Les ministres du Travail et de l'Intérieur Michel Sapin et Manuel Valls se sont rendus jeudi matin au terminal méthanier de Dunkerque (Nord), où la forte proportion d'ouvriers étrangers a fait débat ces dernières semaines.
A l'origine programmé comme une visite surprise pour procéder à des contrôles, ce déplacement a finalement été dévoilé la veille, notamment par un conseiller municipal de Dunkerque, Philippe Eymery (FN). Arrivés peu après 9h sur le chantier du terminal méthanier dans la commune de Loon-Plage, près de Dunkerque, les ministres devaient assister à un contrôle qui se voulait inopiné, malgré les fuites de la veille, sur les conditions du détachement des salariés détachés qui travaillent sur le chantier.
Interviews réalisées par Sarah Nuyten et Nathalie Haberer.
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Au pied des trois dômes du terminal méthanier, des dizaines d'ouvriers casqués et vêtus de vestes fluo étaient contrôlés par des agents de l'inspection du travail et de l'Urssaf, sous l'oeil de la Police aux frontières qui bloquait les accès au site. Selon Annaïck Laurent, directrice régionale de la Dirrecte présente sur place, 24 entreprises étrangères, notamment italiennes et portugaises, travaillent actuellement sur le chantier. "Un ouvrier portugais nous dit qu'il travaille 48 heures par semaine pour 1.250 euros (mensuels). Il va falloir vérifier", a expliqué un policier aux ministres. Il faudra aux inspecteurs des semaines pour recouper les déclarations des salariés et identifier d'éventuelles fraudes.
59% de travailleurs étrangers sur le chantier
A l'entrée du terminal, une poignée de syndicalistes avec des drapeaux CGT et CFE-CGC manifestaient contre le dumping social. Une trentaine d'entre eux avaient déjà bloqué partiellement l'accès au chantier le 10 décembre dernier. La veille, les ministres du Travail européens avaient trouvé un accord à Bruxelles sur les moyens d'empêcher les nombreux abus liés au détachement de travailleurs européens dans un autre pays que le leur, un sujet explosif à quelques mois des élections européennes. Dans un communiqué, le FN a dénoncé une "opération de communication" du gouvernement, estimant que "ce chantier ou le maître d'ouvrage, Dunkerque LNG, dont l'actionnaire majoritaire est EDF entreprise publique, encourage le dumping social qui tue l'emploi français".Sur les 1.223 salariés travaillant à sa construction, 59% sont étrangers (53% issus de pays européens, 6% hors Europe), 30% viennent du Nord/Pas-de-Calais et 11% du reste du pays, selon des chiffres d'EDF et du FN. Le chantier du terminal méthanier de Dunkerque, le deuxième plus gros projet industriel de France selon EDF, a commencé en octobre 2012.