Débrayages pour les deux tiers du personnel de Renault Douai sur fond de négociation de l'accord de compétitivité. Les syndicalistes dénoncent un chantage à l'emploi.
Les débrayages à l'usine Renault de Douai ont mobilisé environ deux tiers du personnel, selon les syndicats Force Ouvrière et Sud, qui avaient appelé à protester contre l'accord de compétitivité négocié par le constructeur automobile.
Environ 1.000 employés ont débrayé, sur les 1.500 qui travaillent habituellement dans l'usine à ces horaires, selon des représentants de deux syndicats, qui divergent sur l'impact de cette grève sur la production.
Quelle production ce jour ?
"Pratiquement aucun véhicule n'est sorti de l'usine aujourd'hui", a déclaré à l'AFP le secrétaire du CE (FO, majoritaire sur le site), Jean-Marie Ravry.Anthony Vandingenen, délégué du personnel Sud, estime lui que "200 à 300 véhicules" ont été produits, contre 650 en temps normal.
L'usine a certes "perdu une bonne moitié de la production", mais cela "n'embête pas vraiment les patrons", puisque le carnet de commandes journalier tourne seulement autour de 200 voitures.
Le reste du temps, "c'est du stock qu'on fabrique", rappelle le syndicaliste pour qui l'intérêt de ce type d'action est essentiellement "médiatique", face à une direction qui "aime que cela reste à l'intérieur".
Débrayages
Une cinquantaine d'ouvriers se sont rassemblés peu avant 10H30 devant les grilles de l'usine, arborant des drapeaux français et syndicaux, y compris de la CGT qui avait aussi appelé au débrayage. Dans une courte déclaration, ils ont dénoncé "le recul historique que tente d'imposer Renault" par le biais de l'accord de compétitivité. "C'est un chantage inacceptable et nous ne l'accepterons jamais", ont-ils ajouté, regrettant le refus de la direction de l'usine de rencontrer l'ensemble des grévistes, et non pas uniquement les délégués syndicaux. Des membres du syndicat Sud ont brûlé des pneus devant l'entrée du site, dégageant une épaisse fumée noire.
Reportage Jean-Louis Manand et Antoine Morvan
Du travail jusqu'en 2020 ?
"A Douai, on n'était pas inquiets au début, puisqu'on a le (projet de plateforme industrielle) 15/40 qui nous permettait de travailler jusqu'en 2020. Aujourd'hui, la direction annonce la fermeture de deux sites et nous dit : personne n'est exclu", a expliqué M. Ravry."Ils veulent mettre en concurrence tous les sites, c'est malsain", a-t-il ajouté, dénonçant un "chantage" de la direction de Renault sur des "fermetures de sites et des licenciements secs".
FO dénonce notamment les "détachements obligatoires, remise en cause de l'accord 35h (...) gel des salaires" prévus dans l'accord.
Faiblesse des commandes
L'usine Renault de Douai, qui produit principalement la Scénic, emploie environ 4.700 personnes au total.Alors qu'elle produisait 2.400 véhicules par jour en 2007, l'usine n'en fabrique plus que 800 aujourd'hui, à cause de la faiblesse des commandes, selon M. Ravry, qui a comptabilisé 60 jours de chômage en 2012.
Début 2012, la direction avait annoncé des investissements de 420 millions d'euros dans l'établissement nordiste, pour lui permettre de fabriquer les nouveaux modèles haut de gamme de la maison, l'Espace, en octobre 2014, puis la Laguna un an après