Il ne devrait bientôt y avoir que 14 régions en France. Le Nord Pas-de-Calais va-t-il fusionner ou rester seul, comme l'a annoncé le président Hollande. La question ne semble pas définitivement tranchée. Les parlementaires vont donner leur avis dans les semaines qui viennent.
C'était une des surprises du projet présenté par François Hollande le 3 juin dernier, le Nord Pas-de-Calais est une des sept régions qui devrait rester "seule" à l'issue de la réforme territoriale. Pas de fusion avec la Picardie ou avec certains départements comme les Ardennes comme évoqué un temps.
Le conditionnel reste de mise car on ne peut encore affirmer avec certitude que cette carte sera le bonne. celle qui sera adoptée définitivement.
On devrait le savoir vite. Le gouvernement veut que la discussion parlementaire s'enclenche dans les jours qui viennent : "Le texte sera présenté le 18 juin en Conseil des ministres, il doit être soumis en première lecture au Sénat au mois de juillet", a déclaré Manuel Valls la semaine dernière. Le premier ministre a dit espérer que le projet de loi serait examiné à l'Assemblée nationale "quelques semaines après, pour qu'il puisse être adopté définitivement et promulgué avant la fin de l'année", les élections régionales et départementales ayant elles été repoussées à l'automne 2015.
Alors, les Sénateurs vont-ils tenter de modifier la carte ? Le Nord Pas-de-Calais va-t-il vraiment rester seul ? La Picardie peut-elle encore s'unir au Nord Pas-de-Calais ? Nous avons interrogé plusieurs sénateurs des deux régions.
Carte définitive ?
Catherine Génission, sénatrice PS du Pas-de-Calais estime que pour le Nord Pas-de-Calais, la carte proposée par le gouvernement est définitive. "Je suis d'ailleurs favorable à ce découpage comme une majorité d'élus du Nord Pas-de-Calais car, si la région ne sera pas un territoire très grand géographiquement, en termes de population, il pésera lourd, même si la question de l'autonomie fiscale de la Région reste posée. Pour le Nord Pas-de-Calais, c'est une reconnaissance de la région comme balcon de l'Europe, de son identité, de ses ports de Calais, Boulogne et Dunkerque et du travail de ses conseils généraux et régional. Il y a une cohérence politique et sociale dans le fait de laisser le Nord Pas-de-Calais tel quel. D'ailleurs, en l'état, avant passage au Sénat, la Picardie ne pourra pas être divisée, le Nord Pas-de-Calais ne peut donc pas, pour le moment, absorber la Somme et le nord de l'Aisne sans le reste de la Picardie."Jean-René Lecerf, sénateur UMP du Nord rétorque a contrario que "rien n'est définitif : la Picardie avec la Champagne-Ardennes, c'est aberrant, il y a unanimité contre cela. Je ne pense pas que l'idée d'un rapprochement entre le Nord Pas-de-Calais et la Picardie soit enterrée. Yves Rome, président du Conseil Général de l'Oise, penche pour l'Île de France mais à choisir entre le Nord Pas-de-Calais et la Champagne-Ardennes, il préfère le Nord Pas-de-Calais. Déjà en 1982, Pierre Mauroy était tenté par rapproché la Somme et l'Aisne du Nord Pas-de-Calais. Cela a été abandonné mais c'est une idée qui a vocation a être défendue par amendement au Sénat"
Le gouvernement a en effet annoncé annoncé qu'il n'autoriserait pas des départements à changer de région dans le cadre de la nouvelle carte régionale,
"Le droit d'option des départements n'a pas été retenu, parce que ça aurait ouvert des débats sans fin, chaque département aurait souhaité être rattaché à telle autre région, on n'allait plus en finir", a affirmé le secrétaire d'Etat à la Réforme territoriale, André Vallini.
Et les Picards, ils en pensent quoi ?
En Picardie, dans l'émission La Voix est Libre du 21 juin, si les trois présidents des Conseils Généraux, Yves Rome (Oise), Christian Manable (Somme) et Yves Daudigny (Aisne) ne se sont pas montrés contre la volonté de réformer, les trois ne s'entendaient pas sur la façon de faire.
Dans l'Oise, Yves Rome regrette que personne ne veuille de la Picardie et estime que Beauvais, comme Amiens d'ailleurs, se trouvent à 5 heures de train de Reims. Un contresens estime-t-il en substance. Une solution pour le président PS de l'Oise, "disperser, ventiler", en référence au célèbre film des Tontons Flingueurs, c'est à dire se tourner, seul, vers l'Île de France. Le conseil général de l'Oise a décidé de consulter par référendum ses habitants
sur le projet de rattachement de la Picardie à la Champagne-Ardenne, dans le cadre de la réforme territoriale. Cette consultation a démarré vers le 20 juin.
Yves Daudigny, sénateur et président PS du Conseil Général de l'Aisne, évoque, lui, la proximité géographique de son département avec la Champagne-Ardennes. Il estime que les Axonnais, d'autant plus facilement qu'ils sont situés à l'est du département, sont pour le projet gouvernemental en l'état.
Enfin Christian Manable (PS, Somme), lui ne se montre pas "pour" une séparation des départements de l'actuelle Picardie et affiche sa préférence au nord, vers le Pas-de-Calais et le Nord, pour des raisons culturelles, linguistiques et économiques.
Le Conseil régional de Picardie a adopté vendredi dernier en assemblée plénière, à l'unanimité, une motion contre la fusion avec la région Champagne-Ardenne dans le cadre de la réforme territoriale.
"Eviter une bruxellisation des régions"
Quant à Caroline Cayeux, sénatrice-maire UMP de Beauvais, elle espère également que la carte du projet gouvernemental n'est pas définitive... "Sinon à quoi servirait le parlement si nous n’avions d’autres choix que d’entériner la volonté gouvernementale ? Cependant, je constate la volonté du gouvernement d’aller vite et de ne pas prendre le temps de l’écoute et du dialogue. Pire, nous savons d’ores et déjà que le temps du débat parlementaire ne sera pas respecté. Le gouvernement a en effet choisi d’utiliser la procédure accélérée. Même si le maintien de deux lectures par chambre nous a été assuré, nous ne pourrons pas travailler dans la sérénité qui doit présider à un tel sujet."
Opposée à l'idée d'un rapprochement entre le Nord Pas-de-Calais et la Picardie Caroline Cayeux estime que "l’intérêt des Picardes et des Picards n’est pas de se retrouver noyés dans un ensemble de plus de 6 millions d’habitants avec Lille pour capitale", et interroge : "Quels points communs entre le sud de l’Oise et le Calaisis ? Quels liens entre le Pays d’Heuchin et le Pays de Bray ? Il faut une région à taille humaine, une région dans laquelle les habitants puissent se reconnaître, s’identifier. Il faut éviter une « Bruxellisation » des régions, c'est-à-dire le sentiment pour les citoyens d’un centre décision lointain, complexe et déconnecté de leurs attentes."
Sur la consultation des populations, Caroline Cayeux estime que sur un sujet comme celui-ci, qui "touche à l’organisation historique de notre pays, un référendum est indispensable. Le découpage que veut nous imposer le Président de la République ne correspond en rien aux attentes et aux besoins de nos habitants. Cette réforme doit se mener avec les populations et non contre elles.
"Si j’avais à choisir, la solution normande me semblerait la moins incohérente. Il y a des continuités territoriales, des liens et des partenariats naturels, mais aussi une façade maritime que l’on partage avec le département de la Somme."
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