Affaire Tapie : Jean-Louis Borloo a-t-il joué un rôle dans le choix de l'arbitrage ?

Jean-Louis Borloo, président de l'UDI et député du Nord, aurait été mis en cause par Stéphane Richard, alors directeur de cabinet au ministère de l'Economie et de Finances. Il nie toute implication. Stéphane Richard lui-même dément.

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Jean-Louis Borloo était interrogé par RTL sur des déclarations de Stéphane Richard, aujourd'hui PDG d'Orange et alors son directeur de cabinet au ministère de l'Economie et des Finances, selon lesquelles une de ses premières décisions de ministre aurait été d'aller vers l'arbitrage.

"C'est faux", a tranché le député du Nord. "J'ai passé quatre semaines à Bercy, personne ne m'a jamais sollicité dans ce dossier-là. Je ne m'en suis pas saisi, le CDR ne m'a pas sollicité, personne ne m'a sollicité, Je n'ai donné aucune instruction".

Après "on aurait pu me demander mon avis mais personne" ne l'a fait, a-t-il assuré. "Il n'y a pas eu une réunion de travail, même pas le début d'un début de travail. Quatre semaines, c'est extrêmement court". "Je suis en désaccord avec Stéphane Richard, totalement", poursuivi M. Borloo.

L'amitié Tapie-Borloo

Comme on évoquait son amitié avec Bernard Tapie, M. Borloo a répondu : "ça, c'est une affaire qui me regarde". "C'est trop facile", s'est-il exclamé en s'insurgeant contre des thèses le mettant en cause: "+Puisqu'il a été son avocat il y a 25 ans et qu'il a passé quatre semaines à Bercy, évidemment, il décide, il initie+. Rien de tout cela n'est évidemment juste". "Les raccourcis sont un peu commodes" !"

"Je ne connais pas Pierre Estoup", a-t-il dit, pas plus que l'autre juge arbitral, l'avocat Jean-Denis Bredin, et le troisième Pierre Mazeaud, il l'a "croisé à l'Assemblée". "Laissons faire la justice", a-t-il demandé.

Comme on lui demandait si une remise en cause de l'arbitrage serait opportune, il a objecté : "je n'ai pas de commentaire à faire sur un dossier que je n'ai même jamais lu. Voilà !". Il a assuré le connaître "par la presse, exclusivement".

"Jamais, même allusivement, Christine Lagarde ne m'en a parlé", a-t-il dit, alors que pourtant "on a passé quelques heures dans des avions". "Jamais, jamais", a-t-il martelé.

Stéphane Richard : "je n'a jamais dit publiquement que c'était M. Borloo"

Stéphane Richard, aujourd'hui PDG d'Orange, a lui-même réfuté jeudi avoir mis en cause Jean-Louis Borloo dans l'affaire Tapie/Adidas. "Je n'ai jamais dit publiquement que c'était M. Borloo qui avait décidé de l'arbitrage, on essaye de dresser les uns contre les autres et créer une polémique", a-t-il déclaré à l'AFP.

Selon lui, "la proposition d'arbitrage est venue du président du CDR", Jean-François Rocchi.

Le CDR, consortium de réalisation, est le gérant chargé de liquider le passif du Crédit Lyonnais. Jean-François Rocchi, qui en a été président de 2007 à avril 2013, avait mis en oeuvre l'arbitrage ayant accordé 403 millions d'euros à Bernard Tapie dans son contentieux avec le Crédit Lyonnais sur le rachat d'Adidas en 1993.

Selon l'ex-chef de cabinet de M. Borloo et de Mme Lagarde, la proposition d'arbitrage a été envisagée avant l'élection présidentielle de 2007 et transmise au ministre de l'Economie de l'époque, Thierry Breton, qui avait préféré ne pas trancher avant l'élection.

"On a retrouvé ce dossier en 2007", après l'élection présidentielle, "M. Rocchi est venu me voir à Bercy", a précisé M. Richard. "Mon rôle a été celui d'interlocuteur. C'est le président du CDR qui a mené l'intégralité du dossier".

Escroquerie en bande organisée

La directrice du FMI, Christine Lagarde, a été placée sous le statut de témoin assisté, dans l'enquête sur le règlement en 2008 du litige avec Bernard Tapie après la vente d'Adidas.

Le tribunal arbitral a octroyé à l'homme d'affaires 403 millions d'euros. Un de ses trois membres, l'ancien haut magistrat Pierre Estoup, a été mis en examen pour escroquerie en bande organisée.

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