Le projet de création à Lens du Centre de réserves du Louvre a été officialisé mercredi par un protocole tripartite entre l'Etat, le musée et la région du Nord-Pas-de-Calais.
Le texte a été signé par la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, le président socialiste de cette région Daniel Percheron et le président-directeur du Louvre Jean-Luc Martinez, dans les locaux du ministère.
La décision de transférer près du nouveau Louvre-Lens une grande partie des réserves du musée parisien, afin de les protéger d'une éventuelle crue de la Seine, avait été annoncée le 13 septembre par la ministre.
Le protocole prévoit la création d'un comité tripartite de pilotage, coprésidé par MM. Percheron et Martinez. Il aura pour mission d'étudier dans un délai d'un an les modalités d'installation de ce futur Centre de réserves à proximité du Louvre-Lens, ouvert en décembre 2012.
23 500 mètres carrés
Il sera notamment chargé de réaliser des études pour le choix du terrain. Le besoin de surfaces est évalué à 23.500 m². Cela permettra de réunir les réserves situées dans les sous-sols du Palais du Louvre, mais aussi celles délocalisées dans le nord de la région parisienne et à Châlons-en-Champagne, dans la Marne."En cas de crue importante de la Seine, nous savons que nous avons 72 heures pour intervenir. Nous avons fait des tests et j'y ai moi-même participé", a déclaré M. Martinez, qui dirigeait auparavant le département des antiquités grecques, étrusques et romaines du Louvre. "Nous avons pu constater qu'en 72 heures, nous ne pourrons pas évacuer l'ensemble des collections menacées, notamment le lapidaire", a-t-il précisé.
M. Martinez a reconnu que ce transfert des réserves à Lens va "changer les conditions de travail" du personnel. "Je descendais tous les jours dans les réserves lorsque je dirigeais le département", a-t-il raconté. "Mais en même temps, une partie de nos réserves n'étaient pas accessibles à la recherche."
Il a également admis qu'il y aura des coûts de transport accrus. Pour les oeuvres, le transport en camion prendra de deux heures et demie à trois heures. Pour les personnels, l'aller et retour en train se fera facilement dans la journée, a-t-il ajouté.
Le Louvre à la manoeuvre
Le Louvre sera le seul exploitant de ce centre. C'est lui qui définira ses besoins en surfaces et en aménagements, ainsi que les conditions nécessaires à la conservation des oeuvres.Le comité de pilotage devra également déterminer l'enveloppe financière. Le coût de construction est estimé à environ 60 millions d'euros. Il sera financé à 51% par le Louvre et à 49% par la région Nord-Pas-de-Calais.
Le Louvre utilisera de l'argent reçu pour la cession de sa marque au Louvre Abou Dhabi afin de financer sa part d'investissement et les charges de fonctionnement du futur centre sans demander de subvention à l'Etat.
La région cherchera des financements notamment via les aides européennes. Elle garantira la gratuité du terrain sur lequel sera implanté le Centre. Le ministère n'aura rien à débourser.
Le Louvre-Lens "renforcé"
Mme Filippetti a estimé que "l'implantation du Louvre à Lens va encore être renforcée par l'envoi des réserves du musée". Il y aura un "retour pour la région" et cela aura "un impact fort sur l'attractivité de ce territoire", ancien bassin minier, a-t-elle jugé."La région Nord-Pas-de-Calais a choisi de façon pertinente de faire de la culture un levier de développement, un outil de revitalisation. Ce n'est jamais de l'argent gaspillé. C'est toujours rentable. Cela change l'image
d'une ville", a-t-elle expliqué.