Grève nationale dans le primaire contre la réforme des rythmes scolaires

Classes vides, défilés: instituteurs et agents municipaux poursuivent jeudi la fronde contre le retour à la semaine de 4,5 jours, alors que les députés examinent une proposition de loi de l'UMP donnant le "libre choix" aux maires d'organiser les rythmes scolaires.

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Plusieurs syndicats appellent à cette journée de mobilisation nationale pour réclamer l'assouplissement du décret instituant la nouvelle semaine scolaire dans le primaire, ou son abandon. Des parents d'élèves soutiennent le mouvement.

Trois mois après sa mise en oeuvre dans 17% des communes (les autres attendent la rentrée 2014), la réforme destinée à mieux répartir les cours pour lutter contre l'échec scolaire, reste contestée.

Le ministère de l'Education annonce un taux de grévistes de 21,35% au niveau national et de 22% à Paris. A Paris, la mairie précise qu'un tiers des écoles seront partiellement en grève (195 écoles sur 663), et 31 le seront entièrement. Le premier syndicat du primaire SNUipp-FSU annonce "plus de 30% de grévistes et au moins 40 écoles fermées".

Dans la région des manifestations sont prévues à 10h00 à Arras devant la préfecture ; 9h30 à Boulogne-sur-Mer devant la bourse du travail ; 9h30 à Calais devant l'Hôtel de Ville et Lille à 14h30 porte de Paris. 

Au niveau national, le SNUipp-FSU estime que près de 42% des instituteurs - sur la base de 77 départements - ne feront pas classe. Le secrétaire général Sébastien Sihr participera à la manifestation francilienne à Paris en début d'après-midi.

Les cantines, la garderie et les activités périscolaires devraient être touchés par le mouvement.

Mi-novembre, l'opposition à la réforme des rythmes, mesure-phare du programme de François Hollande, s'était étalée sur trois jours et avait aussi réuni enseignants, animateurs, éducateurs, assistantes de maternelle, parents.

"On ne peut pas attendre deux ans"


Après avoir demandé un report de la réforme qu'il avait qualifiée de "bricolage", Sébastien Sihr réclame désormais une réécriture du décret pour l'assouplir. "Le débat sur les rythmes empoisonne l'école et je ne crois pas que l'échec scolaire va être réglé en retournant à l'école le mercredi matin", a-t-il dit mercredi.

"L'enjeu est ailleurs et il faut un coup d'accélérateur sur les moyens à mettre pour concrétiser la priorité au primaire affichée par Vincent Peillon", a-t-il
ajouté, citant la formation continue des enseignants, l'éducation prioritaire, la baisse des effectifs dans les classes de maternelle. "On ne peut pas attendre deux ans".

FO, CGT et Sud, qui demandent l'abandon du décret, s'opposent à ce que les activités périscolaires non liées aux rythmes (centre de loisirs, garderie) bénéficient aussi d'un assouplissement des taux d'encadrement par les animateurs - réclamé par les maires.

La Peep, deuxième fédération de parents, qui avait aussi demandé un report de la réforme, a appelé les parents à manifester et a demandé "une grande concertation" sur la réforme des rythmes.

D'autres organisations n'appellent pas à la mobilisation. La FCPE, principale fédération de parents, soutient la réforme même si elle juge qu'il aurait fallu aller plus loin.

Parmi les syndicats d'enseignants, l'Unsa ne soutient pas une grève qui "amalgame des revendications de toutes sortes" et le Sgen-CFDT estime qu'appeler à suspendre ou réécrire le décret "c'est se tromper de cible" parce que "les difficultés" relèvent "des modalités concrètes de mise en oeuvre".

Des maires vont boycotter la réforme : "On va approcher les 1.000 maires opposés à la réforme", a dit Jean-Michel Fourgous, député-maire UMP et coordinateur du collectif.

"On n'a pas l'argent pour la financer et rien ne prouve qu'elle sera efficace sur les résultats scolaires". Les députés examinent jeudi une proposition de loi UMP visant à laisser aux maires "le libre choix" d'organiser le temps scolaire dans leurs écoles.

La liberté laissée aux élus "n'a jamais été aussi grande qu'avec ce décret", a rétorqué Vincent Peillon mercredi à l'Assemblée. "Il est dommage que quelques-uns ne veulent pas unir leur bonne volonté et mènent un combat d'arrière-garde", a-t-il lancé.
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