Les adversaires de Fabian Cancellara, grand favori dimanche de Paris-Roubaix, cherchent en vain la recette-miracle pour battre le Suisse, surtout si "Spartacus" se présente dans la même forme qu'au Tour des Flandres.
"Physiquement, il est au-dessus du lot", estime Frédéric Guesdon, l'ex-vainqueur de la "reine des classiques" devenu directeur sportif à l'occasion pour la FDJ, l'équipe d'un autre lauréat de Paris-Roubaix (Marc Madiot).
"En force pure, il est imbattable !"
En écho, Dominique Arnould, qui dirige l'autre équipe française très compétitive sur les classiques des pavés (Europcar), renchérit: "Il est un ton au-dessus de tous les autres. Le problème avec lui, c'est qu'il roule plus vite que cinq coureurs derrière..."La supériorité athlétique de "Spartacus" est admise par tous. Surtout après son numéro ahurissant sur les 13 derniers kilomètres de plat, face au vent, pour rejoindre l'arrivée du "Ronde" à Audenarde.
Un précédent existe toutefois pour remonter le moral de ses adversaires, entretenir l'incertitude. En 2011, le Suisse s'était montré le plus fort sur les routes flandriennes bien qu'il ait été battu dans le final. Encore dominateur sur les pavés de Paris-Roubaix, il avait dû se satisfaire de la deuxième place derrière le Belge Johan Vansummeren. Par la faute d'une course en partie débridée et du marquage au cuissard exercé contre lui.
"Personne n'est à l'abri !"
"La seule tactique possible est de l'esseuler", confirme Arnould. "Cela suppose de partir de loin, de faire travailler ses équipiers en allant à la bagarre dans tous les secteurs pour les éliminer".Un travail d'équipe comme le fit la formation de Vansummeren en 2011 avec Hushovd préposé au marquage. Plusieurs formations sont armées pour choisir cette option, BMC (Phinney, Hushovd), Sky (Boasson Hagen, Thomas), et Omega Pharma malgré l'absence du Belge Tom Boonen. "Mais les coureurs protégés doivent aussi prendre des risques", précise Arnould en relevant que les équipiers de Cancellara se sont montrés à la
hauteur dimanche dernier en terre flandrienne.
"En 2011, il n'avait pas une grosse équipe et il s'était laissé déborder, rappelle Guesdon. Cette fois, son équipe tient la route. Il va rester avec son groupe le plus longtemps possible avant de passer à l'attaque". Quitte à se lancer dans un raid osé d'une cinquantaine de kilomètres, comme en 2010.
Pour le dernier vainqueur français à Roubaix, le meilleur Cancellara ne serait en réel danger que "si malheureusement il lui arrivait quelque chose". Autrement dit, une succession de problèmes ou une chute, un incident dont il a été victime deux fois cette semaine, au GP de l'Escaut (mercredi) puis lors de la reconnaissance de Paris-Roubaix (jeudi).
Guesdon ajoute deux bémols. Les averses, qui pourraient réduire la marge du Suisse et augmenter les risques sur un sol boueux. Les circonstances de course ensuite, susceptibles d'affaiblir son équipe prématurément et rendre Cancellara plus vulnérable. Car tout peut changer très vite sur les pavés: "Personne n'est à l'abri !"