Des intermittents du spectacle ont défilé à Amiens jeudi 27 février en début d'après-midi pour protester contre la volonté du Medef de supprimer leur régime spécifique d'indemnisation chômage.
La manifestation a réuni une soixantaine de personnes devant la Maison de la culture à Amiens. D’autres mobilisations ont eu lieu un peu partout en France et dans la capitale, à l'appel da la CGT-Spectacle, de FO, de la coordination des intermittents et précaires et du Syndeac (employeurs du secteur).
Conséquences : de nombreuses représentations théâtrales sont annulées. A Paris, par exemple, "Madama Butterfly" à l'Opéra Bastille et la soirée de ballets "Cullberg/De Mille" à l'Opéra Garnier n'auront pas lieu.
Des images de la manifestation à Amiens seront diffusées dans notre édition de ce soir avec Philippe Leroy, notre invité. Il est le président coordinateur des artistes intermittents.
Qui sont les intermittents ?
Etre intermittent n’est pas un métier ni un statut, c’est un régime spécifique. Il a été créé en 1936 pour l’industrie du cinéma. Aujourd’hui il s’applique aux domaines du spectacle, de la musique, de la littérature et du théâtre. Les intermittents travaillent par intermittence, ils alternent des périodes d’emploi et des périodes d’inactivités.Ils sont ouvriers, techniciens, artistes. Ils sont sous contrat à durée déterminée mais contrairement à un CDD ordinaire, ces contrats peuvent se renouveler sans limite dans le temps.
Quel est leur régime d’indemnisation actuel ?
Entre deux contrats, l’intermittent est indemnisé par l’assurance-chômage. Mais il doit remplir plusieurs conditions :- Justifier de 507 heures de travail sur 10 mois pour les techniciens, 10 mois et demi pour les artistes contre 610 heures sur 28 mois pour les salariés du régime général. Un droit d’entrée donc élevé car les contrats des professions artistiques sont parfois de très courte durée et toutes les heures travaillées ne sont pas toujours prises en compte
- Une fois les 507 heures atteinte, soit environ 3 mois et demi de travail, l’indemnisation dure 8 mois. Le régime général, lui, est basé sur 1 jour d’indemnisation par journée travaillée
Que propose le Médef ?
Mercredi 12 février, le Medef a proposé de supprimer purement et simplement le régime des intermittents, en s'appuyant sur un rapport de la Cour des comptes qui déplore « un déficit chronique » évalué à plus d'un milliard d'euros par an. C'est pourquoi le patronat propose qu'une "concertation" soit engagée avec l'Etat pour que celui-ci finance le surcoût lié au régime des intermittents.Aurélie Filippetti, la ministre de la culture, a réagi à l'annonce du Médef. "Ce n'est pas à l'Etat de financer l'assurance chômage des intermittents,
ni de quiconque d'ailleurs", a réagi mercredi la ministre de la Culture. Si jamais les propositions du Medef par un effet désastreux étaient mises à exécution, ça serait la destruction de la culture".