L’affaire du bijoutier de Nice, qui a tué mercredi dernier l’un de ses agresseurs et a été mis en examen vendredi pour homicide volontaire, présente des similitudes avec deux affaires qui ont eu lieu dans la région en 1985 et 1994.
L'affaire Jacques Destiné à Quiévrechain en 1985
Jacques Destiné était le propriétaire d’un magasin d’articles de sport à Quiévrechain. Le 17 juin 1985 dans la nuit, averti par son interphone, le commerçant entend qu'un énième cambriolage a lieu dans son magasin. Il s'empare de son fusil de chasse de calibre 12 et tire en direction des cambrioleurs. L'un des 5 ,âgé de 22 ans, est touché à la jambe. Il devra être amputé.Très vite, l'affaire prend de l'ampleur. Facebook n'existait pas encore mais ici les "likes" sont remplacés par un comité de soutien très actif, en faveur du commerçant qui affirme qu'il avait été poussé à bout par les multiples cambriolages subis.
Jacques Destiné est jugé pour coups et blessures ayant entraîné une infirmité. Son procès devant la cour d’assises du Nord a lieu six ans après les faits.
Jacques Destiné invoque la légitime défense et est acquitté. Me Henri-René Garaud, son avocat parle dans sa plaidoirie et dans cet interview à FR3 Nord Pas-de-Calais des "risques du métier" pour justifier la blessure du cambrioleur.
Seclin (1994) : Pierre Dessenne tire à cinq reprises sur des cambrioleurs de sa bijouterie
Le 6 décembre 1994, Pierre Dessenne qui tient une bijouterie à Seclin entend son alarme se déclencher. Il vit à l'étage de son magasin. Trois cambrioleurs sont entrés dans sa boutique. Pierre Dessenne leur ordonne de s'arrêter depuis sa fenêtre. Il tire d'abord en l'air puis en direction de la voiture. L'un des cambrioleurs est touché dans le dos : "Je ne voulais pas l'atteindre mais simplement immobiliser la voiture, raconte alors le bijoutier. Le voleur a été blessé lorsqu'il a trébuché."Lors de son procès, Pierre Dessenne évoquera un climat très tendu à Seclin à l'époque (vols, cambriolages...). Le cambrioleur, récidiviste, qui sortait de 4 ans de prison, a été condamné à deux ans de prison. "Mon père a écopé d'une peine de prison avec sursis, raconte Patrick Dessenne, fils du bijoutier qui tient toujours la même boutique à Seclin. Cette affaire nous a marqué quand même. Je me dis que mon père aurait mieux fait de fermer les volets et fermer les yeux. La population nous a beaucoup soutenus. Mais depuis, vous savez, je n'aime plus trop la justice. Même si ça ne se dit pas trop..Nous on n'a rien eu comme de dédommagement."
Le bijoutier affirme qu'il pense évidemment souvent à un éventuel nouveau braquage : "Je préfère ne pas y penser mais j'y pense quand même. J'ai peur sans avoir peur." Depuis 1994, la bijouterie Dessenne n'a jamais été cambriolé ou braqué : "Je pense que c'est peut-être parce qu'on a tiré... C'est ce qui se dit... Je touche du bois. Je ne sais pas ce que je ferais si ça m'arrivait..."