France 3 Nord Pas-de-Calais a sondé 231 communes de plus de 4 000 habitants au sujet de la mise en place de la semaine de 4 jours et demi dans les écoles. Seules 43 d'entre elles appliqueront cette réforme dès la rentrée de septembre 2013.
Afficher 4.5 jours à l'école : les communes prêtes pour 2013 sur une carte plus grandeLa semaine de 4 jours et demi dès la rentrée 2013 ou reportée à la rentrée 2014 ? Les communes de la région avaient jusqu'au 31 mars pour choisir. Nous avons sondé 231 communes de plus de 4 000 habitants dans le Nord Pas-de-Calais : seules 43 d'entre elles mettront en oeuvre la réforme dans leurs écoles dès la prochaine rentrée de septembre 2013. Soit environ 18.5%...
Sommaire :
- Les villes prêtes pour la rentrée 2013 (avec carte).
- Les villes qui souhaitent reporter à la rentrée 2014 (avec carte).
- Les villes qui n'ont pas encore communiqué leur réponse.
Les communes qui sont prêtes pour la rentrée 2013
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Abscon | Achicourt | Aire-sur-la-Lys | Arras | Barlin | Beaurains |
Beuvrages | Boulogne-sur-Mer | Bourbourg | Bruay-sur-l'Escaut | Cappelle-la-Grande | Condé-sur-l'Escaut |
Dainville | Dechy | Denain | Desvres | Etaples | Feignies |
Grande-Synthe | Haillicourt | Hazebrouck | Hem | Hergnies | Isbergues |
Marck | Marquise | Maubeuge | Nieppe | Oignies | Orchies |
Outreau | Le Quesnoy | Quiévrechain | Raimbeaucourt | Raismes | Roubaix |
Saint-Laurent-Blangy | Saint-Nicolas | Saint-Omer | Saint-Pol-sur-Ternoise | Solesmes | Vieux-Condé |
Wasquehal |
Ces communes sont minoritaires dans la région. Dès la rentrée 2013, leurs écoles proposeront une semaine de 4 jours et demi, avec des heures de classe allégées, complétées par des activités dites "périscolaires" (sport, musique, arts....). Dans la plupart des cas, les élèves auront classe le mercredi matin plutôt que le samedi matin, même si des réunions de concertation doivent encore avoir lieu. "C'est une excellente chose pour les enfants", assure Thérèse Guilbert, la maire socialiste d'Outreau. "Ayant été enseignante, j'ai pu constater la fatigue des enfants avec l'accumulation des apprentissages". "Si ce rythme est bon pour l'enfant autant l'appliquer tout de suite", estime Francis Vercamer, le maire UDI de Hem, l'un des rares députés de l'opposition à mettre la réforme en oeuvre dans sa commune, dès la prochaine rentrée. "Un rapport parlementaire avait déjà été remis au précédent ministre de l'Education Nationale, Luc Chatel. Qu'il soit de gauche ou droite, le gouvernement aurait de toute façon décidé du retour de la semaine de 4 jours et demi."
"On va essuyer les plâtres", appréhende cependant Gérard Pécron, maire PS de Desvres. "Mais on aura de l'aide, pas seulement financière, mais aussi de la part de l'inspection académique". La municipalité d'Outreau hésite encore sur la place des activités artistiques ou sportives dans la journée. "Ce sera soit au moment de la pause méridienne, entre 13h30 et 14h30, soit après la classe, entre 15h30 et 16h30", explique Thérèse Guilbert. "Nous souhaitons avoir le maximum d'enfants qui participent à ces activités". A Bruay-sur-l'Escaut, la classe se terminera à 15h30. "Les activités périscolaires auront lieu jusqu'à 16h30", détaille le maire socialiste Jacques Marrissiaux. "Nous souhaitons mettre en place également un service de garderie gratuite, après 16h30, pour prolonger ce temps périscolaire".
Pour beaucoup de ces municipalités, l'aide financière promise par l'Etat a été un élément décisif : 50 euros par élève inscrit aux activités périscolaires pour la première annnée, voire 90 euros par élève pour les communes les moins favorisées. "Avec 90 euros, on est à l'équilibre", avance Jean-Michel Szatny, maire PS de Dechy, A Quiévrechain, en revanche, l'aide de l'état ne couvrira que "40% du coût de la réforme", selon le maire communiste, Michel Lefebvre, qui envisage de demander une contribution des familles pour les activités périscolaires. "Sauf si ces activités sont obligatoires, auquel cas elles seront gratuites", nous a-t-il précisé le mardi 19 mars, après la parution de cet article. "Dans la mesure du possible, on souhaite un maximum de gratuité, mais il n'y aura pas de systématisme. La commune subventionne déjà deux écoles de danse à hauteur de 300 000 euros chaucune. Si les activités périscolaires sont facultatives, ce sera aux associations qui les assurent de voir avec les familles le montant de leur participation".
A Barlin, commune du Béthunois de 7 500 habitants, la facture pour les finances municipales devrait se situer entre 60 000 et 100 000 euros, selon le maire Michel Dagbert. "Tout dépend si on organise les activités périscolaires dans chaque école ou si on les regroupe en un seul lieu", nous a expliqué l'élu socialiste.
Plusieurs communes qui étaient favorables à une application dès la rentrée 2013 ont parfois préféré rebrousser chemin, en optant finalement pour un report à 2014. C'est le cas notamment de Berck, Béthune, Carvin, Courcelles-les-Lens, Halluin, Haubourdin, Loos, Merville et Santes.
Les communes qui reportent à la rentrée 2014
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Angres | Aniche | Annay | Annoeullin | Annezin | Anzin |
Ardres | Armentières | Arques | Auberchicourt | Auby | Auchel |
Auchy-les-Mines | Audruicq | Aulnoye-Aymeries | Aulnoy-lez-Valenciennes | Avesnes-sur-Helpe | Avion |
Bailleul | Baisieux | Bapaume | La Bassée | Bauvin | Berck |
Béthune | Beuvry | Biache-Saint-Vaast | Billy-Berclau | Billy-Montigny | Blendecques |
Bondues | Bouchain | Bousbecque | Bray-Dunes | Brebières | Bully-les-Mines |
Calais | Calonne-Ricouart | Cambrai | Carvin | Le Cateau-Cambrésis | Caudry |
La Chapelle-d'Armentières | Comines | Coudekerque-Branche | Coulogne | Courcelles-les-Lens | Courrières |
Crespin | Croix | Cucq | Cuincy | Cysoing | Divion |
Douai | Douchy-les-Mines | Dourges | Douvrin | Dunkerque | Erquinghem-Lys |
Escaudain | Escautpont | Estaires | Evin-Malmaison | Faches-Thumesnil | Ferrière-la-Grande |
Flers-en-Escrebieux | Flines-lez-Raches | Fouquières-lès-Lens | Fourmies | Fresnes-sur-Escaut | La Gorgue |
Grand-Fort-Philippe | Gravelines | Grenay | Guesnain | Guines | Haisnes |
Hallennes-lez-Haubourdin | Halluin | Harnes | Haubourdin | Hautmont | Hénin-Beaumont |
Hersin-Coupigny | Hondschoote | Houdain | Houplines | Jeumont | Lallaing |
Lambersart | Lambres-lez-Douai | Laventie | Leers | Leffrinckoucke | Leforest |
Lens | Lesquin | Lestrem | Libercourt | Liévin | Lille |
Lillers | Linselles | Loison-sous-Lens | Longuenesse | Loon-Plage | Loos |
Loos-en-Gohelle | Louvroil | Lys-lez-Lannoy | La Madeleine | Maing | Marchiennes |
Marcq-en-Baroeul | Marles-les-Mines | Marly | Marquette-lez-Lille | Masny | Mazingarbe |
Méricourt | Merville | Mons-en-Baroeul | Montigny-en-Gohelle | Montigny-en-Ostrevent | Mouvaux |
Neuville-en-Ferrain | Noeux-les-Mines | Noyelles-Godault | Noyelles-sous-Lens | Onnaing | Ostricourt |
Oye-Plage | Pecquencourt | Pérenchies | Petite-Forêt | Phalempin | Le Portel |
Provin | Quesnoy-sur-Deûle | Rang-du-Fliers | Ronchin | Roncq | Roost-Warendin |
Rousies | Rouvroy | Sailly-sur-la-Lys | Sainghin-en-Weppes | Sains-en-Gohelle | Saint-Amand-les-Eaux |
Saint-André-lez-Lille | Saint-Etienne-au-Mont | Saint-Martin-Boulogne | Saint-Saulve | Sallaumines | Sangatte |
Santes | Seclin | Sequedin | Sin-le-Noble | Somain | Steenvoorde |
Templeuve | Téteghem | Thumeries | Toufflers | Le Touquet | Tourcoing |
Trith-Saint-Léger | Valenciennes | Vendin-le-Vieil | Vermelles | Villeneuve-d'Ascq | Vimy |
Vitry-en-Artois | Wallers | Wambrechies | Wattignies | Wattrelos | Wavrin |
Waziers | Wimereux | Wervicq-Sud | Wimille | Wingles | Wormhout |
Dans notre région,186 communes de plus de 4 000 habitants préfèrent reporter la réforme à 2014. "Nous ne sommes pas défavorables à cette réforme sur la dimension du temps de l'enfant", explique Jean-François Caron, le maire écologiste de Loos-en-Gohelle, dans l'ancien bassin minier. "Mais nous considérons que, dans les conditions dans lesquelles elle est mise en oeuvre, ce n'est pas possible. C'est un transfert de charge pour les communes. Chez nous, il faudrait recruter 60 titulaires du BAFA (Brevet d'Aptitude aux Fonctions d'Animateur en accueil collectif de mineurs) pour encadrer les enfants pendant trois-quarts d'heure seulement par jour. C'est une forme de démantèlement de l'éducation nationale, car on va confier aux communes des activités éducatives. C'est aussi une discrimination en fonction de la richesse des communes". Pour Laurent Feutry, maire divers droite du Portel, l'aide proposée par l'Etat est insuffisante. "C'est une petite carotte maigrichonne qui ne sera valable que la première année", regrette-t-il . "C'est incroyable que les Caisses d'Allocations Familiales ne participent pas davantage, vu les enjeux familiaux", déplore Bernard Hassebroeck, le maire PS, d'Armentières qui dit pourtant "partager la réforme à 100%".
Jean-Claude Quennesson, le maire PCF de Somain, dans le Douaisis, dénonce de son côté "une réforme précipitée qui pose problème sur l'encadrement du périscolaire". "On nous dit aujourd'hui qu'un adulte suffit à encadrer 18 enfants, mais est-ce que c'est vraiment suffisant ?", s'interroge-t-il. "Est-ce qu'avec un BAFA délivré au bout de 3 semaines de formation, on est vraiment capable de prendre en charge des gosses ?"
Certaines communes, qui étaient favorables au départ à une mise en oeuvre de la réforme dès la rentrée 2013, ont préféré reporter d'une année finalement. C'est le cas notamment de Saint-Amand-les Eaux. "J'étais très enthousiaste pour 2013", admet le député-maire communiste Alain Bocquet. "Avec nos écoles de musique, de danse et d'arts, nous avions des outils et des potentiels disponibles. Mais c'était impossible de trouver un consensus entre la municipalité, les parents d'élèves et les enseignants. J'ai fait la demande pour expérimenter les nouveaux rythmes dans une seule école, Marcel Benoist, mais l'inspection académique n'a pas validé. Visiblement, c'est tout ou rien".
Dans l'ensemble, les principales villes de la région ont quasiment toutes opté pour le report, tout bord politique confondu. Ainsi Armentières, Béthune, Calais, Cambrai, Douai, Dunkerque, Lens, Liévin, Lille, Tourcoing, Valenciennes ou Villeneuve d'Ascq ne mettront en place la semaine de 4 jours et demi qu'en septembre 2014. Les villes veulent "se donner du temps", car cette réforme va bouleverser l'organisation du personnel municipal comme celle des associations. "J'ai 90 assistantes maternelles sur ma commune", explique ainsi le maire socialiste de Gravelines, Bertrand Ringot. "On ne peut pas leur retirer du travail comme ça, d'un seul coup".
A Lille, Martine Aubry s'est donnée un an pour généraliser les 4 jours et demi déjà expérimentés à Lomme, une commune associée. La maire socialiste a d'ores et déjà opté pour le samedi martin, au lieu du mercredi matin. "Nous avons la conviction que c'est la meilleure solution", a-t-elle expliqué dans une interview au Monde. "J'entends les inquiétudes de certains parents, qui craignent de moins voir leurs enfants. Mais il est important d'écouter aussi les pédagogues, médecins, psychologues, chronobiologistes : ils considèrent que la coupure de deux jours le week-end est une rupture du rythme de l'enfant, qui a du mal ensuite à se remettre en classe le lundi matin. Sur le plan pratique, les familles se sont organisées pour leur mercredi, et beaucoup d'entre elles auraient du mal à venir chercher leurs enfants le mercredi midi. De plus, les parents pourront rencontrer plus facilement les enseignants le samedi".
La tenue des élections municipales l'an prochain a du sans doute également inciter de nombreuses communes à la prudence quant à l'application de cette réforme.
Les communes qui n'ont pas communiqué leur choix
Seules 2 communes n'ont pas souhaité nous répondre à ce jour : il s'agit de Bruay-la-Buissière et Fenain.