Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a annoncé mardi un accord concernant le financement du projet de plan de reprise de Continentale Nutrition, numéro un français de l'alimentation pour chiens et chats, présenté par la société d'investissements Alandia.
L'offre de reprise d'Alandia était la seule offre encore en lice portant à la fois sur le site de Continentale à Boulogne-sur-Mer, qui emploie 511 personnes, et sur sa filiale Villeneuve Pet Food (VPF), qui emploie 154 salariés à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne).L'Irlandais Cats and Dogs Foods, qui a retiré la semaine dernière son offre de reprise globale pour les deux sites, est toujours en lice, avec l'Allemand Deuerer, pour reprendre le seul site de Villeneuve, dont l'avenir a été examiné ce mardi par le tribunal de commerce d'Agen.
Le tribunal de commerce d'Agen, qui n'a pas rendu sa décision finalement mardi soir et devrait être rendue le 11 mars, selon une source proche du dossier. Le tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer statuera lui le 13 mars sur le sort de Continentale.
"Le projet Alandia sera financé" en vertu d'un accord conclu lundi soir, a indiqué Arnaud Montebourg dans un communiqué, soulignant que "les dix prochains jours seront mis à profit pour lever les dernières conditions suspensives existantes" concernant la reprise de cette société en redressement judiciaire.
Une nouvelle diversement appréciée
"C'est une bonne nouvelle, je suis très heureux", a réagi Nicolas de Germay, le patron d'Alandia, tout en se refusant à divulguer les détails de cet accord.
Le patron d'Alandia, fonds spécialisé dans le redressement d'entreprises en difficulté, a indiqué la semaine dernière qu'il ne reprendra Continentale Nutrition à Boulogne que s'il reprend en même temps Villeneuve Pet Food (VPF).
Mais quelque 50 salariés, représentants du personnel mais aussi de la direction de VPF, en procédure de sauvegarde depuis 2013, ont manifesté mardi matin devant le tribunal de commerce d'Agen, demandant que la justice valide une solution pour VPF indépendante de celle de Continentale Nutrition, un redressement judiciaire ouvrant la voie à un plan de continuation ou de cession.
Sébastien Plasteig, directeur-général de VPF, a qualifié le projet Alandia de "non-sens économique". Selon lui, "la notion de groupe dans les faits n'a jamais existé" depuis 2012. "Nous avons notre propre structure commerciale avec nos propres clients, notre propre structure d'achat avec nos propres fournisseurs et nous finançons de manière autonome notre cycle d'exploitation", a-t-il expliqué.
Le Crédit agricole "infléchit sa position"
Le plan de continuation d'activité d'Alandia pour redresser Continentale suppose l'apport de 22 à 23 millions d'euros, notamment pour moderniser les lignes de production et apurer le passif. Il prévoit un plan de sauvegarde de l'emploi qui passe par la suppression de 140 à 180 postes à Boulogne.
"On croise les doigts pour que tout ce dispositif fonctionne. Tout n'est pas perdu, mais on a une pensée pour ceux qui vont être licenciés", a déclaré à l'AFP Dominique Paquentin, secrétaire CFDT à Boulogne-sur-mer.
Le Crédit agricole, premier actionnaire financier de Continentale via sa filiale Sodica, avait été interpellé à plusieurs reprises par des salariés en colère, qui lui demandaient de contribuer au financement de ce plan, dans un premier temps sans succès.
La banque, qui avait "infléchi sa position" la semaine dernière, selon des sources concordantes, semble donc avoir donné son accord formel lundi soir. La banque s'est refusée à tout commentaire sur cet accord.