Les juges chargés d'instruire l'affaire dite du Carlton de Lille ont décidé vendredi de renvoyer en correctionnelle Dominique Strauss-Kahn et douze
autres personnes pour "proxénétisme aggravé en réunion", une dernière l'étant pour escroquerie. Le point sur les faits et les protagonistes...
DSK et l'affaire du Carlton
Le nom de Dominique Strauss-Kahn est mêlé à l'affaire dite du Carlton de Lille à la mi-octobre 2011. Dès le début, DSK, déjà mis en cause aux Etats-Unis dans l'affaire du Sofitel de New York depuis quelques mois, demande à s'expliquer "le plus rapidement possible" pour mettre fin à des "insinuations malveillantes". Présenté par les magistrats instructeurs comme le principal bénéficiaire et l'instigateur de soirées libertines, qui se sont notamment tenues à Paris et Washington, l'ex-ministre socialiste affirme dès le début ignorer que les participantes étaient des prostituées rémunérées.Convoqué le 21 février 2012 à Lille pour être interrogé par les enquêteurs de la police judiciaire, il ressort libre après 32 heures de garde à vue. Il est mis en examen le 26 mars pour "proxénétisme aggravé en bande organisée". Dénonçant des "accusations absurdes (...) qui heurtent tout autant le bon sens que l'analyse juridique", les avocats de Dominique Strauss-Kahn font appel, mais le 19 décembre la cour d'appel de Douai valide la procédure débutée en mars 2011. DSK se pourvoit en cassation.
Le 11 juin, le parquet de Lille requiert un non-lieu en sa faveur, estimant "qu'il n'existe pas de charges suffisantes". Vendredi, il est renvoyé en correctionnelle avec douze autres mis en examen, pour "proxénétisme aggravé en réunion", outre une personne qui y répondra seulement de complicité d'escroquerie et d'abus de confiance.
Les principaux protagonistes
Quatorze personnes au total sont mises en examen dans cette affaire, où se croisent des hommes d'affaires, des policiers, des prostituées "indépendantes" qui travaillaient chez Dominique Alderweireld, alias "Dodo la saumure", un tenancier français de salons de massage en Belgique. Les premières mises en examen, en octobre 2011, touchent d'abord trois dirigeants du Carlton, un hôtel de luxe lillois : son directeur Francis Henrion, son chargé des relations publiques René Kojfer et son propriétaire Henri Franchois, tous trois soupçonnés d'avoir aidé des clients à trouver des prostituées.Viennent ensuite, le même automne, les mises en examen du commissaire divisionnaire Jean-Christophe Lagarde, chef de la Sûreté départementale du Nord, soupçonné d'avoir participé à la mise en relation de prostituées pour ces parties fines, de deux entrepreneurs du Pas-de-Calais, David Roquet (ancien directeur d'une filiale du groupe de BTP Eiffage, Matériaux Enrobés du Nord) et Fabrice Pazskowski (responsable d'une société de matériel médical), soupçonnés d'avoir organisé et financé plusieurs déplacements, et de l'ancienne compagne de ce dernier, Virginie Dufour, dirigeante d'une société d'événementiel dans le Nord.
En janvier 2013, "Dodo la saumure", ami de longue date de René Kojfer, et sa compagne Béatrice Legrain sont à leur tour mis en examen pour "proxénétisme aggravé en bande organisée".
En marge de l'affaire, le parquet de Lille avait ouvert une enquête pour viol visant DSK, avant de la classer sans suite en l'absence de dépôt de plainte d'une escort-girl.