Une trentaine de syndicalistes ont bloqué partiellement mardi l'accès au chantier du terminal méthanier de Dunkerque, le deuxième plus gros de France, pour protester contre le "dumping social".
Les syndicalistes de la CGT et de la CFE-CGC, d'entreprises dunkerquoises, sont furieux de ne pas avoir obtenu un marché d'électricité et accusent la direction du chantier d'employer une forte proportion de travailleurs étrangers à moindre coût. Réunis derrière une banderole "Foire aux prix, -50 % sur les entreprises dunkerquoises", les manifestants ont mis en place un barrage filtrant qui a occasionné de gros bouchons à l'entrée du chantier.
Selon les syndicats, parmi les 1.200 personnes qui travaillent sur le site, 800 viennent d'autres pays d'Europe et certains sont nettement moins payés à l'arrivée. "Spie, ce n'est pas sa culture d'être dans la rue, mais Spie en a marre et les salariés le montrent", a déclaré à l'AFP Fabienne Deroy, du syndicat CFE-CGC, de la société Spie.
"Avec la fermeture de (la raffinerie) Total, nous aurions dû avoir des marchés sur le terminal méthanier, et au fil des mois, on voit que ce sont les sociétés
étrangères qui les obtiennent", a-t-elle poursuivi. Les Italiens, qui ont déjà obtenu les marchés du génie civil, de la tuyauterie et sont en passe d'obtenir celui de l'électricité, sont, selon Mme Deroy, "30% moins chers".
Payés au SMIC ?
"Depuis six mois qu'on est sur ce dossier, tout a été mis en oeuvre pour essayer de réduire les coûts, mais oui, nous, on a des charges, des taux horaires. Par rapport aux Italiens, on n'arrive pas à combattre, et ce n'est que le début, les Portugais arrivent, on nous parle des Roumains, comment voulez-vous que dans le Dunkerquois sinistré, on s'en sorte, si on n'arrête pas le massacre ?", a-t-elle ajouté.Ce lundi, nos journalistes Loïc Beunaiche et Sergio Rosenstrauch ont rencontré des salariés de Spie qui ont fait de leur incompréhension face à cette situation.
Selon les syndicats, les salariés étrangers du chantier sont officiellement payés au Smic, mais certains leur ont déclaré qu'ils devaient déduire leur loyers et se retrouvaient donc payés en net à 500 ou 600 euros par mois. La direction du terminal n'a pas souhaité s'exprimer dans l'immédiat mais devait
communiquer dans la journée. En novembre 2013, 1.223 salariés travaillaient sur ce chantier, le deuxième plus gros projet industriel de France après l'EPR de Flamanville (Manche), parmi lesquels 59% de travailleurs étrangers (53% issus de pays européens, 6% hors Europe), avaient indiqué le maître d'oeuvre Dunkerque LNG lors d'un débat public consacré au chantier EDF, contrôlé à plus de 80% par l'Etat, et sa filiale.