Avec 33,6% des voix, la liste conduite dans le Nord-Ouest par la présidente du Front national Marine Le Pen, eurodéputée sortante, triple son score de 2009 (10,18%) et rafle la moitié des 10 sièges en jeu, un triomphe personnel qui vient parachever le succès national de son parti.
Dans le Nord/Pas-de-Calais et en Picardie où le FN est implanté depuis longtemps, comme dans les Haute- et Basse-Normandie où il était moins ancré mais où la crise économique s'est également aggravée, Mme Le Pen a réussi, comme elle l'ambitionnait, à "transformer l'essai" des municipales de mars
dernier.
Même à Lille !
La présidente du FN s'adjuge même une - courte - victoire à Lille, bastion de la socialiste Martine Aubry, avec 18,85% des voix, juste devant le PS.La liste FN, en dépit de ses progrès, n'arrive en revanche qu'en troisième position à Rouen (17,14%), derrière l'UMP et le PS, et en quatrième position à Caen, avec 13,65%, derrière l'UMP, le PS et EELV.
Dans la tourmente, l'UMP (18,75% contre 24,22% en 2009) parvient à conserver deux de ses quatre sièges. Bien qu'au centre de l'affaire Bygmalion qui secoue l'UMP, le directeur de cabinet de Jean-François Copé, Jérôme Lavrilleux, réussit à se faire élire pour la première fois, et Tokia Saïfi, eurodéputée sortante, se maintient.
Le PS, en ne récoltant qu'un maigre 11,78% (contre 18,09% en 2009), enregistre un nouveau camouflet dans ces quatre régions qu'il dirige pourtant, ne parvenant cette fois à sauver qu'un seul siège, celui d'un de ses deux députés sortants, Gilles Pargneaux.
Les autres partis sauvent difficilement les meubles: l'UDI-Modem Dominique Riquet (9,38%) garde le siège qu'il avait conquis sous l'étiquette UMP-Nouveau centre, et l'EELV Karima Delli, élue à la surprise générale en Ile-de-France en 2009, a réussi son parachutage en obtenant assez de voix pour garder le siège. En revanche, Jacky Hénin (Front de gauche) perd son siège.
"Claque historique"
Marine Le Pen enregistre un autre succès personnel en faisant un meilleur score que celui de son père Jean-Marie dans le Sud-Est, où il devrait dépasser les 28%, selon des estimations, ce qui confortera sa stature de leader. Steeve Briois, élu maire FN de Hénin-Beaumont il y a moins de deux mois, désormais nouveau député européen, pouvait triompher, en se réjouissant dans un communiqué de cette "claque historique" et de ce nouveau"vote sanction" infligé aux "partis du système". Il se félicitait d'autant plus du résultat que, dans sa commune, le FN a gagné avec plus de 53% des voix un résultat meilleur qu'aux municipales.
Plus généralement, la baisse de l'abstention par rapport aux élections européennes de 2009 dans des départements comme la Somme et le Pas-de-Calais, allant de pair avec un fort vote FN, semblerait signifier qu'un certain nombre d'électeurs ont répondu à l'appel de Mme Le Pen de faire entendre leur mécontentement vis-à-vis du gouvernement comme de l'Union européenne.
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