Lille : 160 Roms attendent que la justice examine une demande d'expulsion

"Partir? Mais pour aller où?" Les 160 Roms installés depuis deux ans dans un bidonville le long d'une voie rapide à Lille attendent avec appréhension l'audience, mercredi, du tribunal administratif auquel Martine Aubry a demandé d'ordonner leur expulsion.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Un chemin de vieux matelas et de bouts de moquette enfoncés dans la boue mène à la trentaine de cabanes de vieilles planches recouvertes de bâches en plastique, tout au bout du parc de la Plaine Winston-Churchill, au bord du Vieux-Lille.

Quarante familles, originaires des environs d'Oradea, dans le nord-ouest de la Roumanie, vivent là depuis deux ans, sans électricité, sans eau courante, sans toilettes, dans une cuvette marécageuse. Environ 2.600 Roms sont installés dans une quarantaine de campements dans la métropole lilloise. 

L'occupation illicite du terrain, propriété de la Ville de Lille, "porte une atteinte grave à la salubrité publique en raison des déchets sauvages et des excréments qui s'entassent depuis plusieurs mois", affirme Mme Aubrydans sa requête en référé devant le tribunal administratif.

La pérennisation du campement, initialement envisagée, a été abandonnée, la zone étant fortement inondable et peu accessible, souligne la maire de Lille dans un courrier adressé le 18 février au préfet du Nord, en lui demandant d'étudier "la mise à disposition de terrains hors de la métropole lilloise" pour ces familles.


"Pas d'évacuation sans solution"

"Partir? Mais pour aller où? Et qu'est-ce qu'on va faire des enfants qui vont à l'école?" demande Gabi Ciuar, 28 ans, le "chef" du campement. "Ici, c'est une bonne place, on est tranquille", assure-t-il à l'AFP, dans sa cabane propre et rangée, décorée de fleurs en plastique.

Vingt-cinq enfants sont scolarisés dans le Vieux-Lille depuis Noël, une quarantaine d'autres attendent une place en primaire ou en collège. "On a fait un énorme travail autour de la scolarisation des enfants", explique Patrick Vigneau, le directeur des travailleurs sociaux chargés des Roms à Lille. "C'est un processus qui prend beaucoup de temps."

La demande d'expulsion provoque l'incompréhension des associations. "On les a incités à rester et, du jour au lendemain, on apprend qu'ils sont indésirables", souligne Me Norbert Clément, l'avocat du Collectif solidarité Roms de Lille.

En août 2012, plusieurs centaines de Roms installés à Lille-Hellemmes et Villeneuve-d'Ascq, dans la banlieue de Lille, avaient été évacués par la police. Ils se sont depuis répartis dans d'autres campements illégaux de l'agglomération.

"Le scénario d'août 2012, c'est l'échec", admet Michel-François Delannoy, vice-président PS de la communauté urbaine Lille Métropole, au nom de Mme Aubry, sa présidente. "Cela n'a fait avancer en rien le processus que nous souhaitons : une implantation plus équilibrée à l'échelle de la région".

Si le tribunal administratif ordonne l'évacuation du campement, ce sera à la Ville
de Lille de décider de sa mise en oeuvre
. "On ne demandera pas d'évacuation tant qu'il n'y aura pas des solutions", promet M. Delannoy. "Je suis content que M. Delannoy s'engage à cela et je lui demanderai des comptes", dit le père Arthur, 76 ans, qui apporte chaque jour ou presque du pain, des vêtements ou des médicaments aux occupants de la Plaine Winston-Churchill. "Si on les fait partir, je serai là en habit religieux."

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information