L'autorité britannique de la concurrence a confirmé vendredi dans sa décision finale l'interdiction pour la compagnie de ferries MyFerryLink (ex-SeaFrance), qui loue ses bateaux à Eurotunnel, d'opérer depuis le port de Douvres.
"L'autorité de la concurrence et des marchés a confirmé sa décision selon laquelle Eurotunnel ne doit plus être autorisé à opérer le service de MyFerryLink depuis Douvres", a-t-elle indiqué dans un communiqué. "Eurotunnel aura six mois pour arrêter son service" ou devra trouver un repreneur pour les ferries de MyFerryLink, afin que la compagnie soit "complètement indépendante" de l'opérateur du tunnel sous la Manche, a-t-elle martelé.
MyFerryLink a immédiatement fait part de sa volonté de faire appel de cette décision qui met en jeu sa survie et l'emploi de ses quelque 600 salariés. "La décision d'appel étant rendue au plus tôt à la fin de l'année 2014, la compagnie maritime assure tous ses clients que ses navires continueront à opérer pendant toute la saison et bien au-delà", a expliqué MyFerryLink dans un communiqué.
La concurrence accuse des "pertes substantielles"
Pour l'autorité britannique, le "niveau actuel de concurrence sur la liaison (Douvres-Calais) n'est pas viable" et risque d'entraîner le retrait de l'une des deux autres compagnies (DFDS Seaways et P&O) desservant cette ligne qui accusent des "pertes substantielles", selon elle. Eurotunnel, "qui finance les pertes actuelles de MyFerryLink" se retrouverait donc à être "l'une des deux seules compagnies de ferries" sur cette ligne alors que le groupe exploite déjà "la ligne ferroviaire concurrente" dans le tunnel sous la Manche, estime l'autorité.Depuis l'acquisition des ferries de SeaFrance - loués à MyFerryLink, Scop créée par des anciens salariés de la compagnie en faillite - Eurotunnel dispose de "plus de la moitié du marché" des liaisons transmanche "et sa part augmenterait encore si des concurrents se retiraient", dénonce-t-elle encore. L'autorité britannique avait déjà interdit en juin 2013 à MyFerryLink d'opérer depuis Douvres avant que cette décision ne soit cassée en décembre par le tribunal
d'appel de la concurrence britannique. Mais l'autorité avait assuré en mars qu'elle disposait bien de la compétence juridique pour se prononcer sur l'acquisition par Eurotunnel des bateaux de l'ex-SeaFrance.