Stade Pierre-Mauroy : pourquoi ce n'est peut-être pas une bonne idée

Le choix de donner le nom de Pierre Mauroy au Grand Stade de Lille a été votée à l'unanimité ce vendredi. Pourtant de nombreuses voix, politiques et citoyennes, se font entendre et critiquent cette délibération surprise. Nous les passons au crible. 

1. Il n'était pas fan de football

C'est vrai ! Pierre Mauroy n'était pas très passionné par le football même s'il a souvent assisté aux matchs du LOSC et longtemps soutenu financièrement avec la mairie de Lille le club. Il n'est en revanche jamais allé au Grand Stade.

Mais l'argument "il n'aimait pas le foot" n'est pas forcément pertinent car le Grand Stade de Lille n'est pas seulement un stade de foot. Il accueillle aussi des spectacles. C'est avant tout un grand équipement qui participe au standing de la métropole lilloise. D'autre part, de nombreux édifices portent un nom prestigieux sans rapport direct avec la personnalité choisie (Stade Nungesser...). 

2. Cela va coûter cher

C'est vrai ! Martine Aubry a annoncé qu'en nommant le stade "Pierre Mauroy", LMCU renonçait au naming. Naming qui faisait pourtant partie du plan de financement du Grand Stade de Lille. A hauteur de 3,5 M€ par an (c'était même plutôt 5M€ au départ). 3,5 M€ que LMCU a financé ces derniers mois faute d'avoir trouvé le bon sponsor. Mais en renonçant définitivement, LMCU change la donne financière et devra renoncer à d'autres investissements : transports ? logements sociaux ? L'annonce d'une aide du conseil général du Nord et du conseil régional ne changent pas grand chose : c'est bien l'argent public qui devrait financer ce manque à gagner

Cela dit, peut-être Pierre de Saintignon, en charge du dossier "naming" depuis plusieurs mois a sans doute conclu qu'il serait quasi impossible de trouver un partenaire qui mettrait 3,5M€ par an pour avoir son nom accolé au Grand Stade. Partouche avait fait une proposition à 2 ou 2,5 M€. Elle a été jugée insuffisante et le nom proposé (un nom de casino) ne rentrait pas dans le cahier des charges. 

Martine Aubry a toutefois mandat de la communauté urbaine pour continuer à rechercher des partenariats public et privé dans la valorisation de la visibilité du stade.

3. Pierre Mauroy n'était pas favorable à ce stade

C'est vrai et faux ! Pierre Mauroy a très longtemps été contre la rénovation de Grimonprez-Jooris ("Avant d'avoir un grand stade, que Lille devienne un grand club", disait-il à l'époque où la mairie renflouait les caisses du LOSC, alors en difficulté sportive et financière).
Il a ensuite soutenu la rénovation de Grimonprez-Jooris. La justice administrative a estimé ce projet illégal. Le Grand Stade tel qu'il est construit s'est donc fait un peu malgré lui...

D'autre part, au moment du choix du constructeur, Pierre Mauroy avait choisi Norpac, un projet beaucoup moins cher mais qui a, au dernier moment fait l'unanimité contre lui au profit d'Eiffage (plus "beau", plus ambitieux et plus cher). Pierre Mauroy a fini par s'y rallier sans cacher qu'il ne trouvait pas ce choix raisonnable financièrement.

Il n'empêche, c'est bien sous la présidence de Pierre Mauroy que la décision finale de construire ce stade a été prise. "C'est le dernier grand projet qu'il a porté et fait voter le 1er février 2008. Il représente à la fois l'attractivité et le rayonnement de la métropole et la proximité aux habitants, associée au sport et à la culture", explique la délibération soumise au vote, à propos du choix du stade.

4. C'est un geste avant tout humain, un hommage mais...

C'est vrai ! Personne ne conteste (encore moins ces quinze derniers jours) les qualités de Pierre Mauroy et sa contribution incontestable au rayonnement lillois. Mais il existe bien des rues ou bâtiments qui auraient pu porter son nom. "Que le stade porte le nom de Pierre Mauroy a sonné comme une évidence", a répondu à cette critique la présidente de la communauté urbaine de Lille, Martine Aubry, évoquant les nombreuses suggestions formulées après la mort de l'ancien premier ministre socialiste, comme donner son nom à une rue, une école, à une gare ou même à la grand'place de la ville. Peut-être des réalisations plus proches de son action politique, de ses "goûts" auraient effectivement suscité moins de critiques comme l'a tweeté cette élue régionale EELV.

5. Cette décision a été prise sans large et long débat

C'est vrai ! Personne n'était au courant avant ce matin de ce projet. Annoncé par Martine Aubry au bureau éxécutif, il a été voté dans la foulée. Impossible pour les élus de prendre du recul et de décider s'il était vraiment opportun de renoncer aux 3,5M€ théoriques au profit d'un hommage aussi justifié soit-il. Les difficultés de trouver un candidat au naming étaient connus depuis plusieurs semaines. Mais elles méritaient sans un doute un débat.

Seuls quelques élus EELV ont décidé de ne pas prendre part au vote. 
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Le Grand Stade est le fruit d'un partenariat public-privé entre une filiale du groupe de BTP Eiffage et la Communauté urbaine. Cette enceinte ultramoderne de 50.283 places, qui a ouvert ses portes à l'été 2012 et reçoit depuis les matches à domicile du Losc, a été retenue pour accueillir des rencontres de l'Euro-2016 en France.


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