Martine Aubry s'est remise dimanche sur le devant de la scène politique nationale en rassemblant ses partisans dans une association - "Renaissance" - et en n'hésitant pas à adresser un avertissement au gouvernement sur le travail dominical.
Très discrète depuis son départ de la direction du Parti socialiste, en septembre 2012, l'ancienne candidate à la primaire socialiste de 2011 (43,6% au second tour) a réuni à Paris ses proches, tels que les parlementaires Jean-Marc Germain, Christian Paul, Laurence Rossignol, la maire de Reims Adeline Hazan, mais aussi des intellectuels et personnalités. Se sont ainsi retrouvés aux côtés de la maire de Lille l'économiste Daniel Cohen, le sociologue Michel Wieviorka, le généticien Axel Kahn (qui s'était présenté sous l'étiquette PS à Paris aux législatives de 2012) ou encore la philosophe Fabienne Brugère.
Tous ont planché toute la journée, à l'Institut physique du Globe, en "ateliers", dans un amphi de quelque 160 personnes selon M. Paul, avec pour mission d'apporter une idée "décapante", "dérangeante" ou une "expérimentation". Devant eux, Martine Aubry, qui se défendait jusqu'à maintenant de commenter la politique du gouvernement, a lancé, à la veille de la remise au
gouvernement du rapport sur le travail dominical.
Contre le travail le dimanche
"Elle a dit avec beaucoup de détermination son opposition à toute extension de l'autorisation de travailler le dimanche", a déclaré à l'AFP M. Paul. Lundi, l'ex-patron de La Poste Jean-Paul Bailly remet au gouvernement son rapport très attendu sur l'épineux dossier du travail dominical. Le repos dominical est "une digue qui ne doit pas reculer", a-t-elle encore ajouté, selon plusieurs participants s'exprimant sur Twitter.Travail du dimanche:si on passe les bornes, et on choisir la consommation plutôt que la famille,je m'exprimerai @MartineAubry #renaissance
— laurence rossignol (@laurossignol) 1 Décembre 2013
"Si on passe les bornes et on choisit la consommation plutôt que la famille, je
m'exprimerai", a encore lancé la maire de Lille selon un tweet de Mme Rossignol.
"Renaissance" est une association loi 1901, présidée par Mme Aubry dont le secrétaire général est Jean-Marc Germain, a affirmé à l'AFP M. Paul, précisant que de premières adhésions avaient été enregistrées ce dimanche. "Ce n'est pas un club, ni un think tank mais une coopérative d'idées et d'actions où chacun vient produire et contribuer", a-t-il dit. Mme Aubry avait publié cet été une tribune dans Le Monde dans laquelle elle prônait cinq "renaissances", notamment industrielle, européenne et culturelle.
"Elle veut mettre ses expériences, ses idées, son réseau, au service d'une initiative qui lui paraît urgente", selon M. Paul. Encore très populaire chez les militants, Mme Aubry peut
compter au PS sur un réseau puissant et organisé qui se réunit régulièrement le
mardi à Paris. Au sein même du groupe socialiste à l'Assemblée, les aubrystes, plus nombreux que les hollandais, constituent un noyau dur.