Ecotaxe : le mouvement pourrait se durcir

A la veille de la grande manifestation qui va bloquer toute l'A25, le collectif de poids-lourds Spinelli, choqué par les propos de l'ancien maire de Boulogne-sur-mer, Frédéric Cuvillier prévient que les actions pourraient se durcir.

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Le collectif indépendant de chauffeurs routiers "Alain Spinelli" a appelé à de nouvelles actions lundi contre l'écotaxe, contrairement à l'organisation OTRE, et dit craindre "un durcissement des actions", tout en dénonçant les "manoeuvres dilatoires" du gouvernement.

"Contrairement à ce qui a été dit hier, le gouvernement n'a pris acte de rien du tout, ce sont des manoeuvres dilatoires. Le ministre des Transports Frédéric Cuvillier continue de faire la promotion de l'écotaxe, ce qui est malvenu dans le contexte actuel", a déclaré dimanche à l'AFP Yann Viguier, porte-parole du collectif Alain Spinelli.

"Je suis pessimiste. Je crains que les actions se durcissent",



a-t-il ajouté, alors que M. Cuvillier a estimé samedi soir que le mouvement des routiers contre l'écotaxe "ne connaît pas de mobilisation croissante".

Le collectif Alain Spinelli -- qui revendique plus de 2.500 soutiens actifs dans le milieu du transport, employés et salariés, selon M. Viguier -- a prévu lundi des barrages filtrants dès 7h du matin sur l'A4 et l'A15 en Ile-de-France, ainsi qu'une action sur l'A25 entre Lille et Dunkerque ou encore à Châteauneuf-les-Martigues (Bouches-du-Rhône).

L'organisation patronale des transporteurs "remontés comme des coucous"


De son côté, l'organisation patronale de transporteurs OTRE qui avait mobilisé en masse samedi n'appelle pas à manifester à nouveau dès ce lundi: "Nous ne sommes absolument pas co-organisateurs de cet appel à manifester lundi", a déclaré dimanche à l'AFP Gilles Mathelié-Guinlet, délégué général de l'OTRE. "En revanche, nous laissons à nos adhérents le libre choix de participer à ces actions et certains vont le faire en Ile-de-France, dans le Nord et en Charente au nord de Bordeaux", a-t-il ajouté.

M. Mathelié-Guinlet a toutefois dit craindre que "ce mouvement lundi, s'il est plus faible que celui de samedi, soit interprété par le gouvernement comme un essoufflement de notre mobilisation, ce qui n'est absolument pas le cas". "Au contraire, le mouvement
gagne en volume
", a ajouté le délégué général de l'OTRE.

L'OTRE compte décider prochainement de la suite à donner. "Vu les déclarations
hier du ministre Cuvillier on est remontés comme des coucous, on va réfléchir à une nouvelle action, si ce n'est pas demain, ce sera après-demain, ou après après-demain
", a déclaré pour sa part à l'AFP Christine Jaouen, responsable OTRE pour la Bretagne.

Des milliers de camions ont bloqué des grands axes samedi en France. L'OTRE a recensé samedi 26 "cortèges" avec un total de 4.500 véhicules mobilisés. D'autres collectifs de routiers ont mené 21 actions et rassemblé ainsi entre 2.000 et 3.000 camions supplémentaires, selon l'OTRE. Le ministère de l'Intérieur a lui aussi évoqué un total de "47 points d'action" des routiers, mais avec seulement 2.200 camions impliqués.

Le collectif Alain Spinelli compte rester mobilisé "jusqu'à l'abrogation complète
du dispositif actuel, on ne veut pas un report à 2015, on veut l'abandon de l'écotaxe
",
a dit Yann Viguier."L'écotaxe c'est la taxe de trop. Elle a fait apparaître le malaise du transport routier par rapport aux chauffeurs étrangers low-cost payés souvent 5 à 6 fois moins cher que les chauffeurs français", a-t-il dit. "Le transport français devient plus cher. Ni les péniches ni les trains ne remplaceront les chauffeurs français".

"Aujourd'hui 300.000 véhicules étrangers circulent en France. Au lieu d'une écotaxe,
on pourrait récupérer avec une vignette les centaines de millions d'euros qui manquent
",
a encore estimé M. Viguier.

Le gouvernement embarrassé

Le gouvernement a pris acte de la nouvelle mobilisation réussie ce week-end des routiers et des Bonnets rouges, mais reste pour l'instant enlisé dans le bourbier de l'écotaxe, avec de nouvelles actions de protestation en perspective dès lundi et un calendrier flou.

Selon M. Cuvillier, "le coeur du problème n'est pas l'écotaxe, la question est celle de l'état du pavillon français du transport routier et de la concurrence déloyale". Se posant en défenseur des routiers français, le ministre compte plaider cette cause jeudi en conseil des ministres européens et réunir "dans les prochaines semaines à Paris" une conférence avec ses homologues européens sur ces questions d'harmonisation.
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