Que s'est-il passé ce jeudi à Montigny-en-Gohelle ? Pourquoi l'interpellation de Lahoucine Aït Omghar a-t-elle mal tourné ? Le point sur les faits, l'enquête et les questions qui subsistent ce vendredi matin.
Tentative d'extorsion de fonds à Fontaine Notre-Dame (près de Cambrai) : que s'est-il passé ?
Lahoucine Aït Omghar était recherché par la police après avoir tenté jeudi matin, muni d'une paire de ciseaux, d'extorquer de l'argent à la gérante d'un hôtel de Fontaine-Notre-Dame, près de Cambrai (Nord), où il avait passé la nuit. "Je veux mon argent, donne-moi la caisse", a-t-il dit à Sarah, la réceptionniste de l'hôtel Tabl'hôtel, rapporte La Voix du Nord. Mais la caisse étant vide à cette heure-là (7h du matin environ), le jeune homme est reparti avec sa paire de ciseaux à bord de son Scenic bleu. Les faits n'ont pas semblé très graves à la réceptionniste de l'hôtel puisqu'elle dit avoir dans un premier temps hésité à porter plainte.L'interpellation à Montigny-en-Gohelle : que s'est-il passé ?
Une patrouille de quatre policiers de Cambrai s'est rendue à l'adresse du domicile de Lahoucine Aït Omghar identifiée grâce au véhicule, selon le procureur de la république de Béthune. Sur place, ils ont vu le jeune homme assis dans sa voiture, à une vingtaine de mètres du domicile de ses parents.Le policier est ensuite tombé à terre, à plat sur le dos, sa tête heurtant le sol. Il a commencé à saigner abondamment et perdu connaissance. Le jeune homme se baissant pour lui porter un nouveau coup de ciseau au cou ou au visage, les deux autres policiers ont ouvert le feu. Leurs balles ont atteint mortellement le jeune homme, l'une à l'aine et l'autre à l'abdomen, selon les premiers éléments.
Le policier blessé est sorti de l'hôpital hier jeudi dans la soirée.
Légitime défense ?
La famille de la victime a dénoncé le caractère "disproportionné" de la réponse policière. Mais le procureur de Béthune, Philippe Peyroux, a assuré à l'AFP que "les premiers éléments laissent à penser que les policiers n'ont pas agi de façon inconsidérée et ont agi ainsi pour protéger l'un des leursdont la vie était menacée".
Quatre coups de feu au total ont été tirés par les policiers, dont l'un, semble-t-il, accidentellement, au moment où le policier est tombé à terre.
"Les trois policiers sont extrêmement traumatisés par ce qui s'est passé et sont pris en charge sur un plan médical et psychologique", a indiqué le préfet du Pas-de-Calais Denis Robin, sur place. Le syndicat Alliance justifie également les tirs en invoquant la légitime défense.
Malgré la "douleur" de la famille, le préfet a souligné la "dignité" des proches dans cette affaire.
La famille, qui a exprimé son voeu de "calmer les tensions survenues dans le quartier", a également souhaité que la justice "fasse son travail" et annoncé son intention de porter plainte, souhaitant que l'IGPN, la "police des polices", soit saisie.
"On est révoltés ! Pourquoi avoir utilisé directement trois coups de feu sur mon cousin, plutôt qu'un Taser pour le maîtriser ?", a déploré Fatima, cousine de la victime.
Qui était Lahoucine Aït Omghar ?
Il était auto-entrepreneur. Il retapait des véhicules d'occasion et les revendait. Un jeune homme calme, sans histoires, selon sa famille et des voisins interrogés ce jeudi après-midi. Il a été condamné il y a 5 ans pour possession de stupéfiants.Une marche silencieuse à sa mémoire va être organisée ce vendredi. Elle partira à 15h de Montigny-en-Gohelle et ira jusqu'au commissariat d'Hénin-Beaumont.