Suite à la décision de justice anglaise d'interdire l'arrivée à Douvres des bateaux de MyFerryLink - pour cause de non respect des lois de concurrence anglaises - près de 500 personnes, dont de nombreux élus, se sont rendus à Londres aujourd'hui.
Une délégation d'élus français s'est rendue mardi à Londres pour plaider la cause de la compagnie maritime MyFerryLink devant l'autorité britannique de la concurrence, qui doit prochainement décider si elle confirme l'interdiction à ses ferries d'accoster dans le port de Douvres. Environ 470 personnes, salariés de l'ex-SeaFrance et responsables politiques, avaient fait le déplacement depuis le nord de la France pour manifester devant l'Autorité de la concurrence et des marchés (CMA) britannique, qui a reçu une délégation d'élus pendant plus d'une heure.
"Je suis intervenue une vingtaine de minutes avec des arguments concernant d'abord la défense des 600 emplois", a expliqué à l'AFP Natacha Bouchart, la sénatrice-maire UMP de Calais, à l'issue de la réunion. "Il y a de la place pour trois compagnies sur le transmanche et la ligne Calais-Douvres ne fera qu'augmenter" en trafic, a-t-elle fait valoir.
La CMA avait confirmé en mai, dans une décision préliminaire, l'interdiction faite aux ferries MyFerryLink de naviguer depuis le port de Douvres, principal point d'entrée du trafic transmanche en Grande-Bretagne. Elle rendra son avis définitif mi-juin. Les ferries de MyFerryLink appartiennent à Eurotunnel mais sont exploités par une société coopérative de salariés (Scop) bâtie sur les ruines de feu le groupe public SeaFrance et qui emploie quelque 530 Français et 70 Britanniques.
"En montrant que (le concurrent danois) DFDS va au chantage et que MyFerryLink est capable de vivre seul et n'a pas d'autre ambition que de maintenir 600 emplois, je pense que les arguments ont porté", a estimé Mme Bouchart. "Nous avons reçu la délégation en provenance de Calais pour une audience cordiale et instructive. Nous sommes ravis d'avoir eu l'opportunité d'entendre le point de vue des élus de la région", a indiqué de son côté un porte-parole de la CMA. "Nous allons examiner attentivement les arguments qu'ils ont présentés, aux côtés de ceux des autres parties, avant de publier notre rapport final", a-t-il ajouté.
Qui en veut à MyFerryLink ?
"On a un doute sur l'indépendance de la commission", a déclaré Raphaël Doutrebente, directeur général adjoint de MyFerryLink, qui affirme notamment qu'un des auditeurs de la CMA a travaillé pendant plusieurs années pour un cabinet de conseil qui a pour client la compagnie rivale DFDS-Seaways.
M. Doutrebente estime par ailleurs que la commission britannique n'a pas tenu compte de l'évolution du marché du trafic transmanche, qui a connu selon lui "17% de croissance" en 2013 et cite un rapport des ports de Calais et Douvres qui "annonce une augmentation de 40% du trafic d'ici 2030".
Selon le responsable de la compagnie de ferries, la commission essaie de démontrer par tous les moyens que MyFerryLink "est à l'origine de pertes de marge chez DFDS".