats reprendront à 14h30. Voici en vidéo un résumé de la matinée avec notre journaliste Jean-Louis Manand.
11h45 : l'audience reprend avec la venue à la barre d'un nouvel expert, le docteur Dr Ameziane Ait Menguellet
Le psychiatre lillois revient sur les entretiens qu'il a eus avec Anne-Sophie Faucheur :"Quand je l’ai rencontrée, j’ai trouvé quelqu’un de tout à fait à l’aise. Elle était spontanée, avenante, un peu anxieuse.
Elle me dira ceci : "je suis là pour la bêtise que j’ai faite. C’est la peine que je vais prendre qui me fait peur. J’ai peur de ne pas revoir mes enfants et de faire vivre un cauchemar à ma famille" a raconté l'accusée au Dr Ait Menguellet.
"Le conflit avec le père de son enfant semblait l’atteindre dans sa relation maternelle" ajoute l'expert.
Le Dr Ait Menguellet nuance l'analyse de l'expert précédent :
"Aucune problématique psychiatrique, aucun signe de maladie mentale chez Anne-Sophie Faucheur.
Il n’y a pas d’inauthenticité chez elle, même si elle affiche un côté superficiel défensif.
Elle focalise les regrets sur la disparition dissimulée de sa fille. Elle se sent plus culpabilisée par ce mensonge que par la mort de sa fille. Sentiment de se « taper la honte ».
Elle a la capacité de se moduler, en fonction des événements.
Elle n’est pas si immature. Madame Faucheur se révèle certes fragile sur le plan psychologique, mais elle est solide. Elle est sensible, susceptible, de sa quête d’affection et de reconnaissance. Elle cherche une certaine valorisation narcissique. Elle semble lutter contre l'échec, le rejet".
Il poursuit l'analyse de la personnalité d'Anne-Sophie Faucheur : "la résurgence de ses émotions est en rapport avec ses souffrances antérieures. Discrète propension à la victimisation.
Ses capacités maternelles sont peu établies, peu développées. C’est particulièrement anxiogène chez elle.
Attitudes et comportements teintés d’un sadisme pervers, du fait de ce sentiment de toute puissance, de toute jouissance. Jalouse rivalité par rapport à ses enfants".
Toucher le père ?
Selon l'expert, AS. Faucheur "ne semble que secondairement mesurer la gravité de ses actes, consécutifs à une intolérance furieuse".
"Dans les actes qu’elle révèle, il y a un aspect rituel, sacrificiel. N’ayant peut-être eu que cela comme modèle", remarque le psychiatre.
"Visait-elle le père par une vengeance de privation ? Ce n’était peut-être pas le but direct, mais la ligne de mire", s'interroge Le Docteur Ait Menguellet, qui évoque le syndrome de Médée.
"La volonté n’est pas au départ pas celle de tuer, mais par la dérive, elle se transforme".
"Ses actes ne correspondent pas à une punition. Il s’agit de gestes exécutoires, ils vont la chercher pour la frapper", a-t-il conclu.
11h30 : Lors d'une courte suspension d'audience, le père de Typhaine nous donne son sentiment au deuxième jour du procès
François Taton vit la deuxième journée d'audience, et la confrontation avec son ex compagne, Anne-Sophie Faucheur, qui se trouve dans le box des accusés."Je la regarde tout le temps. Quand elle me voit elle baisse les yeux". Le père de Typhaine vit difficilement ce procès : " je comprends bien tout ce qui est dit. Mais c'est dur".
9h30 : Reprise de l'audience, avec l'expertise d'un psychiatre au sujet d'Anne-Sophie Faucheur
En duplex de Paris, le psychiatre Roland Coutanceau livre son analyse de la personnalité de la mère de Typhaine. En voici les principaux traits :
Aucun signe de maladie mental, aucun état psychiatrique marqué durant la période des faits"Elle n'était pas cliniquement dépressive au moment des faits. Elle est responsable.
Elle a un niveau supérieur à la moyenne avec une mémoire efficiente. Assez bon niveau intellectuel.
Dimension imaturo-névrotique : au-delà d’une façade qui pourrait apparaître assurée, c’est une jeune femme qui doute sur elle-même. Plutôt expressive, parfois volubile, mais réservée sur le fond, avec introversion.
Traits dysharmoniques avec une dimension de rigidité, d’entêtement, de susceptibilité. Des traits qui favorisent une dimension d’impulsivité. En situation de conflit, il y a une tonicité verbale avec une dimension de rancune".
"Dans la relation avec Typhaine, elle interprète comme si l’autre voulait l’agresser. Tous ces éléments vont dans le sens d’une tendance paranoïaque dans le rapport aux autres.
On voit une maman jeune qui va « rapter » son enfant, ce qui montre son désir d’avoir tous les enfants avec elle, mais en même temps cela ne va pas se passer comme elle l’avait rêvé. Ce qui va compliquer les choses et dériver, en écho avec certains traits de sa personnalité, vers les faits qui lui sont reprochés.
Elle comprend que ce sont les coups qu’elle a portés qui ont tué l’enfant (coups de pied dans le ventre, gifles, coups de poing, douches froides).
Elle décrit la dernière scène avec clarté : "L’enfant pleurait, je ne me souviens pas de cris. J’étais en colère".
Elle décrit la panique, quand elle découvre les résultats de ses coups : "Je pleure, je fais les 100 pas. Il ne veut pas que je me dénonce, il ne veut pas appeler les pompiers parce que c’était ses collègues. Je dis que c’est ma faute, c’est moi qui ai fait ça. Le mensonge c’est nous deux, l’idée de l’enterrer c’est lui. Après on a été pris dans l’enchaînement médiatique… On n’a pas pu revenir en arrière" a déclaré Anne-Sophie Faucheur lors de l'expertise.
Elle se prête des états d’âme après le décès de sa fille".
Pourquoi ces violences qui ont conduit à la mort tragique de Typhaine ?
Le docteur Coutanceau explique les faits par plusieurs facteurs :
"Sa personnalité au moment des faits : immaturité, fierté, entêtement, susceptibilité.
L’historique du lien avec Typhaine : une jeune enfant dont elle a été séparée, et qu’elle arrache à une affectivité déjà tissée avec la grand-mère et la nouvelle compagne de son père.
L’enfant est habituée à une autre vie, et ça dérape. AS. Faucheur le vit comme quelque chose d’agressif. "Interprétativité" irrationnelle, subjective, prêtant à l’enfant la volonté de l’agresser, de la provoquer, de la défier.
Le choix de simuler une disparition doit être analysé indépendamment du reste. Masquer les faits pour tenter de s’exonérer de la responsabilité de la mort de l’enfant".
Conclusion du Docteur Coutanceau
"Elle n’apparaît pas avoir un égo surdimensionné malgré quelques traits paranoïaques. Pronostic évolutif pas forcément mauvais. Les choses se sont grippées avec cette enfant là.
Si la volonté d’homicide était affirmée, ça ne durerait pas aussi longtemps. Cette violence répétitive a dérivé vers la mort.
C’est plus une logique de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner".
"Elle est préoccupée vis-à-vis d’elle-même de s’expliquer, de se comprendre, par rapport aux violences. Elle n’est pas préoccupée de charger l’autre, ni d’ailleurs de l’exonérer ou de le protéger. C’est une femme soucieuse d’assumer sa propre responsabilité.
Elle considère être dans le rôle principal, dans ces violences répétitives. Elle fait jouer un rôle à son compagnon plutôt après, une fois que l'enfant est mort".
Le rapport du Docteur Roland Coutanceau a été vivement contesté par l’avocat général et les conseils des parties civiles.