Le tribunal d'instance de Calais se prononcera jeudi après-midi sur la demande d'expulsion, examinée mardi, du plus grand squat de migrants de
Calais établi dans un ancien site de recyclage de métaux, et réclamée par son propriétaire qui met en avant la dangerosité des lieux.
Les juges du tribunal, saisi en référé d'heure à heure, sont allés mardi vers midi, à la demande de la défense, visiter l'ancienne usine occupée depuis le 12 juillet par une centaine de migrants qui souhaitent rejoindre la Grande-Bretagne, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Il s'agit d'un site industriel intégralement interdit au public", avait souligné auparavant lors de l'audience l'avocat du propriétaire, Me Jérôme Maudet, du barreau de Nantes. D'une superficie totale de 18.000 mètres carrés, le site, occupé à l'initiative de militants No Border notamment, était vacant depuis le départ en juin 2013 de la société de recyclage de métaux qui utilisait les lieux. Il n'a pas encore été dépollué, a souligné l'avocat.
Risque sanitaire ?
Le sol est gorgé de solvants et "des centaines de mètres cube d'hydrocarbures" sont contenus dans des cuves souterraines, a expliqué devant la presse le propriétaire des lieux, Fabien Vandamme, à l'issue de l'audience. "Je ne veux pas qu'à un drame humanitaire soit ajouté un empoisonnement collectif", a-t-il assuré.Il souhaite obtenir du tribunal la suppression du délai de deux mois obligatoire laissé aux occupants d'un squat pour obtempérer après la notification d'un avis d'expulsion. "Le risque sanitaire est extrêmement limité", a déclaré de son côté l'avocate de la défense, Me Marie-Hélène Calonne.
La cour dans laquelle était effectué le "dépiautage" des métaux n'est pas utilisée, a-t-elle expliqué, soulignant que les migrants n'occupent qu'une des deux cours du site et que le hangar avait été condamné.
"Une expulsion les mettrait dans une situation beaucoup plus délicate que celle qui est la leur aujourd'hui", a-t-elle affirmé. Ce squat a été ouvert à la suite de l'évacuation le 2 juillet par la police de 610 migrants installés sur le lieu de distribution des repas et dans trois squats de Calais. "Ils sont revenus et reviendront", a assuré Me Calonne.
Le nombre de migrants a fortement augmenté à Calais depuis le début de l'année. Au total, 7.414 personnes ont été arrêtées au cours des six
premiers mois de 2014 contre 3.129 durant la même période de 2013, selon la préfecture du Pas-de-Calais.
Mille à 1.200 migrants, venus principalement de l'est de l'Afrique, d'Afghanistan, de Syrie et de Libye, se trouvent actuellement dans la cité portuaire, selon les associations qui leur viennent en aide.