Bac philo : 40 000 candidats ont planché ce lundi matin, découvrez leurs sujets !

C'est parti pour le bac 2013 : gorge serrée ou décontraction affichée, 40 000 candidats nordistes se sont installés ce lundi matin dans leur centre d'examen, où ils ont découvert à 8h00 leurs sujets de philosophie, sur lesquels ils ont planché pendant quatre heures. Voici les sujets par série.

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C'est la philo qui ouvre traditionnellement le bal des épreuves pour les bacheliers généralistes, et le français pour la filière professionnelle. Pour le bac
pro, la première épreuve sera aussi la philo, mais dans l'après-midi.

Peu avant 7h30 lundi, et l'ouverture des centres d'examen, les candidats sont arrivés par petits groupes. Devant le lycée Pasteur, à Lille, la plupart des élèves de terminale se disaient "pas stressés", même si beaucoup relisaient une dernière fois leurs fiches de révision. Clément, tignasse blonde en bataille, affirme d'un ton nonchalant avoir "fait l'impasse sur la philo, car c'est seulement coeff 3" pour les scientifiques. En guise de préparation de dernière minute, il lit "La philo pour les Nuls" en grillant une cigarette. Catherine et Céleste, elles, n'ont pas négligé la philo car "on peut y jouer une mention".

"C'est toujours stressant avant de venir, mais une fois qu'on est devant la copie, c'est bon", prévoit Arthur. "Tout dépendra du sujet", nuance-t-il avant de franchir la grille.

Nos journalistes Didier Pithon et Jean-Marc Vasco étaient ce lundi matin à Arras au lycée Robespierre.


Les sujets par série


                   Série L (littéraire) coefficient 7
       
- Le langage n'est-il qu'un outil ?
- La science se limite-t-elle à constater les faits ?
- Expliquer un texte de René Descartes extrait de "Lettre à Elisabeth"
Bien que chacun de nous soit une personne séparée des autres, et dont, par conséquent, les intérêts sont en quelque façon distincts de ceux du reste du monde, on doit toutefois penser qu’on ne saurait subsister seul, et qu’on est, en effet, l’une des parties de l’univers, et plus particulièrement encore l’une des parties de cette terre, l’une des parties de cet Etat, de cette société, de cette famille, à laquelle on est joint par sa demeure, par son serment, par sa naissance. Et il faut toujours préférer les intérêts du tout, dont on est partie, à ceux de sa personne en particulier ; toutefois avec mesure et discrétion1, car on aurait tort de s’exposer à un grand mal, pour procurer seulement un petit bien à ses parents ou à son pays ; et si un homme vaut plus, lui seul, que tout le reste de sa ville, il n’aurait pas raison de se vouloir perdre pour la sauver. Mais si on rapportait tout à soi-même, on ne craindrait pas de nuire beaucoup aux autres hommes, lorsqu’on croirait en retirer quelque petite commodité, et on n’aurait aucune vraie amitié, ni aucune fidélité, ni généralement aucune vertu ; au lieu qu’en se considérant comme une partie du public, on prend plaisir à faire du bien à tout le monde, et même on ne craint pas d’exposer sa vie pour le service d’autrui, lorsque l’occasion s’en présente.

                  Série S (scientifique) coefficient 3
      
- Peut-on agir moralement sans s'intéresser à la politique ?
- Le travail permet-il de prendre conscience de soi ?
- Expliquer un texte de Henri Bergson extrait de "La pensée et le mouvant".
"Prenons maintenant un exemple où apparaissent une volonté droite, c’est-à-dire juste, la liberté du choix et le choix lui-même ; et aussi la façon dont la volonté droite, tentée d’abandonner la rectitude, la conserve par un libre choix. Quelqu’un veut du fond du coeur servir la vérité parce qu’il comprend qu’il est droit d’aimer la vérité. Cette personne a, certes, la volonté droite et la rectitude de la volonté ; mais la volonté est une chose, la rectitude qui la rend droite en est une autre. Arrive une autre personne la menaçant de mort si elle ne ment. Voyons maintenant le choix qui se présente de sacrifier la vie pour la rectitude de la volonté ou la rectitude pour la vie. Ce choix, qu’on peut aussi appeler jugement, est libre, puisque la raison qui perçoit la rectitude enseigne que cette rectitude doit être observée par amour de la rectitude elle-même, que tout ce qui est allégué pour son abandon doit être méprisé et que c’est à la volonté de repousser et de choisir selon les données de l’intelligence rationnelle ; c’est dans ce but principalement, en effet, qu’ont été données à la créature raisonnable la volonté et la raison. C’est pourquoi ce choix de la volonté pour abandonner cette rectitude n’est soumis à aucune nécessité bien qu’il soit combattu par la difficulté née de la pensée de la mort. Quoiqu’il soit nécessaire, en effet, d’abandonner soit la vie, soit la rectitude, aucune nécessité ne détermine cependant ce qui est conservé ou abandonné. La seule volonté détermine ici ce qui est gardé et la force de la nécessité ne fait rien là où le seul choix de la volonté opère."

             Série ES (économique et social) coefficient 4
          
- Que devons-nous à l'Etat ?
- Interprète-t-on à défaut de connaître ?
- Expliquer un texte d'Anselme extrait "De la concorde"
Qu’est-ce qu’un jugement vrai ? Nous appelons vraie l’affirmation qui concorde avec la réalité. Mais en quoi peut consister cette concordance ? Nous aimons à y voir quelque chose comme la ressemblance du portrait au modèle : l’affirmation vraie serait celle qui copierait la réalité. Réfléchissons-y cependant : nous verrons que c’est seulement dans des cas rares, exceptionnels, que cette définition du vrai trouve son application. Ce qui est réel, c’est tel ou tel fait déterminé s’accomplissant en tel ou tel point de l’espace et du temps, c’est du singulier, c’est du changeant. Au contraire, la plupart de nos affirmations sont générales et impliquent une certaine stabilité de leur objet. Prenons une vérité aussi voisine que possible de
l’expérience, celle-ci par exemple : « la chaleur dilate les corps ». De quoi pourrait-elle bien être la copie ? Il est possible, en un certain sens, de copier la dilatation d’un corps déterminé à des moments déterminés, en la photographiant dans ses diverses phases. Même, par métaphore, je puis encore dire que l’affirmation « cette barre de fer se dilate » est la copie de ce qui se passe quand j’assiste à la dilatation de la barre de fer. Mais une vérité qui s’applique à tous les corps, sans concerner spécialement aucun de ceux que j’ai vus, ne copie rien, ne reproduit rien.



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