Le célèbre avocat pénaliste Eric Dupond-Moretti s'est insurgé mardi sur Europe 1 contre le documentaire sur l'affaire d'Outreau ("Outreau, l'autre vérité") qui sort mercredi dans les salles, le qualifiant d'"absolue malhonnêteté".
"Il y a toujours un doute pour les gens qui voient le complot partout, il y a toujours des gens qui pensent que les tours du World Trade Center ne se sont pas
effondrées. Ce film est d'une absolue malhonnêteté", a réagi sur Europe 1 Eric Dupond-Moretti, qui défendait dans cette affaire Roselyne Godard, surnommée "la boulangère", une des 13 acquittés d'Outreau.
"On n'a pas été voir les acquittés, on n'a pas été voir (leurs) avocats", déplore notamment l'avocat pénaliste, pour qui dans ce film "on n'a pas raconté la véritable histoire".
"Me Dupond-Moretti a refusé de témoigner dans le film et maintenant, il m'accuse de partialité parce que sa parole n'est pas dans le film", a réagi Serge Garde, joint par l'AFP.
"Dans ce film partial s'engouffre le juge Burgaud, qui vient se faire réhabiliter à peu de frais", accuse aussi Me Dupond-Moretti. Le juge d'instruction témoigne dans ce film pour la première fois depuis son audition devant la commission d'enquête parlementaire. La Chancellerie n'a fait aucun commentaire
sur ce témoignage.
"Un film poisseux"
Pour l'avocat, "ce film, il est poisseux, il est visqueux", "c'est le soupçon qui est lancé" sur les acquittés, "la loterie de la culpabilité".Le dossier de pédophilie d'Outreau avait éclaté en février 2001 et défrayé la chronique. Il avait abouti à un fiasco judiciaire, après deux procès aux assises en 2004 et 2005. Treize des dix-sept accusés ont été acquittés, après parfois trois ans de détention provisoire.
"Outreau, l'autre vérité"
Il donne la parole à une vingtaine d'acteurs ou témoins de l'affaire, parmi lesquels deux enfants victimes, des avocats ainsi que Fabrice Burgaud, qui défend son travail controversé de juge d'instruction dans ce dossier.Le réalisateur Serge Garde affirme apporter "un autre regard" dans ce film, qui se veut "un décryptage d'une manipulation de l'opinion publique", outre une dénonciation du rôle des médias. Il estime que l'affaire a fait l'objet d'une "instrumentalisation par le pouvoir politique dans le but de supprimer la fonction de juge d'instruction".