Le maire de Calais, Natacha Bouchart (UMP), a menacé mardi de bloquer le port de la ville si les Britanniques ne faisaient pas "un geste fort" pour l'aider à répondre à la présence de centaines de migrants désireux de rallier l'Angleterre.
"Je peux prendre la décision de bloquer le port (...) Je peux engager des pressions", a déclaré Mme Bouchart à la presse à l'issue d'une rencontre à Paris avec le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. "Ce serait illégal", a-t-elle reconnu, "mais je veux aujourd'hui un geste fort des Britanniques."
La sénatrice a mis en cause la politique migratoire britannique qui, selon elle, fait que le Royaume-Uni est "considéré comme un eldorado" par les migrants. Elle a également reproché à Londres d'avoir des exigences en matière de sécurisation du port mais de ne pas participer suffisamment au financement du dispositif, qui coûte 10 millions d'euros par an selon elle.
"Pendant dix ans, il y a eu zéro geste du gouvernement britannique", a-t-elle accusé. "Aujourd'hui, il y a une urgence, donc on attend au minimum qu'ils nous disent qu'ils ont entendu le message, qu'ils viennent voir et qu'ils proposent au moins une compensation." Mme Bouchart a précisé qu'elle n'avait pas évoqué le blocage du port avec le ministre de l'Intérieur, consciente qu'il ne pourrait avaliser une telle mesure. "Mais je lui ai dit que j'attendais qu'il engage des négociations fortes avec les Britanniques."
J'invite les autorités britanniques à venir se rendre compte à #Calais de la situation que nous vivons quotidiennement !
— Natacha BOUCHART (@NatachaBouchart) 2 Septembre 2014
Bernard Cazeneuve, qui s'est rendu vendredi à Londres pour discuter de la situation à Calais, avait notamment demandé aux Britanniques de "participer
financièrement à la sécurisation du port", a commenté une source au ministère. "Il faut être ferme avec les Britanniques, mais il ne faut pas agiter des choses irréalistes", a ajouté cette source.
Ouverture prochaine d'un accueil de jour pour les migrants à Calais
Mme Bouchart et M. Cazeneuve ont par ailleurs confirmé leur accord sur l'ouverture prochaine d'un accueil de jour pour les migrants à Calais et d'hébergement de nuit pour les femmes et les enfants. Selon le maire, un centre aéré capable d'accueillir jusqu'à 1.400 enfants pourrait être rapidement mis à disposition par la ville pour fournir de l'aide alimentaire, des douches, des vestiaires et un accompagnement aux migrants. A condition, a-t-elle
dit, que l'Etat finance son fonctionnement. Ce centre pourrait aussi servir de dortoir en cas d'activation du plan grand froid, a estimé Mme Bouchart.
Entre 1.200 et 1.300 migrants sont présents à Calais, un chiffre qui a fortement augmenté avec une hausse des arrivées de clandestins en
Méditerranée. La plupart de ces migrants sont des Erythréens, Soudanais ou Somaliens qui cherchent à gagner l'Angleterre et ne veulent pas demander l'asile en France. En 1999, un centre géré par la Croix Rouge avait été ouvert à proximité, à Sangatte, et devait être provisoire. Mais il avait rapidement été en surcapacité, avec près de 2.000 personnes quelques semaines avant sa fermeture en septembre 2002, contre 800 prévues. Mme Bouchart plaidait pour la réouverture d'un tel centre mais Bernard Cazeneuve s'y était opposé pour éviter de créer un appel d'air.