Encadrement des loyers, relations avec les entreprises : la maire de Lille Martine Aubry est sortie une nouvelle fois mardi de la réserve qu'elle s'imposait depuis deux ans vis-à-vis du gouvernement socialiste.
Lors d'une première prise de parole, très critique, sur la réforme territoriale, le 18 juillet dernier à Paris, Mme Aubry avait indiqué qu'elle sortirait de son silence à la rentrée. Elle a tenu parole et s'est rappelée à l'attention des siens et de l'opinion, ce dans un contexte de fronde à l'égard des orientations de Valls 2, l'équipe gouvernementale formée après l'éviction de leurs ministères de deux poids lourds de l'aile gauche du PS, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon.
"L'encadrement des loyers, une nécessité absolue"
Après avoir longuement vanté mardi la préparation avec ses équipes des nouveaux rythmes scolaires, la maire de Lille s'est réjouie que le gouvernement ait décidé de rouvrir les classes aux enfants de deux ans, avant de se montrer plus caustique. Interrogée sur l'encadrement des loyers, l'ex Première secrétaire du PS s'est ainsi félicitée mardi que le Premier ministre Manuel Valls ait accepté, à sa demande, que sa ville et d'autres communes volontaires puissent, comme Paris, encadrer les loyers et que certaines se soient déjà manifestées."Je me réjouis que le Premier ministre nous ait donné l'opportunité d'appliquer la loi qui a été votée à l'unanimité de la gauche", a-t-elle déclaré avec une pointe d'ironie devant la presse, dans une première réaction à ce revirement du gouvernement, qui avait opté vendredi pour un encadrement expérimental des loyers dans la seule ville de Paris. "L'encadrement des loyers (...) dans ma ville, c'est une nécessité absolue", a affirmé Mme Aubry, alors qu'elle assistait à la rentrée des classes dans l'école maternelle Jean Bart, dans le sud de Lille.
"Sur les loyers, elle n'a pas dit que les mesures prises par le gouvernement sur le logement allaient dans le mauvais sens", a toutefois nuancé un responsable du PS, pour qui Mme Aubry a "souligné que Lille était partant pour le faire (encadrement) et sait elle-même que la loi (Alur) n'est pas détricotée et portait sur bien d'autres choses que l'encadrement des loyers".
Clin d'oeil et petite musique
Pour la maire de Lille il s'agit, selon ce responsable, d'"un petit clin d'oeil à Cécile Duflot". Interrogée mardi par un journaliste sur le "discours amoureux" de Manuel Valls envers l'entreprise, Mme Aubry, comme en écho aux propos du Premier ministre, ovationné à l'Université d'été du Medef le 27 août, a répondu qu'elle aussi aimait l'entreprise, si elle "investit sur l'avenir"."Moi, j'aime l'entreprise, j'y ai travaillé, contrairement à d'autres. J'ai été numéro 2 de chez Péchiney, qui était un grand groupe", a-t-elle lancé devant la
presse. Mme Aubry, qui répondait à une question sur l'attitude de M. Valls vis-à-vis du patronat, a tenu à ajouter: "J'aime l'entreprise, quand elle fait de l'entreprise, quand elle fait de l'économie, quand elle crée des richesses, quand elle investit sur l'avenir, quand elle fait de la recherche, quand elle forme
ses salariés. J'aime l'entreprise sous toutes ses composantes.". "Le Medef, qui a signé un pacte de responsabilité, j'aimerais qu'il apporte les contreparties qu'il a annoncées, parce que là aussi, nous sommes dans le respect des règles", a-t-elle ajouté.
"Formellement, dans ce que dit Martine Aubry sur l'entreprise, il n'y a pas de décalage avec ce qu'a pu dire le Premier ministre (devant le Medef)"
qui a appelé aussi, rappelle le responsable du PS, les entreprises à prendre leurs engagements et leurs responsabilités. "Il ne faut pas s'arrêter au +j'aime l'entreprise+ du Premier ministre".
"Martine Aubry, aujourd'hui, on verra demain, fait entendre une musique mais qui reste dans un espace extrêmement maîtrisé. Elle n'a pas la culture frondeuse. Elle portera la critique avec la volonté d'être utile", a estimé le responsable du PS.
Contrairement aux députés frondeurs du PS, dont certains proches d'elle, Mme Aubry, interrogée sur "l'orientation socio-libérale" du gouvernement ou sur le dernier remaniement, s'est refusée à tout commentaire et a alors mis fin à ses échanges avec la presse.