Après la libération de la Béthunoise, quid désormais de son ancien compagnon, Israël Vallarta, accusé d'être à la tête d'une bande de kidnappeurs. Emprisonné depuis 7 ans au Mexique, son procès n'a toujours pas eu lieu.
Après la libération cette semaine de Florence Cassez, se pose la question du devenir de son ancien compagnon, Israel Vallarta, arrêté avec la Béthunoise en décembre 2005 et toujours en attente de jugement depuis. Désigné par le ministère public comme le leader présumé de la bande de kidnappeurs "Los Zodiaco" ("les Zodiaque"), il avait été interpellé avec son ex-compagne sur une route à une trentaine de kilomètres de Mexico par des agents de la police fédérale. Avec Florence Cassez, Israel Vallarta a été conduit plusieurs heures plus tard dans un ranch où un simulacre d'arrestation en flagrant délit a été monté par la police devant les caméras de télévision.
Pour ce montage, et pour d'autres irrégularités ayant émaillé la procédure, la Cour suprême mexicaine a décidé mercredi d'accorder la liberté immédiate à la Française et l'annulation de sa condamnation à 60 ans de prison pour enlèvements, délinquance organisée et port d'armes prohibées. Au Mexique, plusieurs organisations des droits des victimes craignent aujourd'hui que d'autres condamnés s'engouffrent dans la brèche des vices de procédure pour tenter d'obtenir leur libération. Et on pense en premier lieu à Israel Vallarta.
"Impliqué dans d'autres affaires" selon la juge Olga Sanchez Cordero
Mais la juge de la Cour suprême Olga Sanchez Cordero, qui a proposé la libération de la Française, écarte cette hypothèse, soulignant que les circonstances entourant le dossier de Florence Cassez étaient très particulières. "Vallarta est impliqué dans d'autres affaires, et à la différence de Cassez", il n'y avait pas de droits consulaires à respecter dans son cas. "Il ne s'agit pas d'une situation dont peuvent profiter les autres kidnappeurs" de la bande, a déclaré la juge à la presse mexicaine.
La violation des droits consulaires de la Française était au centre de l'argumentation de la juge, avec sa non-présentation immédiate devant un juge enquêteur et le montage télévisé qui a selon elle porté atteinte à son droit à la présomption d'innocence. Si on peut dire que les droits de Vallarta ont aussi été violés au cours de la procédure, les éléments à charge de son dossier sont plus substantiels et risquent de peser plus lourd dans la balance, affirment les autorités judiciaires.
Selon le procureur général Jesus Murillo Karam, "ce que les juges (de la Cour suprême) ont indiqué, c'est que les erreurs de procédure avaient déformé les preuves" contre Florence Cassez, principalement des témoignages. Mais dans les dossiers de M. Vallarta et des autres membres présumés de cette bande, "il y a des éléments de preuve supplémentaires" laissant peu de place à une annulation pour violation de procédure, a-t-il souligné au micro de Radio Formula.
Aveux sous la torture ?
Par exemple, Israel Vallarta a avoué avoir participé à ces kidnappings, même s'il s'est rétracté plus tard en affirmant que ses aveux avaient été obtenus sous la torture. Une plainte a d'ailleurs été déposée par son avocat. En outre, il est accusé dans une autre affaire d'enlèvement après qu'une jeune femme l'eut identifié comme son ravisseur, et deux de ses frères ainsi que deux de ses neveux sont soupçonnés par la justice d'appartenir au groupe criminel Los Zodiaco.
La version d'Israel Vallarta n'a jamais varié concernant son ancienne compagne. Selon lui, Florence Cassez était totalement innocente. Sept ans après son arrestation, Israel Vallarta attend toujours d'être jugé sans que l'on sache vraiment pourquoi. Une source proche de la famille de l'accusé a indiqué à l'AFP sous couvert de l'anonymat que son avocat attendait pour l'heure que la Cour suprême "dévoile les éléments" du dossier Cassez pour éventuellement les exploiter lors du procès.