L'avocat général Luc Frémiot a requis 30 ans de réclusion criminelle assortie d'une période de sûreté de 20 ans contre la mère et le beau-père de Typhaine, jugés depuis lundi pour le meurtre en juin 2009 de la fillette de 5 ans.
Vous pouvez aussi lire le DIRECT de cette dernière journée de procès avec le réquisitoire, les plaidoiries des avocats et le verdict.Anne-Sophie Faucheur et Nicolas Willot, respectivement âgés de 26 et 27 ans, ont reconnu des violences répétées à l'encontre de cette enfant devenue leur souffre-douleur, mais nient avoir voulu la tuer.
Dans son réquisitoire de deux heures, l'avocat général Luc Frémiot a souligné que les deux accusés étaient "indissolublement liés". "Ils ont signé un pacte, un pacte maudit pour la souffrance de cette gamine, le bouc émissaire dont il faut se débarrasser (...) depuis les premiers coups, les premières punitions, les premières descentes à la cave".
"La volonté homicide, elle est là, elle est inévitable. A qui veut-on faire croire qu'une enfant de 5 ans, quand on la prive de manger, quand on la frappe, à qui veut-on faire croire" que la mort n'est pas inévitable, a-t-il lancé à Anne-Sophie Faucheur, qui a gardé les yeux baissés pendant tout le réquisitoire.
"Et vous pensez qu'ils n'ont pas vu les dérives? Une enfant dans cet état-là, vous pensez qu'on ne les voit pas? Et on continue à la frapper, on va chausser ses chaussures pour que ce soit plus dur, et tenez-la bien, Monsieur Willot!", a-t-il tonné.
"La volonté homicide est là"
"On la met sous la douche froide, et pendant ce temps-là, on retourne devant la télévision voir +Rasta Rocket+. Et dix minutes, un quart d'heure après avoir entendu un râle, vous restez dix minutes devant la télé (...) et il n'y a pas de volonté homicide?", a dit l'avocat général.
"Vous ne pensez pas que dans ce contexte-là, on se rue sur le téléphone pour appeler les secours (...)? La volonté homicide, elle est là. On la voit avant, on la voit pendant, on la voit après, on la voit tout le temps", a-t-il ajouté, en s'adressant aux jurés et aux membres de la famille du père de Typhaine qui avaient tous rêvetu, au premier rang, un tee-shirt blanc à l'effigie de la fillette.
"Savait-il ce soir là qu'Anne-Sophie allait donner la mort ?"
"Nicolas (Willot) a donné des coups de pied dans les fesses, des gifles, et, à un moment, Typhaine est acculée à lui quand sa maman la frappe. Savait-il ce soir là qu'Anne-Sophie allait donner la mort?" à Typhaine, a ensuite plaidé l'avocat du beau-père, Me Emmanuel Riglaire.
Son client est-il "coupable de meurtre" ou "coupable de violences volontaires ayant entraîné la mort", a-t-il interrogé, demandant aux jurés d'"individualiser" les cas des deux accusés.
"Une sanction forte mais juste"
"Oui, l'acte est monstrueux, mais le monstre que vous avez à juger cache aussi un coeur de femme", mère de trois enfants à l'âge de 22 ans qui a eu une enfance violente, a plaidé de son côté l'avocate de Mme Faucheur, Me Blandine Lejeune, en appelant les jurés à prononcer une "sanction forte mais juste".
"Ce que j'ai fait est impardonnable, c'est pourquoi je ne demande pas pardon aux familles. Typhaine ne méritait pas ça", a déclaré l'accusée, fébrile dans le box, avant que la cour ne se retire pour délibérer en milieu d'après-midi.
"A qui veut-on faire croire qu'une enfant de 5 ans, quand on la prive de manger, quand on la frappe, à qui veut-on faire croire" que la mort n'est "pas inévitable?", a-t-il poursuivi.
Le verdict est attendu en fin de journée.