Affaire Clélia : le procès de Julien Sailly en direct

Suivez en direct (photos, verbatim, vidéos...) le procès à la Cour d'Assises de Saint-Omer de Julien Sailly accusé d'avoir tué sa petite amie Clélia Medina en 2008 à Lambersart. En première instance, en 2012, il avait été condamné à 20 ans de prison. Il clame son innocence. 

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La 1ère journée du procès en vidéo



Fin de l'audience. Reprise à 9h00 demain. 

Merci d'avoir suivi cette première journée de direct. 

18h20 Une troisième tante paternelle à la barre

"Julien, c’est quelqu’un de très pudique, qui intériorise beaucoup… Je l’ai beaucoup encouragé à mettre sur papier ce qu’il ressentait. Sur la mort de Clélia, mon mari m’a appelée, il m’a dit que Clélia avait été retrouvée morte et que Julien était en garde à vue.

Les choses ont été très vite… On a décidé de ne pas aller aux funérailles de Clélia. Est-ce que c’est le bon choix ? Je sais pas. On a fait au mieux, des fleurs, des messages sur des blogs…


D'habitude, la famille dit d'emblée : c’est pas lui. Mais moi j’ai pas réagi comme cela… Moi j’avais besoin de discuter. Je lui ai posé les questions sur ses disputes avec Clélia à propos de ce que je lisais sur les blogs. Il a toujours accepté d’en parler sans se braquer.


Me Dupond-Moretti, interroge ensuite la témoin : 

-Votre famille pourrait accepter qu’il puisse dire j’ai tué quelqu’un ? 
- Oui, il avait des espaces pour parler. On lui a dit qu’on serait là quand même pour lui mais différemment.

- On a opposé la douleur de votre famille à la douleur de la famille de Clélia…
- Evidemment qu’on n’est pas insensible à la douleur de la famille de Clélia. Cette histoire nous bouleverse tous. Clélia elle était tout en sourire.


18h00 Une deuxième tante paternelle

"Il est arrivé à la maison, il était traumatisé, et très en colère. Il s’est confié, énormément, nous l’avons poussé pour qu’il se livre. Il nous protège plus que lui. La garde à vue l’a traumatisé notamment des photos de Clélia recouverte de sang."

"Julien, c’est mon petit frère, on a à peine 10 ans d’écart. Il me répétait souvent", explique la témoin en sanglots : "j’ai deux regrets : de l’avoir giflée et qu’on ne retrouve pas le connard qui a fait cela."


17h50 Une tante paternelle témoigne


« Il y a une chose qui me fait dire qu’il est innocent : il est très proche de sa famille et si c’était lui, il l’aurait dit. Il n’y aurait eu qu’un procès. On aurait assumé »

Clélia ? « Une fille adorable qui avait du caractère. On sentait que c’était très fort entre-eux malgré leur jeune âge".

De février 2009 à son procès en juin 2012, Julien Sailly a vécu chez cette tante et une autre tante paternelle en région parisienne.

« Il est venu vivre chez moi, il était enragé, très en colère. J’ai été frappée qu’on le salisse, mais tout cela c’est pas grave car on a la conscience tranquille. J’ai été frappée aussi par les témoignages qui s’adaptaient – au second procès - pour coller à l’image de monstre qu’on a voulu faire de lui…"

Pendant cette période, « Julien était incapable de penser à l’avenir. Trop en colère. Et il y avait un procès qui arrivait ».


17h30. Pas de pathologie mentale note un psychiatre

Un expert psychiatre, a vu Julien Sailly le 17 juin 2008. Il déclare à la barre que l'accusé s’adapte facilement à l’entretien, qui s’est déroulé dans des conditions satisfaisantes. Il explique qu’il y avait eu rupture avec Clélia, qu’il avait rencontré Priscilla, même s’il avait revu Clélia entre-temps.

« Les filles c’est secondaire. L’important c’est ma famille et mon travail » dit l'expert pour l'accusé. Il reconnaît des claques adressées à Clélia, mais cela est « sans commune mesure avec ce qu’on me reproche » se défend Julien Sailly. « Ce sont de petites claques, pas comme-ci je me battais avec un garçon ».

N’apparaît pas déprimé lors de l’entretien. Assez volubile. Trouble psychotique ? Aucun assez pathologique, explique l’expert. Sujet qui ne peut pas passer à l’acte à tout moment. Apparaît stable, même s’il a vécu une histoire affective tumultueuse avec Clélia. Pas de délire de persécution. Il est inquiet, indécis, rencontre ses parents au parloir. Ne se projette pas du tout dans l’avenir. Le sujet nie les faits qui lui sont reprochés. 

17h10 Suspension

Me Eric Dupond Moretti revient sur l’incident du fax (lire ci-dessous). Et met en cause le fait que l’accusé et son père aient été interrogés sans que la pièce ait été préalablement donnée à la défense.

- "Cela ne correspond pas à la réalité. Nous avions pris connaissance de ce fax. (…) J’observe également que c’est Julien Sailly qui a voulu prendre la parole" déclare l’avocat général
- "C’est pas vrai, car il y a eu des questions en complément. (…) La procédure cela existe", conteste Me Dupond-Moretti

La cour s’est retirée pour statuer sur l’incident de séance : jurés et présidente, ainsi que l’accusé sont sortis. Les personnes assistant au procès, les familles de la victime et de l’accusé, restent en revanche dans la salle d’audience à la demande des policiers.

Les avocats sont sortis également, et téléphonent dans la salle des pas perdus.

16h30 Un oncle paternel de Julien Sailly témoigne

"Julien, c’est mon neveu mais aussi mon frère, on a trois ans d’écart. On a grandi ensemble. Les vacances, les sorties, le football… (long silence) Excusez-moi, c’est pas évident."

Le ton est ensuite nostalgique quand le témoin évoque l’enfance partagée ensemble. Les vacances passées ensemble également ravivent de bons souvenirs à son oncle, « il était très content, notamment à 18 ans pour les premières sans les parents."

Le témoin parle ensuite de sa convocation à la police judiciaire à Lille : « 10 minutes que j’étais assis sur la chaise qu’on me dit, ton neveu t’es pas prêt de le revoir, il va prendre 30 ans ».

Sur la voiture Renault Twingo de Julien Sailly, j’avais été l’acheter, « je ne sais pas s’il y avait un cric sur la voiture. On n’a pas vérifié. »

L’oncle se remémore alors qu’on lui pose des questions sur une paire de chaussures noires de grande pointure : « on me demande si c’est à Julien. Je dis que je ne pense pas car Julien faisait une plus petite pointure. Je n’ai revu cette paire de chaussures qu’au procès à Douai ». (1)


16h10. L’audience reprend

La présidente souhaite que le père de Julien Sailly revienne à la barre pour s’expliquer à propos d’un fax de l’administration pénitentiaire reçu par la cour de Saint-Omer, ce 1er juillet 2013 à 15h10. 

- "Vous étiez en possession de produits stupéfiants en allant visiter votre fils le 14 juin 2013 ? Votre permis de visite a été suspendu…

- A aucun moment je n’ai eu des produits stupéfiants sur moi. Mais effectivement, mon permis de visite a été suspendu et j’ai été contacté pour m’expliquer le 27 août devant la justice."

La défense se plaint de ne pas avoir été mise au courant de l'existence de ce fax par la présidente, avant que cette dernière ne fasse réagir le père de l'accusé. 

15h50 suspension 20 minutes

15h30 Une tante maternelle de l'accusé à la barre

A propos de l'accusé : "C’est quelqu’un de généreux, battant, en qui on peut avoir confiance. Je crois aussi en l’innocence de mon neveu. Clélia, je l’ai vue deux fois, une fois à une réunion de famille, une fois chez ma sœur. Très souriante. Tout allait bien, elle se sentait très bien dans la famille".


14h45 "Je suis fier de mon fils", le père de Julien Sailly

Après avoir évoqué le parcours scolaire de son fils et ses dons pour le football. "Je ne voulais pas qu'il arrête mais bon", explique le père qui se résignera à accepter le choix de son fils (arrêt du sport étude au lycée)

Le soir des faits : "Je vais aller chercher Clélia ! m'a-t-il dit... J'ai confiance en mon fils (...) Il a pris la voiture, je suis parti me coucher. Le matin, je me réveille vers 11h00, je vais le réveiller et on est parti au foot.

Le soir très tard, j'ai reçu un coup de fil d'un commandant qui me dit votre fils est témoin numéro 1 dans une affaire d'homicide.


Je suis parti travailler le lendemain. Le surlendemain soir, je reçois un coup de fil du SRPJ de Lille me disant qu'il souhaitait me voir uniquement moi.

"On a toutes les preuves contre lui"... "C'est 30 ans !" me dit-on au bout de 24 heures de
garde à vue !






 

- Comment avez-vous perçu les relations de Clélia et de votre fils ? Et notamment les soucis qu’ils pouvaient rencontrer dans leur relation ? la présidente
- Il l’a beaucoup aidé (…) J’ai appris par la suite les disputes, les claques (…) Quand j’ai appris cela je lui ai posé la question : il m’a dit c’est la seule chose dont je suis responsable, répond le père de Julien Sailly


- Le jour des faits vous étiez au courant qu’il y avait eu une dispute ?
- Non. Honnêtement la relation qu’ils avaient, on n’en parlait pas. (…) Même si c’est la première copine de Julien qui est rentrée chez moi.

- Quand le SRPJ vous a téléphoné le 19 février…
- Julien était en pleurs...


Il m’a dit : ils sont fous, ils veulent me coller un meurtre sur le dos.


14H30. Témoignage de la mère de Julien Sailly

La mère de Julien Sailly présente son fils comme un enfant épanoui qui a grandi dans une structure familiale stricte. Elle fait référence au sport, notamment le football qui a structuré son fils dans un premier temps.

Julien Sailly a été scolarisé en sport étude à Lambersart au collège. Avant d’arrêter au lycée à Lille.

« Jamais eu aucun souci avec lui. C’est un garçon serviable, on peut compter sur lui. »

- Comment cela fait-il qu’il décroche au lycée ? demande la présidente
- La saturation du foot. Le soir il rentrait à 22h30. (…) C’est un choix personnel d’arrêter.

Une histoire fusionnelle

"Clélia, il nous l’a présentée au baptême d’un de ces petits cousins. Charmante, très jalouse (…) Et de raconter en exemple : une fille dénudée sur le net, sur l’ordinateur de Julien ;  Clélia crie, elle lui dit de monter et elle lui donne une claque…"


Par la suite, les sentiments se développant, Julien sera également très jaloux, reconnaît la mère de ce dernier.

Une autre fois, « Je n’étais pas dans la chambre là haut avec eux mais Clélia m’a dit qu’elle lui avait donné une claque. Encore une autre fois, « ils s’étaient disputés et il s’était blessé à la main en frappant la portière de la voiture… Il disait : je l’aime tu comprends »

L'avocat général fait à nouveau parler la mère de Julien à propos de cet incident :

"Julien voulait lui parler, Clélia ne voulait pas, elle pleurait. J’ai dit à Julien - qui la tirait violemment - d’arrêter, je lui ai dit qu’il valait mieux qu’ils se séparent. Leurs « je t’aime moi non plus », je n’y croyais déjà plus."


12h05 Suspension de séance


11h45 Expertise psychologique sur la personnalité de l'accusé

"Vue dépréciée des femmes", note un rapport. Qu'en pensez-vous ?, demande la présidente
- Chez un gamin de 19 ans ? interroge Me Dupond-Moretti
- Des gifles à une fille c'est normal ? demande la présidente faisant référence à une dispute qui a déjà mal tourné avec Clélia.  
Non", répond l'accusé (...)

"Peu de remise en question", note également le rapport.

L'accusé fait alors part d'un certain énervement. Il regrette que le procès place le doigt sur des zones d'ombre sans importance de sa vie comme le fait qu'il ait abandonné le sport étude football de Lambersart, en passant au lycée Montebello à Lille.

10h15 suspension de séance

Luc Frémiot, avocat général :
- "Pouvez-vous m'expliquer la raison pour laquelle vous menacez les parties civiles dans un de vos courriers..."
- "Ca fait cinq ans que je suis en prison alors que je suis présumé innocent (...) J'aimerais remettre certaines réalités en place. Je me fais insulter sur internet, sur des blogs..." 
- "Mais quand vous écrivez que "même les parties civiles vont payer"... Vous leur en voulez ?"
- "Non je leur en veux pas. Il faut remettre les choses dans leur contexte"

 

L'avocat de l'accusé, Me Dupond-Moretti parle de "débordements" de son client, mais relativise la portée de tels propos, alors que dans d'autres affaires des propos semblables ne sont pas relevés. 

9h Ouverture du procès


Julien Sailly, 25 ans, se présente. Il sera défendu par Me Eric Dupond-Moretti. La présidente procède au tirage au sort des jurés qui viennent de prêter serment. Les débats sont ouverts.

La greffière et l'huissier appellent les témoins. La présidente donne heure et date de passage à chaque témoin qui sortent de la salle d'audience ensuite. Les heures et dates de passage des experts sont annoncées. 

Lecture des faits par la présidente : 17 février 2008 à 8h45, le corps sans vie de Clélia Médina, 18 ans, retrouvé à Lambersart dans la Deûle. Un cric automobile retrouvé à proximité dont l'enquête revèlera qu'il est possiblement l'arme du crime. Dépourvue de papiers d'identité, la victime était identifiée plusieurs dizaines d'heures après.

L'heure de la mort a été fixée vers 5h00 du matin. Des traces de strangulation ont été découvertes sur le corps mais ce sont les lésions cérébrales qui sont la cause de la mort.

La présidente évoque maintenant les relations entre Julien Sailly, Priscilla, et Clélia, la victime. La seconde ayant envoyé un SMS à Clélia le jour même du drame, lui expliquant que Julien était maintenant sien, ce qui provoqua une violente dispute entre Clélia Médina et Julien Sailly.
(...)
Le 24 mai 2012 la cour d'assises du Nord avait déclaré Julien Sailly coupable du meurtre de Clélia Médina et l'avait condamné à 20 ans de prison.

Les auditions vont pouvoir commencer. C'est la troisième fois que Julien Sailly comparaît. Son procès en première instance avait été renvoyé de 2011 à 2012. La présidente prévient l'accusé que l 'on "recommence à zéro".

L'accusé ne reconnaît pas les faits qui lui sont reprochés.

La présidente évoque des "soucis" de l'accusé en détention provisoire : insultes du personnel pénitentiaire. Elle revient ensuite sur le contrôle judiciaire (obligation de ne pas se rendre dans le Nord Pas-de-Calais, résidence en région parisienne) de l'accusé une fois celui-ci libéré, après la détention provisoire.

182 demandes de remise en liberté

-"C'est mon quotidien, tous les jours j'écris à la cour, à des associations, au président de la République", répond l'accusé.
-"C'est possible que vous ayez été insultant par écrit avec un des magistrats, ce que vous expliquez par une situation insupportable ?"
- "Oui", répond l'accusé. 

(1) Une paire de chaussures qui avait été découverte sur les lieux du crime.
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