LOSC : avec Enyeama -"Jésus", ça ne passe pas !

Vincent Enyeama, le gardien du LOSC, surnommé "Jésus" par son capitaine Rio Mavuba, est actuellement un rempart infranchissable et contribue largement au bon début de saison du Losc, 2e meilleure défense d'Europe et qui se déplace à Guingamp samedi pour la 13e journée de Ligue 1.

"Nous travaillons bien à l'entraînement et il y a une très bonne ambiance dans le groupe", déclare-t-il pour expliquer la bonne série lilloise. Avec Enyeama, Le LOSC peut se sentir en sécurité. En effet, le portier international nigérian n'a plus encaissé de but depuis 675 minutes, le Niçois Cvitanich étant le dernier à l'avoir envoyé chercher le ballon au fond de ses filets lors de la 5e journée (défaite 2-0 le 15 septembre). Il a été l'un des principaux artisans de la victoire 2-0 dimanche dernier face à Monaco.

Il totalise déjà dix "clean sheets", dix matches sans prendre de but, en douze journées. Ce record d'Europe n'émeut pas le gardien nordiste pour autant. "Il a déjà réalisé quelques séries de ce genre lorsqu'il était à l'Hapoël Tel-Aviv (où il a joué durant quatre ans, ndlr), raconte Aniekan, son demi-frère. Il n'en parle pas trop et surtout, il considère que c'est d'abord une réussite collective. Ce n'est pas que de son fait".


Le Nigérian (31 ans), à la carrure impressionnante (1,82 m pour 87 kg), n'était pourtant pas prédestiné à être gardien de but. Petit, dans les rues de Kaduna où il a passé son enfance, il se voyait plutôt devenir un grand buteur. Jusqu'à l'âge de dix ans, c'est à ce poste qu'il prend du plaisir. "Mais il n'aimait pas les duels, confie Aniekan. Il avait peur d'aller au contact. J'ai toujours été défenseur et chaque fois qu'on jouait l'un contre l'autre, il me disait +Tu vas finir par me couper les jambes !+".

Alors il est allé se réfugier dans les buts, où, rapidement, on lui a prédit un grand avenir. Il a sans doute gardé de cette période le goût d'avancer balle au
pied et de marquer, lui qui présente la particularité d'avoir inscrit 25 buts au cours de sa carrière, la majorité sur penalty. 

"Il est sur un nuage"

Il y a encore quelques mois, Enyeama était proche de quitter Lille sans jamais y avoir véritablement joué. Barré par Mickaël Landreau la première année, il a demandé à être prêté la saison dernière au Maccabi Tel-Aviv pour avoir du temps de jeu et ne se voyait pas prendre place sur le banc de touche cette saison. L'arrivée de René Girard, avec qui il parle beaucoup et avec qui, selon ses propres mots, il entretient une relation père-fils, a changé ses plans à la dernière minute.

"Ma famille était restée dans le Nord l'an dernier et je n'avais pas envie de les faire déménager encore une fois. J'avais un contrat à Lille et je voulais prouver qu'on s'était trompé sur mon compte. Quand on m'a demandé de rester, ça n'a pas été difficile d'accepter", explique-t-il. Aujourd'hui, Enyeama est surpris de susciter autant d'intérêt. "Il pensait que la France le connaissait. Il avait fait une très bonne Coupe du Monde 2010 et joué en Coupe d'Europe contre Lyon (en décembre 2010, ndlr), poursuit son demi-frère. Il est content de cette reconnaissance, c'était son objectif. Même s'il garde les
pieds sur terre. Il sait que tout peut basculer à tout moment".

Mais pour l'instant, ses équipiers louent son talent et profitent de sa joie de vivre communicative. "Il est sur un nuage, sourit Nolan Roux, l'autre Lillois en
forme (trois buts en deux matches). Il travaille, il a beaucoup de qualités et un peu de réussite aussi. C'est bien pour nous". Ruio Mavuba ne disait pas autre chose la semaine dernière : "On a un super gardien qui fait des arrêts monstrueux et on marque devant. Cela fait deux ans qu’on aurait dû le mettre dans les cages (rires). On a Jésus dans les buts."