Le Nord Pas-de-Calais est la région qui compte le plus de races locales d'animaux. En danger, ces espèces bénéficient de l'attention particulière d'éleveurs passionnés, d'associations, et de l'aide d'organismes comme le centre régional de ressources génétiques,
Parmi ces animaux : les vaches. A côté de la rouge flamande reconnaissable à sa robe acajou, il y la bleue du Nord, emblème du parc régional de l'Avesnois.
Bleue, à cause de sa robe blanche généralement tâchetée d'un beau gris bleu. Comme la rouge flamande, dans les années 1980, elle avait quasiment disparu de nos paysages bocagers du sud de la région. La faute aux politiques agricoles d'après guerre, qui ont conduit en France à une spécialisation et une standardisation de l'élevage. Toutes les races locales ont été sacrifiées au profit d'une race laitière (la Holstein), et d'une race à viande (la charolaise).
Or, notre vache bleue est une race mixte : ce n'est pas la plus rentable des laitières, mais c'est aussi une vache à viande, ce qui lui confère un double avantage. Elle en a d'autres : en plus de sa docilité, c'est une vache rustique qui ne craint pas nos rudes conditions climatiques nordistes.
Des éleveurs mobilisés pour sauver la "Bleue du Nord"
Aujourd'hui, après 3 décennies d'efforts pour la faire réapparaître dans nos élevages, on compte environ 650 vaches pour une vingtaine d'éleveurs. On en trouve aussi en Belgique, où nos voisins élèvent aussi sa cousine la Blanc bleue, spécifiquement bouchère.
Pour continuer d'encourager le développement de l'élevage, la Bleue du Nord fait aujourd'hui l'objet d'un programme transfrontalier avec la Belgique, baptisé "Bluesel".
Il a conduit à la conception par le lycée agricole de Le Quesnoy d'un fromage : "le Pavé bleu", commercialisé depuis septembre dans l'Avesnois. Dès cette semaine, 7 éleveurs vont se former au lycée agricole pour le fabriquer à leur tour.
L'ambition est d'en inciter d'autres à se lancer dans l'élevage de la Bleue, pour fabriquer à leur tour ce fromage à pâte molle persillée, qui s'il tient ses promesses, prendra d'ici peu naturellement place à côté du maroilles sur nos plateaux de fromage.