Huit membres de deux réseaux d'immigration clandestine ont été condamnés mercredi à Lille à des peines de prison allant de deux à sept ans ferme après une enquête de plus de trois ans, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.
"Il y avait huit personnes convoquées et les huit ont fait l'objet d'une condamnation par le tribunal correctionnel", a déclaré à l'AFP Me Olivier Cardon, qui défendait un Irakien, condamné à deux ans de prison après deux jours d'audience lundi et mardi. "Il y avait deux réseaux, le réseau afghan, qui a été découvert au départ, et le réseau kurde, qui "détenait" le parking de Téteghem (près de Dunkerque, dans le Nord) et qui agissait en sous-traitance du réseau afghan", a ajouté Me Cardon.
Le chef du réseau afghan, qui vivait en Grèce, a été condamné à sept ans de prison. "Il faisait des aller/retour fréquents entre la Grèce, l'Afghanistan et les pays européens. C'est un petit bonhomme à la voix fluette mais j'ai eu l'impression qu'il avait l'ascendant sur les autres prévenus", a indiqué l'avocat, dont le client, qui avait fait deux ans de détention provisoire, a été remis en liberté mercredi. "Ces gens sont souvent eux-mêmes des victimes dans leur pays. C'est l'abusé qui devient abuseur", a relevé Olivier Cardon.
Un Lituanien, chauffeur au sein du réseau kurde, a été condamné à quatre ans de prison, dont un avec sursis. En moyenne, les migrants devaient payer entre 5.000 et 10.000 euros pour aller le plus souvent en Angleterre ou en Suède. L'enquête, qui a commencé début 2010, "était bien faite. Eurojust (unité de coopération judiciaire pénale créée en 2002, dont l'objectif est de lutter contre toutes les formes de criminalité organisée au sein de l'Union européenne, ndlr) a fait une enquête très poussée sur le fonctionnement des comptes bancaires. C'est ce qui était intéressant dans ce dossier. Il y a aussi eu des écoutes téléphoniques qui ont duré un an et demi", a souligné Me Cardon, rappelant que les dossiers de passeurs étaient "assez fréquents".