Selon le Figaro, le ministère de l'Education Nationale envisagerait de "fermer progressivement" les internats d'excellence qui accueillent des élèves d'origine modeste. Un dispositif très coûteux qui semble faire ses preuves.
C'est le site internet du Figaro qui l'affirme : "les internats d'excellence devraient progressivement fermer leurs portes". Le quotidien accuse le ministre de l'Education Nationale, Vincent Peillon, de vouloir "démanteler" l'un des dispositifs phares du précédent gouvernement, mis en place à la rentrée 2008, qui serait jugé trop coûteux malgré des résultats positifs.
Ces internats "d'excellence" sont des établissements publics destinés aux jeunes élèves méritants issus de milieux modestes. Le Nord Pas-de-Calais en compte un à Douai, ouvert en 2010, qui accueille 140 élèves de 4e, 3e, seconde et première.Tous passent la semaine sur place. Notre consoeur de France 3 Nord Pas-de-Calais, Marie-Candice Delouvrié, a passé plusieurs mois en immersion dans cet internat et en a tiré un documentaire, l"Excellence en chantier", diffusé sur notre antenne et sur la chaîne Public Sénat.
En effet, cette circulaire, publiée jeudi au Bulletin Officiel, ne mentionne pas explicitement le démantèlement des internats d'excellence. Il est juste indiqué que "pour favoriser la réussite de chacun, tous les internats, dans leur diversité, doivent proposer l'excellence scolaire et éducative aux élèves accueillis". Le fait que TOUS les internats doivent proposer à l'avenir l'excellence signifie-t-il réellement la fermeture des internats d'excellence ? Malik Yahiatène en tout cas ne semble pas y croire. "Une grosse partie du financement a été lancée avec le grand emprunt", explique-t-il. "Les financements sont en cours pour les 3 à 5 ans à venir. Chez nous, 22 millions d'euros ont déjà été débloqués pour effectuer des travaux. Ce n'est pas pour tout arrêter comme ça, du jour au lendemain". En revanche, selon lui, le ministre de l'Education Nationale devrait renoncer aux 10 000 places supplémentaires que son prédécesseur envisageait d'ouvrir en France dans les internats d'excellence, limitant du coup le dispositif aux 10 000 places déjà programmées.
Un dispositif efficace mais coûteux
Un rapport de l'Institut des Politiques Publiques vient d'être publié au sujet de l'internat d'excellence de Sourdun, ouvert en 2009 en région parisienne. "D'après nos calculs, la dépense par élève (y) est environ deux fois supérieure à celle que l'on observe dans les établissements où sont scolarisés les élèves témoins, une différence qui s'explique en grande partie par le coût de l'internat.", peut-on y lire. "On peut donc comparer l'impact de Sourdun à celui que l'on obtiendrait si on divisait par deux la taille des classes, puisque cela conduirait également à doubler la dépense par élève".
Mais selon l'étude, le dispositif se révèle aussi efficace. On note ainsi une "forte amélioration des résultats en mathématiques" par rapport aux autres élèves qui n'ont pas été retenus, ainsi qu"'une ambition scolaire accrue" chez les élèves comme chez leurs parents. Le rapport explique les effets positifs constatés par le cadre "propice au travail de l'internat", comme le faible absentéisme, ainsi que par le fort investissement des enseignants et des élèves dans le travail personnel et le soutien individuel. "Il est possible, par un dispositif ciblé, d'accroître significativement les compétences et l'ambition scolaires d'élèves d'origine modeste", conclut l'étude, en tout cas avec des élèves de "niveau scolaire médian". Reste à savoir ce qu'il en serait avec des élèves "plus faibles ou moins motivés".