Dans certaines communes, la réforme des rythmes scolaires est une pilule qui a du mal à passer. Fronde des maires ou fronde des parents, on fait le point sur ces poches de résistance.
Presque partout, la mise en place de réforme des rythmes scolaires a été longue, complexe et contestée. Elle s'est mise en place, parfois en râlant, en dialoguant, en manifestant, en tentant de concilier des positions antagonistes. A certains endroits, elle a vraiment eu du mal à passer. A d'autres, ça a été plus facile. Il y aura des couacs, des réajustements et... de grosse différences selon les écoles : mercredi ou samedi matin, activités périscolaires le soir après la classe ou regroupées le vendredi après-midi, pause méridienne élargie... Chaque cas sera particulier, l'Académie de Lille affirme par exemple que 107 communes sur 1316 ne proposeront pas de garderie.
Mais dans certaines communes, on n'en est pas là et le combat continue, toujours d'actualité à quelques heures de la rentrée, après des mois de protestations...
Hautmont et Phalempin : les maires choisissent de se mettre hors-la-loi
Il n'en reste que deux. Deux maires qui refusent coûte que coûte d'appliquer le nouveau décret. Thierry Lazaro, maire UMP de Phalempin et Joël Wilmotte, maire UMP d'Hautmont. Dans ces deux communes, l'école devrait rester fermée le mercredi matin. Thierry Lazaro juge la réforme inutile ("Ce n'est pas cette loi qui aidera les enfants à savoir lire et compter") et surtout coûteuse : « À Phalempin, on estime que la mise en place de la réforme nous coûterait 72 000 € par an, si elle est appliquée a minima, disait-il en juin dernier. J’en veux beaucoup au ministre Peillon, qui porte bien son nom. C’est notre idée mais c’est vous qui payez. Alors qu’en même temps, l’État demande un effort aux collectivités pour le redressement des finances publiques. Je ne suis pas sûr que tout ça ait été amené de la meilleure façon… »A Hautmont, Joël Wimotte organisera une conférence de presse ce mardi pour expliquer sa position mais a toujours indiqué sa farouche opposition au décret : "Je suis personnellement convaincu qu'une réforme des rythmes scolaires est nécessaire dans notre pays, mais je suis également convaincu que la réforme issue du décret n'est en aucune manière la réforme dont nous avons besoin".
Que risquent ces communes ?
Les maires récalcitrants peuvent être condamnés à payer des amendes, voire à des peines de prison. "Le fait, par une personne dépositaire de l'autorité publique, agissant dans l'exercice de ses fonctions, de prendre des mesures destinées à faire échec à l'exécution de la loi est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende", stipule le code pénal.Les deux communes de Phalempin et Hautmont savent qu'elles se placent dans l'illégalité. Difficile de savoir si leurs maires seront vraiment poursuivis mais il y a fort à parier que l'Etat ne les laissera pas fronder sans réagir. "Un maire qui n'ouvrirait pas le mercredi alors qu'il doit y avoir classe, c'est aussi absurde qu'un maire qui n'ouvrirait pas une école le dimanche alors que c'est un jour de vote, avait affirmé l'ancien ministre de l'Education nationale Benoît Hamon. C'est parfaitement illégal, ils seraient condamnés comme tel." Dans La Voix du Nord, Thierry Lazaro ne se dit pas pourtant pas inquiet : « Comment être hors la loi alors que ce n’est pas une loi mais un décret ? » A suivre dans les prochains jours.
A noter qu'à Billy-Montigny, le maire communiste, Bruno Troni, s'oppose également à la réforme, mais a quand même -hors-délai-proposé d'ouvrir l'école le samedi matin. Mais comme sa proposition n'a pas été validée, l'académie lui demande d'ouvrir le mercredi matin. Lui refuse. Que va-t-il se passer ? Mais comme sa proposition a été envoyée hors délai, elle serait restée lettre morte. L’académie lui impose d’ouvrir le mercredi matin, mais lui assure qu’il laissera son école fermée ce jour-là. À suivre.
Merris, Bellaing, Trith Saint-léger... : la fronde des parents
« Les parents viendront mais pas les enfants », affirme un parent d'élève de Merris à propos de l'école le mercredi matin. Ce village des Flandres est l'un de ceux où les parents ont décidé de continuer à se mobiliser contre la réforme des rythmes scolaires. Bellaing, Neuf-Berquin ou Trith-saint-léger sont aussi dans ce cas. On ignore pour l'instant si ce mouvement d'humeur sera bien suivi. Si vous êtes dans une commune où le boycott s'organise, n'hésitez pas à nous le signaler sur france3nordpasdecalais@gmail.comD'une manière générale, partout, le mouvement des gilets jaunes, apparu au moment de la réforme, appelle au boycott.
Les nouveaux rythmes scolaires, généralisés cette année à toutes les écoles publiques, sont considérés comme "une mauvaise chose" par 60% des Français, selon un sondage CSA pour RTL dévoilé ce lundi 1er septembre.